Le problème quand on est élu, c'est qu'on doit rendre des comptes. Parfois, pas tous le temps mais parfois quand même.
Jordan Bardella a cumulé nombre de mandats ou a été assistant parlementaire dans sa jeune vie de politicien. Pas besoin d'avoir trimé sang et eau pour justifier d'une retraite. Et surtout d'un train de vie confortable à 29 ans. Surtout quand on est Président du RN.
La durée de cotisation pour les salariés nés à partir de 1968 est désormais -comme tout le monde le sait- de 172 trimestres ou 43 annuités.
Le Président du RN n'aura pas cette peine à subir. Il a été assistant parlementaire en CDD de 6 mois en 2015 (1200 euros nets par mois).
Il a ensuite été élu conseiller régional après ce contrat (en 2015) pendant 8 ans et 8 mois (2600 euros nets) réélu en 2021. Hors frais généraux.
Il est député européen depuis 2019 et réélu en 2024 soit 5 ans et deux mois (7776 euros nets). À cela s'ajoute des indemnités de frais généraux pour un montant de 4950 euros et une indemnité forfaitaire par jour de 338 euros.
Il cumule donc le mandat de Conseiller Régional et de député européen et pour cette raison il cotise deux fois. Ce qui est une anomalie dans le droit français du Travail mais dérogatoire au titre d'accords bilatéraux entre le Parlement Européen et les états souverains. C'est donc dérogatoire en France...mais peut-être pas ailleurs.
Si Jordan Bardella cotise deux fois, c'est que des institutions nationales et transnationales le permettent. Ceci étant dit, cela est valable pour tous les élus quelque soit leur étiquette. Mais là où le bas blesse, c'est que le RN se prévaut d'une posture anti-système qui l'autorise à exclure de la société ceux qui profitent de ces mêmes institutions au motif que c'est la collectivité nationale qui paye la note. Un comble pour un type qui ignore probablement qu'un salarié lambda ne peut toucher deux retraites simultanément. La récente réforme des retraites autorise sous certaines conditions le cumul emploi-retraite ce qui n'est pas la même chose.
Article 14
1. À l'âge de soixante-trois ans révolus, les anciens députés ont droit à une pension d'ancienneté.
2. La pension d'ancienneté s'élève pour chaque année complète d'exercice du mandat à 3,5 % de l'indemnité visée à l'article 10 et pour chaque mois complet supplémentaire à un douzième, sans toutefois dépasser au total 70 %.
3. Le droit à la pension d'ancienneté existe indépendamment de toute autre pension.
Article 15
1. En cas d'invalidité survenant en cours de mandat, les députés ont droit à une pension.
2. L'article 14, paragraphe 2, s'applique mutatis mutandis. Le montant de la pension s'élève cependant à au moins 35 % de l'indemnité visée à l'article 10.
3. Ce droit à pension prend naissance avec la cessation du mandat.
Pour le dire simplement, si un député européen n'obtient qu'un seul mandat il pourra néanmoins en bénéficier dès l'age de 63 ans. Elle correspond à 3,5 % de leur indemnité pour chaque année de mandat complète, plus un douzième de cette somme pour chaque mois complet supplémentaire, sans pouvoir dépasser 70 %. Les fonds proviennent du budget de l’Union. (soit à peu près 3380 euros de pensions)
En plus de son mandat de Conseiller Régional qui lui est adossé à l'IRCANTEC.
L'article de Libération paru ce jour pointe du doigt une autre facette du RN. Les emplois fictifs.
Entre les emplois fictifs et le cumul des mandats (et des retraites), les élus RN participent au système qu'ils dénoncent eux-mêmes.
C'est donc une mise en abime à la fois de la Ve République et des Institutions Européennes qui nous est posée. Ce n'est certainement pas avec Barnier que cette mascarade cessera.
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/ALL/?uri=CELEX:32005Q0684
https://data.iledefrance.fr/explore/dataset/assiduite-des-elus/information/?disjunctive.semestre&sort=-absences_justifiees
https://www.retraite.com/retraite-par-metier/retraite-fonctionnaire-publique/elus-locaux.html