À 8 mois des J.O de Paris, la RATP n'hésite pas à bafouer les règles de base du Code du Travail et des droits des salariés à prendre leurs congés annuels.
Les lecteurs de Mediapart savent fort bien que tout salarié à droit à 2,5 jours de congés par mois pour obtenir ses 5 semaines annuelles. Ce qui correspond à 30 jours. Or Jean Casteix, le PDG de la RATP vient de prendre une décision inique : diminuer le "nombre de places offertes" pendant la période estivale de Juillet à Août 2024. En gros, vous serez moins nombreux à partir l'été prochain mais vous le ferez pour la gloire.
Chacun sait, qu'un train, un métro, un bus, un tramway à besoin qui un machiniste, un conducteur ou un mécanicien (dans la terminologie SNCF pour ce dernier). Pendant les périodes estivales classiques (c'est à dire sans évènements sportifs ou culturels nécessitant un plus grand nombre de dispositifs de transports pour absorber un surplus de voyageurs), le nombre de personnes transportées en Ile de France mais aussi dans les autres grandes agglomération (comme Lyon, Toulouse, Lille etc.), est toujours inférieur à la normale. On passe (par exemple) pour la seule ligne A du RER parisien d'1 Millions voyageurs jours à 6 ou 700 000 jours. Mais en dépit de cette baisse de fréquentation, chacun est en droit de se poser une question fondamentale : qui conduit mon train (ou mon bus, ou mon métro) ? Est-ce un homme tronc moitié robot moitié sous homme ? Ou une femme ou un homme avec une vie de famille et des enfants ? Tiens on les avait oublié eux !
Or avec les JO, une idée vient de germer dans les têtes d'ampoules de la RATP, d'IDF mobilités de la Ville de Paris et surtout au sein du Comité Directeur de ces J.O où siègent ces brillants bons à rien que sont Tony Estanguet et ses casseroles, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo (à elles deux à peine 6% aux dernières élections présidentielles), l’inénarrable Bernard Thibaut (qui a garanti la continuité du service public donc l'absence de grève pendant ces JO...merci patron), Guy Forget et ses comptes bancaires en Suisse, Geoffroy Roux de Bézieux (ex MEDEF), Michel Cymès (le grand ordonnateur du lobby paramédical et médiatique), j'en passe et des plus rigolos...la liste est trop longue : les agents de la RATP se passeront de vacances et iront transporter tous ces clampins pendant l'été. Vive les vacances.
Nonobstant le fait que ces J.O sont majoritairement impopulaires, ils prolongent cette tendance arbitraire et injuste qui consiste à dénier à une partie de la population ses droits élémentaires en termes sociaux et économiques. Nous sommes en plein dedans avec la récente Loi Immigration qui va précariser une partie de la population d'origine étrangère ou ayant le malheur d'être issue de parents d'origine métèque ou indéfinie. C'est pourquoi ils seront promptement effacés du merveilleux paysage Olympique pour ne pas gâcher l'ambiance.
Enfin, comme le droit de grève sera sérieusement compromis pendant cette période, on peut remercier d'avance la Commission Européenne d'avoir enfreint la souveraineté sociale de chaque pays (voir le livre vert ici
livre vert vieillissement) en proposant le nivellement des régimes de retraites en Europe à 70 ans pour tout le monde. À n'en pas douter ces J.O s'annoncent comme une vitrine sociale de l'ordo-libéralisme où d'un côté des athlètes innocents, apolitiques et apôtre de la bienveillance, seront les ambassadeurs de cette mascarade et de l'autre des fainéants dont il serait grand temps de supprimer leurs maigres conquêtes sociales au bénéfice de ce barnum inutile.
La voie est ouverte à une économie fascisante : c'est grâce à elle que l'extrême droite a tranquillement fait son chemin. En tapinois.
L'échec de la séquence sociale visant à combattre la réforme des retraites trouve son point d'orgue dans l'absence totale de lutte à l'encontre de ces J.O qui seront la vitrine d'une France repliée, rabougrie et dont les dirigeants auront tôt fait de faire taire les ultimes révoltés.
C'est pourquoi ces J.O doivent être un échec et une désorganisation totale en matière de transport, le dernier et ultime levier pour prouver que les combats se mènent toujours jusqu'à la dernière seconde. Rien n'est encore perdu.