La proposition de loi n° 284 présentée par le RN visant à abroger la réforme des retraites ne passera pas. Le PS ne votera pas cette proposition de loi.
La répartition dans l'hémicycle se faisant de la façon suivante :
RN : 122 députés
LFI : 70 députés
Les Verts : 38 députés
Groupe Gauche Démocrate et Républicaine : 17 députés
Total : 247 députés.
Le PS qui ne votera donc pas, c'est 62 députés...ite missa est.
Ce faisant, quelques explications sont nécessaires.
D'un côté le PS, refuse de mêler ses voix avec celles du RN. C'est une petite imposture très confortable. Les électeurs de gauche se sont mobilisés aux dernières élections législatives pour d'une part soutenir le programme du Nouveau Front Populaire dont un des points précisait [l'abrogation] immédiat des décrets d’application de la réforme d’Emmanuel Macron passant l’âge de départ à la retraite à 64 ans, ainsi que les réformes de l’assurance-chômage. C'était sans ambiguïté concernant l'abrogation en tant que telle. Car nulle part n'était indiqué l'âge souhaité par le NFP, ni le nombre d'annuités. En revanche était indiqué le relèvement du taux de cotisation de 0,25% par an pendant 5 ans.
Concernant les facteurs de pénibilité supprimés par Emmanuel Macron, aucun engagement sur le rétablissement des régimes spéciaux. Les facteurs de pénibilités étant une mesure ou plutôt un serpent de mer introduit dès 95 par la CFDT, Juppé puis plus tard par Fillon (à deux reprises), par la "première" tentative de réforme de Macron par sa réforme par points. Et plus globalement par les socialistes favorables à une suppression des régimes spéciaux au profit d'une usine à gaz typique du réformisme de gauche.
Le projet de loi n°284 présenté par le RN introduit une "taxe" qui ne dit pas son nom afin de financer (de façon transitoire ?? nul ne le sait) la période de transition : " un gage financier pour l’ensemble de ces mesures" (dixit l'article 3).
Les deux premiers articles admettant implicitement pour ce qui est de l'âge de départ et le nombre d'annuités, l'acceptation et le renoncement des droits pour d'une part la génération de 1955 (il suffit de faire un rapide calcul) pour l'âge de départ et d'autre part la génération de 1961 pour ce qui est du nombre d'annuités (idem pour le calcul).
Pour autant l'abrogation en tant que telle est une défaite pour Macron. Il est inutile de tourner autour du pot. D'autant que la gauche ne verra jamais (par le biais d'une niche parlementaire) son propre projet de loi voté par 288 députés pourtant certainement plus défendable et argumenté.
Le diable se cache dans les détails : le second tour des législatives a vu 3 à 4 Millions d'électeurs de gauche sommés de voter pour un candidat de droite pour faire barrage...Les députés macronistes et de droite (tout autant bienveillants avec le RN sinon hypocritement favorables à leur idéologie xénophobe et raciste) bénéficiant de ce report de voix sont tous favorables à la réforme des retraites.
La conclusion de cette mascarade, c'est la confirmation de cette réforme et la défaite certaine pour les travailleurs.
Combattre cette réforme et le RN est parfaitement compatible. C'est justement en se présentant comme les derniers remparts face au facho-libéralisme par des postures intenables qu'une partie des représentants de la gauche se défient de l'électorat populaire. Celui-ci se détournera des partis de gauche porteurs légitimement des progrès sociaux faute de voir des perspectives sociales se concrétiser par lassitude et résignation. L'allongement de la durée de cotisation et le relèvement de l'age à 64 ans c'est ne l'oublions pas pour une grande partie des salariés une aliénation du travail lorsqu'il est sous payé, discriminant, dur et sous qualifié. Nonobstant le fait qu'il abaissera l'espérance de vie des cotisants.
Cette résignation est la marque des perdants.