Le 5 décembre 2019, plusieurs préavis de grève auront déjà été déposés dans les transports, pour certains reconductibles. À cet égard il convient de préciser que le dépôt de ces préavis l'a été sous la pression des salariés eux-mêmes dont la défiance envers les organisations syndicales s'est traduit aux derniers scrutins professionnels par un taux de participation très faible à la RATP par exemple (45 % pour les représentants de salariés nouvelle formule et 23 % pour l'élection des représentants de salariés au Conseil d'Administration !). C'est donc bien un saut dans l'inconnu que s'apprêtent à effectuer les organisations syndicales car elles savent parfaitement qu'en 2019 les agents sont tout aussi aptes intellectuellement (!) à analyser une situation sociale globale et à en tirer les conclusions qui s'imposent : ils vont subir de plein fouet, la réforme des retraites et ne devront compter que sur leur libre arbitre et leur propre force pour combattre cette réforme et imposer aux organisations syndicales et aux forces politiques de gauche un nouveau rapport de force. D'autant qu'à la SNCF, à EDF ou à la RATP le taux de syndicalisation était plutôt au dessus de la moyenne nationale. Mais les choses changent. Il conviendrait également d'observer attentivement le conflit en cours aux centres de maintenance de la SNCF.
Il est inutile de la part des corps intermédiaires de s'imaginer un instant s'affranchir de ce tsunami social qui arrive pour éviter une déroute et signer une reddition en rase campagne avec Macron et les "jean foutre" de ce gouvernement. La démarche de quelques "personnalités" issues des Gilets Jaunes visant à ouvrir le débat des retraites à tous et non plus aux seuls "partenaires sociaux" (terme désormais honnis dans le monde du travail) est intéressante et pertinente. La "convergence des luttes" est un élément de langage qui n'a aucun sens car il suppose plusieurs d'origine et un seul point d'arrivée, ce qui ne sera pas le cas. Car ils y aura plusieurs points d'arrivés. Donc cette initiative comme tout ce qui va se créer sur l'instant sera inédit.
Nous en sommes aujourd'hui à une volonté de la part du monde du travail, des précaires, des exclus brefs des perdants du "ruissellement" tant annoncés de briser ce carcan institutionnel (emploi, retraite, éducation, santé, justice, police) pour en fonder un nouveau.
C'est dans ce contexte que vont se dérouler les futurs journées de grèves de décembre prochain. L'implosion des organisations syndicales qui ont vue des sections entières rendre leurs cartes dans certains secteurs du publiques est la démonstration d'une totale émancipation à l'égard des partis comme des syndicats.
C'est un danger pour eux mais aussi une menace pour le pouvoir...