Dans sa petite ville du New Jersey, Patricia Dombrowski, aka Killa P., aka Patti Cake$ (Danielle Macdonald), 23 ans, rêve de devenir chanteuse de rap. Patti Cake$ promettait d’être un 8 Mile (2002) au féminin feel-good. L’intention de Jasper de s’affranchir de l’image miséreuse et violente souvent associée à la working class américaine, et, plus particulièrement, aux white trashes, les américains blancs prolétaires, se ressent dans son film.
Agrandissement : Illustration 1
Le réalisateur parle de ses intentions concernant son premier long-métrage dans une interview pour Télérama : « Je voulais raconter mon amour pour les filles fortes de l’Etat du New Jersey, au milieu desquelles j’ai grandi. Mais aussi mon amour pour le hip-hop. Récemment, je suis devenu père et j’ai quitté le New Jersey. C’était le bon moment pour revenir sur une période de ma vie où je ressemblais à l’héroïne de mon film. A 23 ans, j’habitais chez mes parents, je me sentais nul et je ne savais pas quoi faire de mon existence. »[1]. Ce film à dimension autobiographique partait de bonnes intentions et d’idées intéressantes, malheureusement, le scénario est assez bancal avec un enchaînement de situations qui ne prend pas, la construction des personnages, et de leurs relations, manque de profondeur et de crédibilité. Inexpérience du réalisateur ou trop grande volonté de sa part pour coller à une certaine esthétique, un certain format, Sundance ?
Toujours dans la même interview pour Télérama, Geremy Jasper déclare à propos de The Wrestler (2008) de Darren Aronofsky : « C’est le film qui m’a le plus bouleversé et qui a eu une influence capitale sur Patti Cake$. Un film américain aussi cru, tourné dans le New Jersey, tellement authentique, émouvant… ». Cependant, il est très difficile d’offrir aux spectateurs des œuvres cinématographiques du niveau de celles de Aronofsky, aussi poignantes que The Wrestler ou Requiem for a Dream (2000), avec des héros incarnés par des acteurs qui ont l’aura de Mickey Rourke ou d’Evan Rachel Wood. Même si Danielle Macdonald possède une présence incontestable à l’écran et que le problème vient probablement plutôt de l’élaboration de son personnage et de la direction d’acteur…
Il ne reste qu’à espérer que Jasper parviendra à acquérir de l’expérience en tant que réalisateur de long-métrage en trouvant et en peaufinant son propre style pour réaliser des films futurs dans lesquels ses idées seront mieux exploitées.
Erica Farges
[1] Entretien avec Geremy Jasper par Jérémie Couston publié sur la page Web de Télérama le 26/05/2017