L’Amant d’un jour est un film intemporel avec un récit ancré dans l’époque actuelle. Lorsque son fiancé la quitte, Jeanne (Esther Garrel) s’installe chez son père, Gilles (Éric Caravaca), un professeur d’université en philosophie. En arrivant chez lui elle fait la connaissance de sa nouvelle compagne, Ariane (Louise Chevillote), une élève de Gilles qui a l’âge de Jeanne. L’arrivé de Jeanne dans le quotidien du couple va être un élément déclencheur.
Le réalisateur, Philippe Garrel, aurait pu faire le choix de nous raconter l’histoire d’une fille qui refuse la relation amoureuse de son père avec une jeune femme qui pourrait être sa fille. Le récit va cependant prendre une tournure beaucoup plus originale, une vraie complicité s’installe assez rapidement entre Jeanne et Ariane, une complicité assez forte pour reléguer Gilles au second plan de ce film, pour que les interrogations des filles en deviennent le sujet central. Les deux protagonistes féminines sont complémentaires dans leurs façons différentes d’aborder l’amour et la vie. La spontanéité et la passion d’Ariane vont faire Jeanne vivre par procuration, le romantisme de Jeanne apportera de la douceur au quotidien d’Ariane. Elles vont devenir complices au point d’être capables de garder des secrets entre elles, de conclure un pacte. La relation des deux jeunes femmes est plutôt celle de deux amies, presque deux sœurs, que celle d’une belle-mère avec sa belle-fille. La cohabitation entre les personnages ressemble plus à une colloc’ entre amis qu’à une famille recomposée, le père de la fille devient l’amant de l’amie.
L’Amant d’un jour est un film qui questionne la notion d’amour à travers la perception personnelle de ses personnages, mise en valeur par la mise en scène épurée, les gros plans sur les visages et la délicatesse de l’image Cinémascope en noir et blanc. Les scènes s’enchaînent, simplement et naturellement, racontées par une voix off, relatant de manière fugitive les situations que vivent les personnages, révélant la fragilité de l’instant présent. Les promesses que l’on se fait ne sont pas forcément tenues, les déceptions se succèdent et passent, les notions d’amour, de désir, de fidélité sont subjectives… Le film parvient à rendre à la fois témoins et complices de ces situations. Il rappelle également le caractère éphémère de certains sentiments et relations malgré leur force émotionnelle.
Erica Farges
Billet de blog 12 juin 2017
«L’Amant d’un jour»: Une parenthèse amoureuse
Film de Philippe Garrel présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du festival de Cannes 2017, il a remporté le Prix SACD.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.