Joe (Joaquin Phoenix), un vétéran tourmenté, est engagé par le sénateur Votto (Alex Manette) pour sauver sa fille, Nina (Ekaterina Samsonov), d’un réseau pédophile. A Beautiful Day se situe quelque part entre le thriller et le film de vengeance.
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Annoncé par son affiche comme étant le « Taxi Driver du 21ème siècle » (terme à la base utilisé par une journaliste du Times pour qualifier ce film et repris pour sa promotion), A Beautiful Day se repose tellement sur des références à de grandes œuvres cinématographiques, pas seulement à Taxi Driver, mais aussi au cinéma de Hitchcock et à La Nuit du chasseur (The Night of the Hunter) réalisé par Laughton, et sur son image, notamment avec une esthétisation de la violence vaine et excessive, qu’il en oublie de se construire un fond propre, une aura personnelle. Il en résulte un film vide, qui ne transmet rien, sans impact. Taxi Driver, par exemple, reposait surtout sur la construction, voir sur la transformation, psychique et physique de son protagoniste. Ceci est absent dans A Beautiful Day, qui se contente de présenter la violence sourde d’un protagoniste dont l’instinct meurtrier est vaguement expliqué par un syndrome de stress post-traumatique à coups de flash-backs censés rythmer le film. Comme si enchaîner des plans impressionnants et choquants pouvaient suffire à faire un film prenant…
Le vécu du protagoniste qui devrait porter le film ne se met jamais vraiment en place, son détachement avec la réalité ne parvient pas à acquérir une crédibilité. Ceci est très surprenant de la part de Lynne Ramsay qui avait su provoquer le malaise en représentant de manière stupéfiante la construction d’une personnalité psychopathologique dans We Need to Talk about Kevin (2011). Dans son dernier film, le talent de la réalisatrice semble être englouti par les références et l’esthétisation de l’image. La promesse du film d’immerger dans l’horreur de la ville et de l’esprit du personnage apparaît à certains moments du film, pour vite s’estomper, sans jamais devenir effective. Au final, les portraits sociaux et psychologiques qui devraient s’élaborer dans A Beautiful Day ne se dessinent pas.
Les tentatives de créer une tension et un mystère en allongeant les séquences sont un échec, car rien ne permet de rentrer en empathie avec les personnages et de se plonger dans le récit filmique, la tension et le suspens laissent ainsi place à la lourdeur et à l’ennui.
Erica Farges