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Billet de blog 14 juillet 2017

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« Song to Song » : une introspection musicale illusoire

Le nouveau film de Terrence Malick porte à l’écran deux couples, deux histoires d’amour, dans l’univers de la scène musicale d’Austin au Texas.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La scène rock d’Austin, un casting prestigieux avec plusieurs figures musicales emblématiques, une bande-annonce alléchante… Song to Song s’annonçait comme un film très prometteur. Cependant, c’est plutôt la déception qui est au rendez-vous.

Si certaines séquences du film en elles-mêmes donnent de magnifiques clips, le film dans son ensemble semble avoir du mal à trouver un rythme et convaincre.

Certes, Terrence Malick souhaite échapper aux codes du cinéma commercial en se positionnant dans une démarche de réalisation plutôt expérimentale, mais les dispositifs qu’il a mis en place dans Song to Song ne prennent pas vraiment. L’introspection des personnages qu’il propose à travers une certaine esthétique de l’apesanteur et des voix-off, la « narration décentrée », ces voix-off en décalage par rapport aux images et au récit présentés à l’écran, n’est pas vraiment efficace. Malick échoue à révéler des images et à élaborer des discours suffisamment forts et pertinents pour permettre une vraie immersion dans son film.

L’aspect le plus intéressant du film est peut-être qu’il incite à se questionner sur les choix qu’a fait le réalisateur. Pourquoi avoir choisi un tel discours pour les personnages ? Pourquoi avoir représenté l’univers musical de telle manière ? Pourquoi ne pas avoir montré des situations avec plus d’impact ou avec un enchaînement différent ? Dans quelle mesure les représentations que Song to Song dévoile ont-elles une dimension poétique et introspective ?

Song to Song laisse un certain sentiment de frustration, la frustration de constater que le film avait tout pour être un film original et envoûtant, mais qu’il finit par se détourner de ce chemin par la manière dont il utilise les éléments qu’il a à sa disposition. Et surtout, la frustration de voir une aussi belle idée, un film expérimental sur la scène musicale d’Austin mêlant documentaire et fiction avec une dimension poétique, finalement gâchée.

Erica Farges         

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