Un soir, alors que le Docteur Nariman (Amir Aghaee), un médecin légiste, conduit sa voiture, il renverse une famille en scooter. Suite à cet accident, il dédommage la famille et insiste pour que le fils, Amir, légèrement blessé soit conduit à l’hôpital. Deux jours plus tard, il voit le corps sans vie du petit garçon à l’institut médico-légale où il travaille. Le rapport d’autopsie conclut à une intoxication alimentaire, ce qui enlève toute responsabilité du Docteur Nariman dans la mort du petit garçon. Cependant, Nariman ne parvient pas à accepter cette version des faits qui paraît pourtant être à son avantage.

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Le film se construit justement sur le rapport de l’être humain au paraître et aux apparences, sur les imprécisions, les indéterminations, les incertitudes qu’ils masquent. Le titre original du film, Bedoune Tarikh, Bedoune Emza, qui pourrait être traduit par « je ne connais pas la date, je ne connais pas la signature », est à cet égard beaucoup plus représentatif que son titre français. Cas de conscience se termine d’ailleurs sur une question orale sans réponse, symbolique de toutes les interrogations que le film laisse.
Dans Cas de conscience, rien n’est sûr et certain, tout noir ou tout blanc. Les rôles de victimes, coupables et juges, sont remis en question par leur déconstruction dans une société où, malgré une importante oppression apparente, les femmes sont les éléments forts, capables d’une solide réflexion et d’assumer pleinement leurs opinions. Même une procédure scientifique telle qu’une autopsie se révèle être imprécise et les institutions incapables d’accomplir les fonctions qui leur sont attribuées. Pourtant ces apparences trompeuses régissent les croyances, et donc les comportements, des personnages.
C’est dans ce contexte que le Docteur Nariman tente de concilier son instinct de protection et le courage d’affronter sa conscience. Même si le récit filmique épouse la plupart du temps le point de vue du Docteur Nariman, les autres personnages sont visiblement confrontés à des dilemmes similaires. Ces personnages ont du mal à se mettre à la place d’autrui, mais paradoxalement ils reflètent leurs incertitudes personnelles entre eux. Cette situation semble être à l’origine d’une grande souffrance collective.
La responsabilité civile et ce qu’elle implique personnellement pour les individus sont au cœur du film. Malgré un côté un peu austère, Cas de conscience propose une réflexion très intéressante en montrant comment se met en place ce dilemme universel dans la société iranienne.
Erica Farges