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Billet de blog 19 août 2017

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« Djam » : la musique au-delà des frontières

Avec Djam, Tony Gatlif explore les frontières entre l’Orient et l’Occident à travers le regard de Djam (Daphné Patakia), qui donne son nom au film. Un film sur le voyage, les frontières et l’exil, porté par l’élément le plus précieux aux yeux du réalisateur : la musique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Djam vit avec son oncle, Kakourgos (Simon Abkarian), sur l’île paradisiaque de Lesbos ravagée par la crise. L’oncle de Djam l’envoie à Istanbul afin de récupérer une pièce rare pour réparer leur bateau, ce qui pourrait faire repartir leur affaire. Pendant son voyage, elle croise Avril (Maryne Cayon), une jeune française qui dit venir de la banlieue parisienne. Cette dernière a été abandonnée par son petit ami avec lequel elle était venue pour aider bénévolement les réfugiés syriens, il l’a laissée en lui volant au passage son argent, ses papiers et ses vêtements. Avril finit par s’incruster dans le périple de Djam, elles feront le chemin de retour vers l’île de Lesbos ensemble.

Illustration 1

Tony Gatlif a su montrer de manière stupéfiante le voyage, l’exode, les paysages et les frontières, des thèmes qui sont récurrents dans les films du réalisateur. Certains plans de la mer grecque sont tout simplement superbes. Gatlif parvient à capter l’ambiguïté des lieux, comme pour l’île de Lesbos avec ses paysages de rêve dans lesquels les difficultés et tensions engendrées par la crise économique sont palpables ou pour le no man’s land entre l’Orient et l’Occident. Il faut également mentionner la présence d’une magnifique musique traditionnelle dans le film.

Cependant, Djam a pour défaut de présenter des personnages assez grossiers, à la limite de la caricature. Certes, Gatlif se plaît à montrer dans ses films des personnages dures pour lesquels la vie n’a pas fait de cadeaux dans des environnements brutes et difficiles. Mais est-ce une raison pour basculer dans la vulgarité, voir dans la grossièreté gratuite ? Le réalisateur semble penser qu’une jeune femme impétueuse et libérée est nécessairement une grande gueule qui parle de sa « chatte » (et aime aussi la montrer par la même occasion) toutes les cinq minutes, au point de donner lieu à certaines scènes totalement déplacées, comme celle où Djam force carrément Avril à lui raser le maillot, par exemple. Si la plupart des musiques traditionnelles présentes dans le film sont sublimes, les moments où Djam se met soudainement à danser et chanter frisent le ridicule.

Au final, Tony Gatlif semble plus doué pour saisir l’âme des lieux que celle des personnes…  

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