Le gaspillage alimentaire n’est plus seulement une crise écologique ou morale : c’est un défi juridique, sanitaire, social, diplomatique et géopolitique.
À l’heure où le changement climatique, l’insécurité alimentaire et les tensions internationales s’intensifient, la lutte contre le gaspillage apparaît comme un levier de transformation mondiale, au croisement de trois champs essentiels : le droit, la santé intégrative et la diplomatie parallèle.
Ce constat, l’un des premiers à l’avoir posé en Europe est Arash Derambarsh, juriste, docteur en droit, adjoint au maire de Courbevoie, initiateur de la loi française du 3 février 2016 contre le gaspillage alimentaire. Son travail universitaire — notamment sa thèse de droit « The issues and legal controversies of food waste from antiquity to the present day »apporte les bases théoriques et historiques d’un combat désormais mondial.
I) Un problème ancien, une urgence contemporaine : le gaspillage alimentaire à l’épreuve du droit
Arash Derambarsh rappelle que dans l’Antiquité, le gaspillage symbolisait l’abondance ;
au Moyen Âge, il était considéré comme un péché moral.
Aujourd’hui, il est devenu une absurdité structurelle : près de 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont perdues ou jetées chaque année selon la FAO.
C’est pourquoi, explique Arash Derambarsh, « le gaspillage doit être repensé comme une question de droit et non plus seulement de vertu individuelle ».
2025 : un tournant juridique majeur en Europe
L’Union européenne adopte une version révisée de la directive-cadre sur les déchets, avec pour la première fois des obligations légales contraignantes :
- –10 % dans le secteur de la transformation et de la fabrication (comparaison 2021-2023)
- –30 % par habitant dans les commerces, restaurants, services de restauration et ménages)
La directive entrée en vigueur le 16 octobre 2025 confirme cette dynamique
(https://environment.ec.europa.eu/news/revised-waste-framework-directive-enters-force-2025-10-16_en?utm).
Le droit comme levier moral
Arash Derambarsh insiste : « Le droit transforme une prise de conscience morale en obligations effectives. ». La directive européenne impose par exemple aux entreprises de faciliter le don des invendus comestibles, via des conventions formelles. Ce qui était autrefois une initiative isolée devient une norme structurante.
II) Résistances, coûts, défis : une transition parfois douloureuse
Comme le rappelle Arash Derambarsh dans sa thèse, cette transformation n’est pas sans tensions. Tri, logistique, transport, sécurité alimentaire : les entreprises redoutent les coûts.
Un supermarché doit organiser des tournées de collecte des invendus ; un restaurateur doit signer des conventions ; des règles strictes s’appliquent…
La question posée par Arash Derambarsh dès 2016 en France demeure :
Comment concilier rentabilité économique et responsabilité éthique ?
Pourtant les résultats sont réels :
Courbevoie : un modèle international
Grâce à l’action menée dans sa ville, plus de 500 000 repas ont été sauvés depuis 2020.
(https://www.ville-courbevoie.fr/10-8360/toutes-les-actualites/fiche/comment-la-ville-de-courbevoie-est-devenue-un-leader-mondial-dans-la-lutte-contre-le-gaspillage-alimentaire.htm)
Ce modèle prouve qu’une municipalité peut influencer l’Europe — un exemple parfait de diplomatie locale.
Une pétition historique
Sa pétition européenne pour rendre obligatoire le don des invendus dans tous les pays de l’UE dépasse aujourd’hui 1,6 million de signatures :
https://www.change.org/p/mettons-fin-au-gaspillagealimentaire-en-europe-stopfoodwaste
C’est de la diplomatie citoyenne à l’état pur
III) Innovations et traçabilité : le droit stimule l’intelligence collective
La directive européenne encourage :
- La coopération entre acteurs,
- Les innovations logistiques,
- Les outils numériques de partage,
- La traçabilité,
- Des programmes éducatifs nationaux.
Des plateformes permettent déjà de déclarer automatiquement les invendus aux associations.
L’objectif : faire de la lutte contre le gaspillage un écosystème structuré, et non un ensemble de gestes isolés.
IV) Justice alimentaire : quand le droit protège les plus vulnérables
Arash Derambarsh démontre que le gaspillage alimentaire crée une double injustice :
- Écologique (gaspillage de ressources, émission de gaz à effet de serre),
- Sociale (des millions de personnes souffrent de faim alors que des aliments parfaitement consommables sont détruits).
Le droit peut réparer cette fracture.
La France interdit désormais de rendre impropres à la vente des denrées comestibles ; elle impose des conventions de don à certains distributeurs.
Au niveau européen, les États doivent s’assurer que les opérateurs économiques « ayant un rôle significatif » facilitent les dons alimentaires.
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V) La santé intégrative : pourquoi le gaspillage alimentaire touche au cœur du bien-être global
La santé intégrative est une approche holistique : elle relie la santé physique, mentale, sociale, environnementale et culturelle.
Santé physique
Une meilleure redistribution :
- Réduit la malnutrition,
- Améliore la qualité alimentaire,
- Diminue le recours à des produits industriels.
Santé mentale
La précarité alimentaire est un facteur majeur d’angoisse. Limiter le gaspillage et redistribuer apaise :
- La honte,
- Le stress,
- L’insécurité.
Santé sociale
Chaque convention de don crée un lien :
restaurants → associations → écoles → citoyens.
Le gaspillage devient un levier de cohésion sociale.
Santé environnementale
Le gaspillage produit 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Limiter ce gaspillage, c’est protéger la biosphère, donc la santé humaine.
Santé culturelle
Réapprendre à valoriser les restes — comme en Scandinavie avec les restes party — permet de réhabiliter une culture du respect alimentaire.
La lutte contre le gaspillage alimentaire incarne parfaitement la santé intégrative : elle répare simultanément le corps, l’esprit, la société et l’environnement.
VI) Diplomatie parallèle : quand la lutte contre le gaspillage devient un outil de paix
La diplomatie parallèle (ou Track II diplomacy) désigne les initiatives de dialogue et de coopération menées en dehors des gouvernements : ONG, municipalités, scientifiques, associations, acteurs culturels, réseaux locaux, citoyens.
La nourriture est un outil de stabilité sociale et politique
Réduire le gaspillage et redistribuer :
- Diminue la pauvreté,
- Réduit les tensions,
- Limite la radicalisation,
- Stabilise les périphéries urbaines.
C’est une prévention des conflits.
Les villes deviennent des acteurs diplomatiques
Courbevoie en est l’exemple : un modèle local qui inspire d’autres municipalités européennes. C’est la diplomatie des villes, un pilier de la diplomatie parallèle.
La société civile influence les institutions
La pétition européenne d’Arash Derambarsh en est la preuve : les citoyens créent une pression politique transnationale.
Un terrain diplomatique neutre
Le gaspillage n’est pas idéologique. C’est un espace où États, ONG, universités et citoyens peuvent collaborer sans tensions géopolitiques.
La coopération alimentaire crée de la confiance
Les projets de redistribution transfrontaliers ou inter associatifs créent des ponts. L’alimentation devient un vecteur de dialogue, un soft power humanitaire.
VII : Le droit, la santé et la diplomatie — trois leviers pour transformer le monde
L’œuvre d’Arash Derambarsh, les directives européennes de 2025, la mobilisation citoyenne et les innovations locales montrent que la lutte contre le gaspillage alimentaire n’est pas un combat isolé. C’est :
- Un levier juridique majeur,
- Un outil de santé intégrative essentiel,
- Une arme de diplomatie parallèle pour prévenir les tensions, renforcer la solidarité et stabiliser les sociétés.
Réduire le gaspillage alimentaire, c’est :
- Exercer une justice sociale,
- Protéger le climat,
- Renforcer la paix sociale,
- Créer des coopérations internationales,
- Soigner nos sociétés.
Dans un monde fragmenté, la nourriture n’est pas seulement un besoin : elle est un langage commun, un lien universel, un outil de paix.
Si le combat d'Arash Derambarsh pour la planète vous intéresse :