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Billet de blog 19 mai 2008

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Au centre des convoitises…

...ou comment le centre se cherche un espace ? Telle semble être la question que se posent nombre d'entre nous depuis l'explosion de l'UDF en minuscules chapelles et sa victoire idéologique sur le "bonapartisme". Avec une question subsidiaire : le centre est-il soluble dans le sarkozysme ?

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...ou comment le centre se cherche un espace ? Telle semble être la question que se posent nombre d'entre nous depuis l'explosion de l'UDF en minuscules chapelles et sa victoire idéologique sur le "bonapartisme". Avec une question subsidiaire : le centre est-il soluble dans le sarkozysme ?

Solide, comme Solidaire, Libéral et Démocrate. C’est, semble-t-il, le nom choisi par les responsables du Nouveau Centre. Vous savez, ce parti né au lendemain de la décision de François Bayrou de ne pas voter Nicolas Sarkozy. Le Nouveau Centre, ou Solide, c’est un peu l’UDF d’antan. Les leaders en moins. D’où cette ambition affichée de se dire Solide, histoire de masquer ses points de faiblesse, à commencer par l’idéologie*.
Eh oui, chers lecteurs, j’ai écrit le mot tabou : idéologie. Il fleure bon les années passées, celles où l’on croyait en quelque chose de grand, où l’on voulait changer le monde. Il est temps que ce mot revienne au centre. Et que la politique redevienne synonyme d’espoir.
Je me souviens de mes premiers pas à l’UDF giscardienne. J’avais 15 ans. C’était juste avant le 10 mai 1981. Nous nous définitions comme libéraux, sociaux, décentralisateurs et européen. Une véritable ligne directrice politique, que le sociologue René Rémond, dans “Les droites en France“, qualifiait de courant “Orléaniste”, par opposition aux “Bonapartistes”, plus conservateurs, illustrés par le RPR.
Qu’en est-il de ces courants aujourd’hui ? Les idées, l’idéologie, de l’UDF giscardienne ont progressivement été adoptées par la quasi totalité de la droite, Nicolas Sarkozy se chargeant d’en faire une synthèse ébouriffante ces 5 dernières années. C’est pourquoi, d’ailleurs, la majeure partie des giscardiens historiques se sont reconnus dans la plateforme de l’UMP.

Dans un monde politique qui tend à la bipolarisation sans s’en donner les moyens, je crois que le centre a toute sa place à jouer. En effet, face à un Parti Socialiste qui préfère la chasse au présidentiable à la reconstruction d’un socle idéologique social-démocrate, moderne et tourné vers l’avenir, et une UMP qui hésite entre être le fer de lance de la réforme et être un vassal marquée au fer du sarkozysme, l’espace du “oui mais” est de nouveau ouvert. D’autant que les courants et le débat d’idée ne semblent pas marquer culturellement l’UMP d’aujourd’hui…
“Oui mais”, comme l’expression de Giscard en 1959. Alliés oui, muets non. Républicains et indépendants ! Nicolas Sarkozy, comme tous les politiques, ne comprends que le rapport de force. Mais le Nouveau Centre aura-t-il le courage d’assumer son histoire ? Car l’indépendance ne se décrète pas, elle se prouve. Le “oui, mais” est aujourd’hui plus du côté d’une Rama Yade, d’un Bernard Kouchner ou d’un Christian Estrosi, même si je ne suis pas dupe des postures tactiques.

La force en politique, ce n’est pas forcément d’avoir “la plus grosse”. Pardonnez-moi cette expression triviale, mais elle est parlante. “Le Centre, combien de bataillons ?” serait-on tentés de dire. Mais la force ne se mesure pas qu’en nombre. Elle se mesure aussi en termes d’idées et de stratégie. S’il est vrai que le succès en politique repose plus sur le charisme que sur la pertinence des projets, Nicolas Sarkozy a aussi remis les idées au centre du combat politique. Au risque d’ailleurs, à force d’emprunter dans tous les sens, de ne plus s’y retrouver après… Mais c’est là une autre histoire !
Avant de pouvoir l’ouvrir à bon escient, il faut donc que le centre (re)trouve ce socle idéologique qui, aujourd’hui, lui fait défaut. Nos idées ont imprimé la droite, tant mieux. Qu’avons-nous alors à offrir de différent, de nouveau ? J’ai beau chercher, je ne trouve rien de frappant sur le marché. L’anti-sarkozysme de l’un, tout occupé à sa guerre de mouvement, l’anti-bayroutisme de l’autre. Bref, rien de neuf, petites guéguerres sans grand intérêt. Il y a mieux à faire.
Pour être franc et tempérer mon propos, le discours prononcé hier à Nîmes par le président du Nouveau Centre, l’actuel ministre de la Défense, est un bon début de socle idéologique. En tous les cas meilleur que l’onglet “Nos idées” sur son site ! Il mériterait maintenant de méditer la phrase de René Char : “Agir en primitif et prévoir en stratège”. Le primitif étant celui qui a totalement intégré son idéologie. Elle en est son moteur et son carburant.

J’employais il y a quelques lignes le mot réforme. Observons de manière dépassionnée le septennat de VGE. Sous son impulsion, d’importantes réformes législatives ont modifié la société en profondeur : divorce par consentement mutuel, légalisation de l’avortement, abaissement de l’âge légal de majorité de 21 à 18 ans, loi informatique et libertés, création du Système Monétaire Européen et du Conseil Européen, renforcement des pouvoirs du Parlement Européen, lancement du TGV, déploiement d’une politique énergétique fondée sur le nucléaire civil…
Cette volonté de réformer est aujourd’hui portée par Nicolas Sarkozy.
On a souvent comparé le Centre (forcément mou !) aux indécis, façon 4è République, un coup à gauche, un coup à droite. L’histoire a pourtant démontré que les centristes, lorsqu’ils disposaient d’un leader et d’un socle idéologique, étaient tout sauf des hommes de paille. Et que la victoire de leurs idées et/ou de leur champion pouvait être au rendez-vous.
L’actuel balancier induit par François Bayrou ressemble fort aux démons décrits par les plus farouches adversaires du centrisme. Un coup à droite, un coup à gauche. Soit disant en fonction des programmes, en réalité en fonction des hommes, donc des intérêts à court terme. Les siens compris. Les siens d’abord. Je me souviens d’un ex-maire de Lyon qui parlait d’élections et d’âmes…
Non, je crois que le mouvement de balancier doit se faire pour trouver un équilibre. Equilibre ne rimant pas, en l’espèce, avec immobilisme. L’équilibre entre le libéralisme à tous crins et l’attention portée à l’individu, l’équilibre entre une mondialisation qui échappe à tous et la construction d’un monde multipolaire dans lequel la Francophonie a un rôle décisif à jouer, la réforme juste et non juste la réforme…
Je crois que c’est Charles Millon qui m’avait raconté la parabole de l’arbre. Un homme plante au fond de son jardin deux arbres côte-à-côte. Mais l’un pousse plus vite que l’autre. Il existe alors deux attitudes. Soit on coupe celui qui pousse le plus vite, soit on aide le plus faible à pousser. Deux attitudes qui conditionnent un engagement politique. “Le notre consiste à aider le plus faible, car le plus fort est souvent au cœur du pouvoir. C’est ça le rôle d’un politique, à fortiori de droite, car nous devons placer l’homme et non la collectivité au cœur du projet.” Je ne renie rien de cet engagement, bien au contraire… Mais aujourd’hui, force est de constater que le centre, s’il a un rôle d’aiguillon de la réforme à jouer (oui, mais !), ne pique pas plus qu’un moucheron. Faute d’une véritable ligne idéologique, de leaders charismatiques et, il faut bien le dire, de courage (ou d’indépendance !). Et un simple nom, si solide soit-il, ne pourra masquer ces deux insuffisances de poids.

* Idéologie (du grec idea, idée, et logos, science) est un ensemble d’idées, de pensées philosophiques, sociales, politiques, morales, religieuses, propre à un groupe, à une classe sociale ou à une époque. C’est un système d’idées, d’opinions et de croyances qui forme une doctrine pouvant influencer les comportements individuels ou collectifs.
Une autre façon de définir le terme idéologie est d’y voir une doctrine politique qui propose un système unique et cohérent de représentation et d’explication du monde qui est accepté sans réflexion critique.
Pour moi, le terme idéologie regroupe des fondamentaux, un ensemble de principes qui guident une politique et non pas un ensemble fermé, sans réflexion critique.

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