Je n’ai pas de visage social, je ne ressemble à aucun des porte-paroles qui passent devant moi, et vous ne me voyez pas.
Je n’ai pas de combat ni revendication, et vous me dites irresponsable.
Je voudrais vous dire que je n’ai pas peur, mais vous le prendriez pour un affront.
Je voudrais être d’accord avec certains que vous réprouvez, mais vous me fustigeriez.
Je voudrais ne pas aimer certains que vous plébiscitez, mais vous me suspecteriez.
Je voudrais ne pas m’enthousiasmer pour vos débats, mais vous m’accuseriez de trahison.
Je voudrais… ne pas être jugé.
Et j’aurais voulu mettre un e à ce dernier mot, mais vous en auriez fait un slogan.
Il suffirait d’ailleurs d’un mot de ma part, d’une image ou d’un cri, et je deviendrais idôle, portée aux nues (ho)mériques.
Je suis votre voisine, celle que vous saluez sans savoir à quel point vous pourriez la trouver dangereuse.
Cherchant leur propre reflet, arrogance et certitudes s’arrêtent aux premiers discours de ceux qu’elles jaugent dans leur rétroviseur. Car forcément en avance et irradiées de missions universelles, elles ne peuvent compromettre leur rendement tant ces 2 inextinguibles qualités sont de celles qui changent le monde et font les empereurs.
Ne me jugez plus.