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L’improbable performance managériale promue pour une certaine humanité
L’axiomatique de l’indigence postule que, dans certains écosystèmes, la défaillance est promue comme ressource de dépendance et celle-ci sert de verrou, pour entretenir, de manière invariante, l’auto-aliénation et l’errance de certains collectifs. Au cœur de ce prisme géostratégique, dédié aux espaces considérés comme shitholiens, microcosme de groupes anthropologiques interdits de tous droits véritables, exploités comme des cobayes pour des projets à double standard, un certain modèle économique, assure, en ces lieux déchus de toute humanité par l’Occident blanc, chrétien et droit de l’hommiste, la régulation de l’existence par le biais d’un certain modèle décisionnel, porté et assumé par des élites répondant à un certain profil cognitif et humain.
La rencontre locale opportune, dans un contexte mondial d’abrutissement massif et d’encanaillement généralisé, entre des êtres humainement déracinés et d’autres êtres déshumanisés, crée un Sous-Système humain que nous nommons l’Indigence, puisqu’il mobilise les fondamentaux de la guerre cognitive et tue toute apprenance. En outre, parce qu’il fait éloge du paradoxe de la défaillance performante, ce sous-système renvoie des échos des mondes ténébreux, témoins des âges féodaux et esclavagistes où le modèle économique s’oppose à toute intelligence pour mieux annihiler toute volonté de révolte chez les sujets ainsi déshumanisés. Parce que leur structure est insaisissable pour ceux qui sont insignifiants, insouciants, indifférents ou inconscients, ces espaces shitholiens sont largement incompris. En conséquence, les défaillances auxquels ils donnent lieu sont perçus comme des errances politiques, pour lesquelles on mobilise, paradoxalement, ceux-là mêmes qui en vivent et en profitent. D’où les bugs anthropologiques assurant la floraison de paradoxes éloquents.
L’intranquille volonté de transmettre
Dans une intranquille activité de cognition, mêlée de provocation et de subversion, nous avons cartographié les variables de cette structure indigente. Et comme ce qui est incompris et insaisissable par une grande majorité n’est pas moins intelligible, nous nous proposons de vulgariser ses propriétés et son mode de fonctionnement, pour idéalement permettre un apprentissage qui puisse être utile aux collectifs concernés ; notamment le collectif élu d’Haïti auquel j’appartiens, et sur lequel s’expérimentent les mécanismes d’un véritable impensé anthropologique dont les initiales IA rappellent étrangement, mais non hasardeusement, celles de l’intelligence artificielle.
Il n’y a aucune arrogance dans notre prétention à éclairer les contours de ce qui est obscur pour la majorité et aussi pour la grande majorité de la minorité diplômée et doctorée. C’est par profonde insignifiance que certains voient une certaine arrogance qui conteste leur propre intelligence. Ces insignifiants anoblis oublient que l’intelligence n’est pas une ressource qui se répartit selon un jeu à somme nulle. Dans toute structure problématique, résistante au changement, il y a des variables cachées qui participent des processus mentaux de ceux qui tentent de résoudre ces problèmes, alors que par leur rôle dans la structure, ils sont sinon générateurs, du moins partie prenante de ces problèmes. Dès lors, comme le postule la pensée systémique, pour maitriser la complexité en ces lieux, il faut une remise en cause des modèles mentaux. Mais pas que, puisqu’il faut aussi changer d’outils pour en fabriquer de nouveaux capables de rendre compte de la complexité du réel invariant sans le mutiler, sans le simplifier. C’est pourquoi, les systémiciens privilégient le langage graphique qui peut mieux mettre à contribution des ressources transversales et mobiliser, dans une discipline à fonder, et que nous nommons provisoirement, et TIPÉDAMMENT, la géométrie des processus et des données, des éléments de topologie, de psychologie, de technologies de l’information pour appréhender un réel quantique que les sciences sociales ne peuvent plus objectiver avec leurs outils traditionnels.
Notre arrogance, pour peu que c’en soit une, est donc systémiquement fondée. Et la vulgarisation prochaine des premiers tomes de l’axiomatique de l’indigence devait achever de prouver l’insignifiance de la majorité des réseaux académiques, culturels et intellectuels haitiens. Cela dit, rappelons que toute problématique systémiquement dimensionnée peut devenir une bonne histoire et offrir des perspectives d'innovation pour s'extraire de l'invariance en cherchant, dans les mille motifs qui dessinent des structures en fractale infinie, la brèche pour éclairer la résurgence vers un possible humain.
Car, dans tout ce qui agonise, il y a un motif enfoui qui rythme le clair-obscur entre la mort et la vie, l’innovation et la stagnation, l’apprenance et l’indigence ; il suffit d’en extraire le motif vital pour reconstituer la structure et lui insuffler de nouvelles bouffées de vie. Mais pour extraire ce motif, il faut le courage de creuser sous les strates. Or ces strates hébergent en surface des succès précaires qui doivent être protégées. Voilà pourquoi seule la pensée non précaire et non subventionnée peut aller au bout de la vérité. Pour penser de manière systémique, Il faut ne pas avoir peur de se mettre en danger. Il faut ne pas avoir peur de s'indigner contre les réussites précaires, c’est une exigence de l'intelligence éthique. Car, la vraie réussite devait fonctionner comme une assurance contre les risques de défaillance et d’invariance. Elle devait comme un parachute nous permettre de traverser les moments de turbulence sans nous dénaturer et sans renier nos valeurs.
Toute réussite qui nécessite de s’accommoder des médiocrités, de la corruption et de la criminalité est une source de déshumanisation. Comme nous l‘avons maintes fois dit, l’avenir appartient à ceux et celles dont la conscience, intranquille face à l’indigence, pousse à forger des mots d’intelligence pour les opposer aux maux qui entretiennent les défaillances. L’écriture de l’opprimé doit s’armer de transgression et de provocation pour briser les impostures qui entretiennent sa déshumanisation. Il est des vies intranquilles et sacrifiées dont le destin est de se mettre en spectacle pour permettre au monde d'apprendre. Chaque cri d’aigreur que l'indigence leur arrache se transforme en une douce et agile intention de générer des rétroactions engageantes, ulcérées mais régénératrices.
Le prisme stratégique du modèle d’affaires
C’est cette intranquillité qui nous a poussé vers la pensée systémique comme la rencontre heureuse entre une vie professionnelle tumultueuse, curieuse, « aigrie envers les médiocres à succès, car victime et insatisfaite de l’indigence qu’ils font régner » et une trajectoire d’engagement PoÉthique et authentique. Et c’est là qu’il nous est apparu que l’enchevêtrement du collectif haïtien dans l'indigence n'est pas hasardeux. Comme l’indique notre illustration, c'est un prisme stratégique qui structure un modèle d'affaires promu comme modèle de réussite. Au cœur de ce prisme se trouve un modèle décisionnel poubelle qui est renforcé par des nœuds invariants : des élites déracinées, médiocres et insignifiantes, des processus organisationnels opaques, non contextuellement dimensionnés et non congruents, un collectif insouciant, résilient, impuissant et déshumanisé. Voilà le motif que nous avons extrait de plus de 25 années d’expérience professionnelle partagée entre l’enseignement des mathématiques et de l’informatique et les technologies de l’information dédiées à la prise de décision.
C’est l’exercice consciencieux de notre métier de consultant en systèmes d’information d’aide à la décision qi nous a permis de localiser le moteur processuel de l’indigence. Évidemment, si nous étions insouciants et insignifiants, nous nous serions contentés de notre statut, de nos accointances pour assurer notre carrière auprès des fabricants d’impostures. Mais nous avons préféré aller au DÉFI pour débusquer et épingler les faussaires et les insignifiants. C’est le moment de rendre hommage à Leslie J-R. Péan qui a été l’un des premiers, l’un des rares à comprendre le sens profond de notre provocation et conséquemment a été aussi l’un des plus fidèles à nous encourager à entretenir cette défiance cognitivement et éthiquement salutaire. Là encore, ce n’est pas hasardeux, pour ce qu’il m’a été donné de lire de sa production, son œuvre sur l’économie de la corruption porte l’empreinte d’un vibrant souffle éthique. Au contraire de l’indigence qui s’imbrique et se structure par des processus opaques et déformants, l’intelligence se reconnait et s’imbrique par des processus transparents et engageants ; certes, de façon moins fréquente que l’indigence, car l’indigence attire davantage par son contrôle sur les ressources. Voilà qui explique si peu de solidarité avec la pensée systémique qui est précisons-le une pensée résolument critique et profondément éthique. J’ai eu la chance de croiser la route d’un petit nombre de passeurs de dignité à qui je dédierai bien entendu toute cette méta cognition.
C’est donc par cette double dimension, critique et éthique, que la pensée systémique permet de saisir ce qui est inaccessible et permet de l'illustrer par des perspectives géométriques intelligibles. Comme des fractales qui se déploient au travers de motifs se réinventant à l'infini, l'axiomatique TIPEDANTE modélise le réel haïtien à coup de géométrie de données et de cartes conceptuelles pour illustrer les processus et les acteurs de l'invariance. Car on ne peut agir sur les structures qu’au travers des processus et par l’intermédiaire de leurs pilotes qui sont avant tout des acteurs sociaux jouant un ou plusieurs rôle (s) dans les structures sociales. C’est la nature de ces rôles déterminants dans les processus de décision que cachent les processus des boites noires pour invisibiliser la responsabilité des acteurs dans le modèle qui sert de système de mesure.
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Le modèle économique d'un pays est le motif structurant de son devenir, car c'est lui qui permet d'allouer les ressources à ce qui est conforme à la vision stratégique des décideurs, de dimensionner la réussite et de récompenser les talents. En Haïti, le modèle économique est gangstérisé et repose sur le profit, les armes et la célébration des réussites précaires. Entre les acteurs économiques (contrebandiers), politiques (gangs) et académiques (insignifiants et portefaix anoblis), il y a un système de mesure qui mobilise une expertise poubelle. C'est le modèle décisionnel de la poubelle (Garbage Can) qui fait le lien entre les trois piliers (économique, politique, académique) structurant de la société haïtienne. Qui ne se rappelle pas des déclarations scandaleuses d’un ancien président de la chambre de commerce haïtiano-américaine (HAMCHAM) en 2015 lors de l’impasse électorale « yon grenn soulye », pour reprendre l’infâme et l’innommable Evans Paul ? Ce haut responsable avait assumé dans les micros de Magic 100.9 qu’il était venu le temps pour Haïti d’accepter la logique des mauvais arrangements plutôt que de rechercher la qualité et la justice. Même le populaire chroniqueur économique Kesner Pharel, d’habitude complaisant et tolérant, dans son magasine économique avec ces « bâtisseurs économiques », comme il les appelle, était choqué par de tels propos tenus par un si haut représentant des affaires.
Pourtant M. Pharel refusera d’admettre que tout le modèle économique haïtien repose sur un modèle assimilable au vol, au rapt, à la corruption, à l'escroquerie, à la malice et la criminalité. Essayons de dénombrer le nombre d’entrepreneurs haitiens arrêtés pour trafic de drogue de 1986 à 2022. Évidemment, la presse haïtienne ne parle que « Ti Je » et de « Ti la pli ». Certains, dont Valéry Numa de Vision 2000, avaient même refusé de citer le nom de Clifford Brandt quand celui-ci a été arrêté en 2012 pour appartenance « au plus grand réseau de kidnappeurs de la caraïbe » pour reprendre les mots de Réginald Delva, en charge de la sécurité publique du pays à cette époque. Les gangs de rue ne font que reproduire avec les armes qui leur ont été données le modèle d’affaires qui est célébré comme réussite par tout le pays. C'est ce même modèle que pratiquent les lettrés avec leurs titres, leurs diplômes et leurs accointances locales et/ou étrangères.
Voilà le modèle systémique, basé sur la topologie cognitive (déformation mentale et impostures culturelles), révélé par l’axiomatique de l’indigence : les postures sont des impostures, elles varient selon les opportunités d'affaires. Dans les ONG, dans les médias, dans les Universités, dans les entreprises privées, dans les cabinets d'expertise des socioprofessionnels, etc… on ne fait qu'appliquer cette même loi, celle de l'errance quantique : chacun mise sur sa malice et ses accointances, en se dépouillant de toute dignité, de toute responsabilité, pour construire un succès minimal insignifiant qui permettra à sa famille d'échapper à la précarité ambiante. Le modèle décisionnel haïtien est orienté par un GPS erratique : Gang, Pouvoir et Succès. Pour comprendre cette réalité, il faut apprendre à ne pas regarder l’enfumage académique et les impostures militantes. Cessez de regarder les costumes des entrepreneurs, les diplômes des experts, cessez d'écouter les slogans pour le changement ; cherchez, dans les postures professionnelles, les courbures qui s’adaptent aux processus opaques pour réussir. C'est là où se situe le modèle économique que se trouve le centre vital du système.
Un modèle décisionnel est dit poubelle si sa mise en œuvre sert à accomplir des choses considérées comme insignifiantes, juste pour répondre à des exigences normatives, sans souci de performance, sans exigence de qualité, donnant ainsi lieu à des activités situées à la limite de la légalité et sans recours à l’éthique. En Haïti les organisations prennent des décisions connues d’avance. Dans toutes les agences internationales, il y a des boites de solutions toutes faites qui attendent des problèmes pour être mises en œuvre. Et pour performer , ces agences en viennent à créer des problèmes.
L’écosystème poubelle
Grace aux outils de mon métier TIPÉDANT, je peux prouver que l’errance du leadership politique, qui conduit la stratégie de la gouvernance haïtienne, est le résultat d’un vaste impensé culturel, puisqu’il est in fine inscrit dans les codes mémoriels rattachés au système symbolique national. C’est du reste pourquoi je défends l'idée que l'action politique, si elle n'est pas soutenue par des acteurs PoÉthiquement conscientisés, sera toujours défaillante. Pour cause, dans un pays disposant d’un réseau symbolique et culturel qui revendique le succès, l’action politique devait reposer sur un processus décisionnel dimensionné par des infrastructures éthiquement et méthodologiquement orientées vers des finalités collectives. C’est ce que traduit en tout cas l’heureuse formulation de Francis Bacon : « scientia est potentia » ; lisez, « savoir, c’est pouvoir ». Ce que l’on peut traduire aussi par : c’est parce que l’on sait que l’on peut.
Il semble se dégager de cette équation une injonction contraignante pour l’exercice de toute responsabilité, de toute autorité, de toute fonction de prise de décision. Si bien qu’on puisse oser dire que l’exercice du pouvoir, dans ses dimensions de prise de décision, ne saurait s’exercer sans contraintes, sans boussole, sans responsabilité, sans imputabilité, sans exemplarité et sans l’assumation de grandes vertus. C’est sans doute pour faire vivre cette injonction que Simone Weil a écrit : “L'obéissance à un homme dont l'autorité n'est pas illuminée de légitimité, c'est un cauchemar.” évidemment, la légitimité ne saurait être ici réduite à un mandat politique, même quand il serait obtenu dans des conditions électorales pleinement satisfaisantes.
Ainsi, nous problématisons le processus de la décision, tel qu’il est exercé en Haïti, comme étant le siège des défaillances faisant errer la gouvernance stratégique nationale et maintenant le pays dans ce climat invariant d’instabilité, où l’état d’urgence est quasi généralisé. Faut-il rappeler qu’en raison de la plasticité neuronale, le cerveau a la capacité de remodeler ses connexions en fonction de l'environnement et des expériences qui apportent satisfaction à l’individu. Ainsi, s’inscrire en permanence dans l’urgence par des bricolages cognitifs (futilité) induit un aveuglément qui fait perdre le sens des priorités (insignifiance), des valeurs (médiocrités) et de ce qui est essentiel (superficialité). C’est sans doute pourquoi, sous l’éclairage de la théorie de la vitre brisée (Wilson, Kelling, 1997), on incite les collectifs à rester vigilants et prompts à sévir contre les comportements inadéquats de leurs membres les plus influents. Car la moindre insignifiance tolérée, la moindre négligence installée dans les comportements finissent par s’imposer comme climat culturel dominant.
Tous ces postulats nous ont conduit à penser qu’il existe des écosystèmes humainement défaillants, maintenus, par impensé, en permanent état d’urgence, pour fructifier un certain modèle paradoxal de succès : le bug de la défaillance performante. Dans ces écosystèmes, le savoir n’apporte pas son questionnement critique et son arsenal problématique pour orienter la décision vers des actions intelligentes. Le savoir s’installe comme une fin en soi ; et, se contentant d’être un enfumage, il est devenu futile pour être mieux utile au statu quo. Dans ces écosystèmes, le modèle décisionnel, appelé Garbage Can (M. Cohen, J. March et J. Olsen. 1972), ou modèle poubelle, a été très vite adopté : l’acte de décider n’est plus dimensionné par le savoir qui de toute façon a perdu sa capacité de problématisation. La décision n’est plus un processus cognitif complexe, elle est la rencontre fortuite entre opportunisme, improvisation, satisfaction individuelle et célébration. Point besoin de connaissance pour s’inscrire dans l’anticipation, point besoin d’acquérir l’intelligence comme puissance pour agir et s’inscrire dans des perspectives durables pour servir des finalités collectives.
Le savoir et le pouvoir sont recherchés comme des réussites pour satisfaire des ambitions personnelles. Ainsi, on a vu émerger des décideurs politiques dotés de grands pouvoirs, sans qu’ils sachent les utiliser à bon escient. Ainsi, on a vu prospérer des experts de l’urgence, bardés de titres et de diplômes, qui se soumettent aux injonctions les plus débiles et les plus infamantes de ceux qui les entretiennent, sans qu’ils puissent les raisonner. Cette conjonction de médiocrités a conforté les acteurs sociaux à entretenir la culture du succès minimal insignifiant par compromis minoritaire triangulé entre les groupes qui détiennent les ressources économiques, les groupes qui détiennent le monopole de la violence et les groupes qui revendiquent le succès académique et culturel. En absence d’infrastructures éthiques, ces groupes ont transformé par le jeu des alliances malsaines leur écosystème en des poubelles à ciel ouvert.
En ces lieux, ceux qui contrôlent la violence (Gangs) ont usurpé la légitimité (Politique) pour assurer leur monopole sur les ressources, et ont su, grâce à ces ressources, fédérer les détenteurs du savoir (Symbolique) pour imposer leur desiderata à toute la société avec le moins de violence possible. Sous le contrôle de ce GPS erratique, débarrassés de tout scrupule, ils ne cherchent pas à résoudre intelligemment les problèmes, ils se contentent d’appliquer des solutions connues d'avance. Et tous les problèmes deviennent plus ou moins équivalents, plus besoin d’évoquer le contexte pour comprendre leurs spécificités. Dans un shithole, pas besoin d’intelligence pour gérer l’urgence. Pourquoi s’embarrasser à comprendre la complexité quand ceux qui ont les diplômes et les titres ne pensent qu’à leur petit succès ?
Ce management de l’urgence et de l’improvisation, qui uniformise les décisions et les problèmes, méconnaisse les contextes et méprise en pleine conscience les expériences sensibles qui font germer du sens. La théorie de la décision permet d’expliquer le caractère éminemment poubelle des processus de décision dans les écosystèmes livrés à l’expérimentation de ces managers de l’insignifiance. Dans ces modèles, la décision est une succession d’approximations visant à bricoler un artifice pour gommer un problème, plutôt qu’à une programmation exacte pour le résoudre. On postule que, dans ces écosystèmes, la qualité n’est pas une valeur déterminante ; et il n’est pas nécessaire de définir, ni de pleinement comprendre, l’ensemble des variables qui affectent une décision : la prise de décision est principalement assimilée à une poubelle ou une marmite dans laquelle les décideurs n'accordent aucune importance aux questions, aux solutions, aux problèmes et aux experts contextuels.
Doutez-vous encore de la puissance de notre axiomatique ? Faut-il encore prouver que sans le prototype de l’homo detritus, insignifiant anobli (IA), ce modèle ne peut pas s’appliquer ? Regardez bien l’image, redonnez à l’homme poubelle anobli sa conscience intranquille, il fera émerger d’autres valeurs. Comme le dit Dean R Spitzer, « Aucune organisation (société) ne peut être meilleure que son système de mesure et de décision. Car c'est « Le système de mesure qui dirige le comportement. » C’est ce constat qui nous permet de contextualiser la loi de Peter : Dans toute organisation et dans toute société où les processus décisionnels et les systèmes d'évaluation sont sous influence de ceux qui sont liés à des intérêts étrangers, les médiocres seront toujours au sommet et en mettront plein la vue aux autres pour faire passer leur enfumage pour de la réussite. N’avez-vous pas encore compris qu’Haïti est un « écho-système[1] » qui laisse retentir les légendes de Ti Malice ?
[1] Mot emprunté à une passeuse de dignité qui m’a fait l’honneur de préfacer le premier tome de l’axiomatique de ‘indigence