Pour réhabiliter les frustrations et les aigreurs

Agrandissement : Illustration 1

Haïti ne se présente plus au monde comme pays improbable : un merveilleux coin dans les caraïbes aux allures d’un joyeux bordel où l’on vient s’encanailler ou s’enrichir en toute impunité. Pour cause, ses lignes de failles éruptives projettent, depuis les jours sanglants et les nuits barbares de l’esclavage, un magma brûlant que le temps a fossilisé en un épais fumier foisonnant. Depuis l’indépendance proclamée en 1804, le confortable refroidissement des couches supérieures de ce fumier contraste avec les incandescentes frustrations des couches inférieures qui sont au plus près de la fournaise et plus proche des conditions d’avant l’indépendance. Ce mélange de froid et de chaud produit un enfumage, dans lequel émergent des réussites indigentes qui se laissent voir, par leur insignifiance étoilée, à cent mille lieux dans l’espace.
Des politologues, des sociologues, des anthropologues, et parfois, pour tout dire, des ‘‘toutologues’’, tous chercheurs et experts dans leur domaine, pensent que ce sont les structures sociales et politiques qui figent et immobilisent la vie dans cet écosystème. Il est vrai que celle-ci se présente dans une invariance séculaire qui rappelle la sculpture intemporelle d’un minéral s’imposant hors du temps de l’histoire et de l’espace humain. La perle des shitholes, comme disent ceux qui ne pratiquent pas la langue de bois !
Pourtant, ces structures sociales ont été l'objet de nombreuses ingénieries et ré-ingénieries, notamment ces 36 dernières années. Des ingénieries dont les coûts cumulés, pour entretenir l’expertise mobilisée, se sont élevés à quelques bonnes centaines de milliards de dollars. Des ingénieries de renforcement institutionnel qui ont toutes été pilotées, managées, opérationnalisées et évaluées par et/ou avec l’appui d’une reluisante expertise internationale, binationale et nationale. Pourtant, cet immobilisme n’a pas empêché à ces experts d’assurer leur réussite personnelle et la mobilité sociale de leur famille. Et comme toujours en ces lieux de totale impunité, c’est au prix de lourdes indignités et irresponsabilités que se font ces réussites, puisqu’elle s’avèrent toujours préjudiciables à l’intérêt de l’immense majorité de la population haïtienne.
Ces observations soulèvent des controverses et nourrissent des frustrations et des aigreurs légitimes qui autorisent ceux et celles, encore capables de dignité et de courage pour dire la vérité, à proposer un cadre méthodologique revisité pour approcher l’invariance structurelle de l’écosystème haïtien. Un cadre qui doit être en rupture profonde d’avec les méthodes, les outils et les paradigmes réchauffés des chercheurs de service et des experts subventionnés. Car la vraie rupture n’est pas une imposture cherchant à recycler les réussites précaires sur les mêmes structures vermoulues derrière des rafistolages improvisés. C’est sur la base de cette légitimité que je réhabilite mes frustrations, envers et contre l’indigence doctorée, sur quelque rive idéologique qu’elle se trouve. Aussi, je viens, dans le contexte de cette date historique du 7 février pour Haïti, éructer mes aigreurs, comme la flamme brulante d’une énergie vibratoire consciente et transformatrice ; assumant mes aigreurs, je viens placer, en signaux faibles, ma modeste note comme une part contrastée, de la diversité cacophonique nécessaire à l’harmonie de l’écosystème. J’ose espérer que ceux et celles qui sont capables de lire, de comprendre et d’interpréter le sens profond de cet engagement, et aussi qui ont du courage, de partager ce signal faible pour l’amplifier et le laisser retentir comme un des éléments du bilan de ces 36 ans d’espérance démocratique enfumée.
Pour les frustrés de la dignité contre les doctorés de l’indignité
Moi, modeste citoyen haïtien, sans référence académique, sans réussite reluisante, sans accointances indigentes, mais combien rempli de dignité, j’assume puiser, dans mes orages d’aigreurs, dans mes tempêtes de frustrations, dans mes abimes de rage, les étincelles d’une débordante énergie qui irradie ma réflexion. N’en déplaisent aux esprits chagrins, je continuerai, envers et contre tous, de mettre en avant mes valeurs sans faire l’économie des susceptibilités de ceux et celles qui vivent dans la certitude que toute affirmation de l’authenticité d’un autre qu’eux est une négation de leur dignité. Qu’ils sachent que la dignité humaine n’est pas une stratégie à somme nulle. En affirmant mon Jeu, je ne menace aucunement les Jeux des autres, car la dignité n’a de valeur que si elle est le reflet augmenté de la diversité de la vie. Pour paraphraser le poète iranien Rûmî, la dignité humaine est comme un miroir brisé en autant de morceaux qu’il y a d’humains sur terre. Chacun possède un petit bout de verre qu’il peut présenter sans prétendre être le miroir. Seuls ceux qui sont profondément médiocres peuvent croire qu’en exhibant ma dignité, je nie la dignité des autres. Qu'en mettant en avant mes valeurs, je refuse aux autres le doit a revendiquer leurs valeurs. L’Ubuntu africain qui magnifie la diversité à travers le fameux « je suis, par l’autre qui brille » est un concept que devaient s’approprier ces dignitaires de la culture qui se revendiquent du marxisme, au lieu de se complaire à traiter de frustrés et d’aigris tous ceux et toutes celles qui portent une parole critique contre certains usurpateurs de courants de pensée qui revendiquent l’asservissement et la ‘‘désindividuation’’ des êtres humains pour qu’ils deviennent, par perte de leur conscience de soi, disponibles pour les ‘‘projets populaires’’ des autres.
Qui ne se souvient pas des injonctions dogmatiques de la révolution culturelle : que mille fleurs s’épanouissent, que dix mille écoles rivalisent et que cent mille talents luisent ! Et pourtant ce ne furent que des mots d’impostures, puisqu’à l’évidence des milliers talents furent méconnus et détruits durant cette saga culturelle aux accents de grand projet populaire célébrée par toutes les gauches du monde entier. Car, sous le règne du grand timonier Mao, les fleurs de la critique furent rapidement devenues vénéneuses, les écoles de pensée critique se transformèrent en centres totalitaires de rééducation pour héberger les talents aigris et frustrés qui avaient osé s’exprimer. La liberté d’expression n’a jamais été une vertu pour de nombreux adeptes de la dictature du prolétariat. Juste pour rappeler à qui de droit que l’histoire et mon vécu personnel m’ont appris à me méfier des projets populaires portés par des intellectuels et des gens se réclamant du marxisme-léninisme. J’avais 19 ans, quand des gauchistes haïtiens d’une pseudo assemblée populaire nationale m’avaient approché, au cours de l’été 1987, pour me demander d’abandonner mes études et me transformer en militant du béton en allant haranguer les ouvriers au parc industriel,a lors que leurs enfants étudiaient dans des universités à l’étranger. Personne ne peut oser me demander de ne pas être frustré envers ces fossoyeurs de l’innocence. En conséquence, j’assume, envers et contre tous les doctorés de l’indignité, mon aigreur comme une manifeste frustration de la dignité. Si cela choque, tant pis. Si cela m’aliène des sympathies de quelques lecteurs qui ne liront plus mes textes, bénies soient les ruptures aliénantes ! Car au fond, depuis 2003 que je m’exerce à ce petit jeu d’écriture, je n’ai pas vu l’ombre d’une seule perspective de collaboration sincère avec une quelconque forme d’intelligence éthique dans l’écosystème haïtien. En revanche, je suis persuadé que si j’étais porteur de quelque projet de perversion ou de corruption, je serais un leader communautaire très recherché, très médiatisé, voire surdécoré ; et non ce frustré sur lequel la bien bienpensance militance crache et pisse.
Pourtant, tous ceux et toutes celles qui ont lu avec intelligence et compris contextuellement la pensée de Marx, même sans militer dans les réseaux militants ou marxisants, savent que les colères, les aigreurs, les frustrations et la honte sont le moteur de toutes les révoltes et de tous les combats politiques (Frédéric Gros, La honte est un sentiment révolutionnaire, Albin Michel, 2017). En effet, selon la version lue, comprise et contextualisée du matérialisme scientifique, les frustrations, quand elles sont motivées par la quête de la dignité, et non par des envies de promouvoir sa mobilité sociale ou son transfert de classe, ont « un destin lumineux et brûlant qui transfigure et irradie les colères collectives » (Frédéric Manzini). En conséquence, les frustrations, les colères, les aigreurs doivent être réhabilitées comme vecteurs et gradients de transformation. Car c’est par elles que l’humanité vibre et trépigne de désir de provoquer, d’aller au corps à corps pour contraindre l’indigence à percevoir le scintillement de la dignité. Les frustrations et les aigreurs sont des éclairs de noblesse de l’âme humaine quand elles sont nourries par un sentiment de gêne et de honte portée contre ceux et celles qui ont perdu la dignité d’avoir honte.
Quelles frustrations d’habiter un pays où résident de la république, premier ministre et directeur général de la police prennent la fuite devant des bandits qu’ils ont eux-mêmes armés. Et ceci, tout en continuant, sans aucune honte, à se parader dans les attributs et à se gaver des prestiges de l’autorité de l’État !
Quelles frustrations de vivre dans un pays où les hommes d’affaires du secteur privé passent plus de 5 hres de temps en blocus dans leur porsche Cayenne ou leur Mercedes blindé en attendant que la pluie, qui a versé pendant 5 petites minutes quelques centimètres cubes d’eau sur la capitale, emporte les détritus qui décorent les rues conduisant à leurs maisons luxueuses. Et ceci, sans aucune honte ils continuent d’afficher leur opulence comme symbole de réussite !
Quelles frustrations de voir des universitaires servir d’adjuvants pour la médiocrité politique, en se soumettant aux injonctions des agences internationales, soit dans les ONG, soit dans les cabinets d’expertise privés, soit comme hauts fonctionnaires de l’État. Et ceci, tout en mettant en avant leur prestige académique pour dénoncer la médiocrité qui met en déroute l’intelligence !
Quelles frustrations de savoir que des militants qui se revendiquent de l’une ou l’autre des multiples branches de la gauche plurielle, trotskysme, maoïsme, marxisme-léninisme ou guévarisme, s’agenouillent religieusement ou infantilement devant des prêtres vaudou qui furent des idéologues convaincus du régime duvaliériste. Et ceci, tout en continuant sans honte de faire l’apologie du matérialisme dialectique !
Quelles frustrations de voir que ceux et celles qui célèbrent aujourd’hui, en Haïti, la mémoire de Jacques Stephen Alexis ne sont que des officiels drapés dans des habits affreusement outragés d’illégitimité et des gens prétendument cultivés qui sont aux antipodes de l’œuvre et de la vie de cet homme intègre, combien pétri de dignité et de conviction !
Mais quel improbable et non moins merveilleux pays que celui où l’on trouve à chaque coin de rue des paradoxes fleuris !
Un écosystème où indignité et médiocrité sont médiatisées
Mais la question qui revient et qui me fera à nouveau traité d’aigri est : quelle réussite peut-on revendiquer dans un pays comme Haïti, au point d’estimer que toute critique émise contre les gangs de salon et les réseaux d’indigence, qui nourrissent l’invariance, ne peut être qu’une haine contre l’opulence économique ou la reconnaissance académique ? Éthiquement, que vaut l’opulence économique dans un pays comme Haïti dont le palmarès économique est un éloge à la corruption et à la criminalité ? Un pays qui reste depuis 60 ans, pour faire court, comme :
- Champion de la corruption dans les Caraïbes et au niveau mondial selon Transparency international ;
- Parmi les derniers en matière de développement humain selon les données de l’IDH ;
- Parmi les derniers en matière de création et d’innovation d’entreprise selon les statistiques du rapport Doing Business de la Banque Mondiale ;
- En dernière position selon l’Organisation panaméricaine de la santé en matière de couverture universelle de santé.
Humainement, que vaut la reconnaissance académique dans un pays où les fonctionnaires internationaux, tels des membres des anciennes commissions civiles délégués par la métropole, qui dictent les stratégies de la gouvernance publique haïtienne et qui sont de fait les tuteurs de cette légion académique doctorée et médaillée, ne sont, en majorité, que des insignifiants qui n’auraient jamais occupés de postes décisionnels dans leur pays ? N’est ce pas là un signe d’indigence manifeste de se croire un pompeux et illustre doctoré, alors qu’on ne fait que se soumettre du doigt et à l’œil à une crapule ou une raclure qui a de puissantes accointances diplomatiques ou de tonitruantes ressources économiques ? Car, pour paraphraser Simone Weil, peut-il y avoir plus grande indignité que la posture flexible, souple et servile des gens instruits et cultivés envers ceux dont l’autorité n’est illuminée d’aucune légitimité, d’aucune exemplarité, d’aucune honorabilité !
Pour ceux et celles qui ne cessent de me renvoyer à mes frustrations, parce que j’ose questionner leurs interactions et rétroactions comme autant d’articulations qui structurent l’invariance d’Haïti dans l’indigence, j’apporte ici les raisons de mes aigreurs : j’ai honte pour ceux et celles qui vivent dans l’illusion de la réussite (par leur richesse économique, leur statut social ou leur trajectoire académique) dans un pays qui pue à plein nez la médiocrité et l’indignité. Je suis frustré de voir des gens aussi vides d’humanité au sommet de la hiérarchie de mon pays. Je suis aigri d’être cet individu de condition si modeste et sans réussite éclatante, mais dont la charge de dignité arme insolemment la conscience pour rappeler aux indigents qu’ils doivent arrêter d’abandonner leur responsabilité, de souiller leur intégrité souillée et de flétrir leur dignité pour quelques succès précaires. Dans ce contexte, la frustration que je revendique est, selon mot de Frédéric Gros, un « faire-honte » adressé à l’indigence. En ce sens, comme le dit Frédéric Manzini qui présente sur le site de philosophie magazine l’ouvrage de Frédéric Gros que j’ai cité plus haut, la frustration s’inscrit dans la continuité « de ce que faisait Socrate à sa manière, quand il humiliait l’ignorance ». ( lien pour ceux qui ont le temps de lire : https://www.philomag.com/livres/la-honte-est-un-sentiment-revolutionnaire).
C’est donc objectivement par le biais de mes frustrations et de mes aigreurs que j’ai pu accéder à ces données empiriques qui me permettent de postuler que l’immobilisme, qui verrouille Haïti sur sa face indigente, n’est que la rencontre de deux grandes lignes de failles qui se sont installées dans la conscience collective haïtienne, depuis l’esclavage. Comme rien ne se transmet de manière immuable dans le temps, elles sont devenues des modèles de réussite et de survie. La première est la faille de l’indignité qui conduit à la déshumanisation systémique de l’autre comme affirmation d’une stratégie de réussite à somme nulle. Une indignité qui entraine la résiliation des liens avec son collectif et son écosystème. La seconde est une conséquence de la première, c’est la perte de sens collective qui s’affirme comme insignifiance et fait errer les processus de la prise de décision. Dans ces marécages poissonneux, privés de repères éthiques, celui qui s’accroche à sa réussite, va se sentir confortable dans toutes les situations : sans tenir compte du contexte dans lequel il évolue, sans prêter attention aux signaux de son environnement, sans évaluer le sens de ses actions, au regard des besoins du moment et des interactions/rétroactions des autres, il va donner une importance démesurée par rapport à son rôle dans le système politique, économique ou symbolique sans comprendre qu’il n’est qu’un élément de recyclage de l’indigence.
Voici l’analyse sans concession de la réalité haïtienne que je porte comme une axiomatique découlant de 30 années d’observation sur trois grands domaines d’affaires de écosystème institutionnel haïtien :
- Les interactions et les rétroactions des acteurs sociaux haïtiens qui poussent à la résiliation des liens avec le collectif et l’environnement ;
- L’abdication du leadership national devant ses responsabilités de gardien des processus stratégiques d’élaboration et d’opérationnalisation des politiques publiques nationales ;
- L’immense précarité qui génère des turbulences permanentes et condamne à l’abandon des territoires de la responsabilité, de la dignité et de l’intégrité, en raison de la dépendance totale de toute l’économie haïtienne vis-à-vis de la criminalité et de l’assistance internationale.
Clarifier le débat sur l’engagement
Pour nous, s’il est manifeste que la communauté internationale est à l’origine de l’effondrement qui se perpétue en Haïti, il faut cependant avoir le courage pour dire que ce ont les jeux à somme nulle des décideurs politiques, des entrepreneurs économiques et des acteurs socio professionnels, pour protéger de petites zones de confort qui ont lézardé les murs de la performance collective et structuré les lignes de faille qui rendent écosystème invariablement instable. L’invariance de l’écosystème haïtien n’est pas une fatalité. Elle est codée et programmée dans la conscience collective et reste de ce fait pleinement intelligible pour ceux qui ont la patience de décoder les signaux faibles. Sur la base de mes aigreurs et de mes frustrations, je postule que dans un écosystème, où l’indignité par inconscience et l’insignifiance par médiocrité se rencontrent et deviennent une force résiliente qui déroute l’intelligence et conduit à l’altération des liens sociaux. C’est ainsi que l’indigence s’est structurée en rendant les individus étrangers les uns aux autres, avec des rapports mécaniques, superficiels et impersonnels. D'où l’absence d’empathie, l’indisponibilité humaine, l’imposture, le marronnage, la malice qui règnent dans l’écosystème et autorisent chacun à résilier ses liens avec un collectif improbable. C’est là qu’émergent les appels de fond et de grand large pour les rêves d’ailleurs et la recherche frénétique de l’intérêt individuel.
Ce sont ces éléments factuels que j'analyse dans deux articles à venir cette semaine qui reprennent quelques exemples de CAS de deux grandes thématiques de l’indigence : l’indignité en folie par la déshumanisation généralisée et l’insignifiance pour tous par la médiocrité doctorée ! Nous partageons ces textes en anticipation de la publication de ces ouvrages pour alimenter le débat sur l’évaluation des contributions citoyennes et collectives à la démocratisation des institutions haïtiennes. Nous apportons un brin de controverse, en agitant des questions socialement vives qui donnent du sens aux émotions humaines, qui réhabilitent les frustrations, les aigreurs comme des vertus qui motivent nos jugements, guident nos décisions et s’incarnent dans nos actions. Cette démarche s’avère nécessaire pour clarifier le sens de nos engagements, puisque certains semblent abuser de leur notoriété de militant ou de chercheur pour réduire au silence tous ceux et toutes celles qui ne pensent pas comme eux, notamment en les poussant dans les retranchements de l’aigreur et des frustrations pour les contraindre a rejoindre les improbables projets populaires..
En attendant nos prochains articles je termine en rappelons aux uns et autres que la dignité humaine n’est pas une expérience uniformisable, elle est diversité, singularité et multiplicité à travers sa nature VRAIE qui se conjugue toujours avec les mots de Vérité, de Radicalité, d’Authenticité, d’Intégrité et d’Exemplarité. Je termine avec ces mots de Picasso : Le monde entier se déploie devant nous, impatient que nous l'inventions, non que nous le répétions. Arrêtons de vouloir que nous reprenions tous d’une chorale uniforme les mêmes injonctions. C'est quand la contradiction devient imposable, et nous révèle nos laideurs effroyables, qu'un possible humain devient probable, pour rendre nos médiocrités rétractables. C’est sur ce roc, porté comme démarche permanente d'évaluation pour cartographier les failles qui se nourrissent des actions, des interactions et des rétroactions que l’intelligence émerge comme processus innovant de la prise de décision pour humaniser la vie et s'extraire de l'indigence. Mais comme le savent les guerriers de la lumière : Pour que la conscience des sujets qui se proposent et se destinent au changement s'enflamme pour guider les autres, il faut que les sujets soient éclairés de l'intérieur. Pour cela, ils doivent réhabiliter leurs frustrations, leurs aigreurs et leurs colères. Car on ne peut atteindre l'inespéré sur un total effondré sans en assumer en pleine conscience de soi les frustrations de la dignité