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Billet de blog 10 décembre 2022

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L’impensé : reflet du prisme d’insignifiance de la géostratégie de l’enfumage

Un certain paradoxe anthropologique résume l’enchevêtrement du collectif haïtien dans son invariante errance : la défaillance performante en rêves blancs et cauchemars noirs ! Il est si quantiquement puissant qu’il a déshumanisé l’écosystème social haïtien en transformant les foyers culturels, les réseaux académiques et médiatiques et les avant-gardes progressistes en des étouffoirs de la pensée.

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Illustration 1
Le prisme de l'impensé © Erno Renoncourt

 Pour illustrer ce texte, nous avons conçu une image qui s’explique d’elle-même  : le prisme, qui laisse profiler et fait briller les réussites en rêves blancs d'ailleurs, projette toujours en arrière-plan le spectre d’un enfumage dont le décor merdique hante de cauchemars noirs le quotidien des collectifs des shitholes qui  n'entrevoient l'avenir qu'au travers des filtres médiocres de l'imaginaire insignifiant de leurs élites culturelles.

 Nous confirmons ainsi la puissance de la géométrie des données comme support de l’expertise TIPÉDANTE pour rendre compte de la complexité des écosystèmes invariablement défaillants: tout ce qui objective le réel intelligiblement se formule avec éloquence ; et pour le modéliser rigoureusement, les mots d'intelligence se bousculent pour donner forme à des images qui viennent synchroniser la représentation visuelle et amplifier l’imagination. Ce qui confirme la pertinence des mots imaginés pour l’action imagée.

Dans cette tribune, je reviens, une fois de plus, faire raisonner, avec de nouvelles données contextuelles, la thèse de l’imaginaire culturel indigent comme foyer de l’errance anthropologique haïtienne. Et de fait, j’insiste à postuler que l’enfumage qui brouille le radar de la gouvernance stratégique haïtienne n’est pas politique. Il est culturel et se manifeste dans des postures académiques et professionnelles indigentes. De nombreuses données contextuelles disponibles, mais hélas non exploitées par déficience analytique, par incompétence et aussi par malice, permettent de prouver un fait irréfutable : il eut été improbable que la médiocrité politique triomphe aussi durablement en Haïti, si une longue chaîne fumante et pestilente ne reliait toutes les strates sociales haïtiennes à un même foyer merdique de réussite économique, politique, culturelle et académique.

Une chaîne d’enfumage qui a si bien obscurci l’écosystème haïtien qu’elle a imposé l’insignifiance académique et l’indigence culturelle comme motif structurant du prisme de la réussite nationale. Et pour le malheur du collectif, ce prisme, dont les lueurs fumantes font briller quelques-uns, réfléchisse un vibrant impensé dans lequel se projette le spectre de la géostratégie qui déshumanise Haïti.  Les données qui témoignent de ces postures d’insignifiance sont si éloquentes qu’elles peuvent devenir sources d’apprentissage : Tout peuple, qui abandonne les territoires de sa dignité et de ses responsabilités, pour vivre dans le spleen des rêves blancs d’ailleurs, finit toujours par se réveiller, en sursaut, dans l’enfumage de menaçants cauchemars noirs.

Le réel paradoxal et le virtuel confortable

S’il faut prouver à ceux qui ont encore des doutes sur ce postulat que l’impensé est le bien le climat du management stratégique haïtien, on peut s’en tenir au fait que pour caractériser l’errance du collectif haïtien, les sociologues, les politologues, les experts et les éditorialistes se référent à trois grandes thèses insignifiantes : la déroute de l’intelligence (Roger Gaillard), la non gouvernance du pays (Montferrier Dorval) et l’infinie patience ou la culture résilience du peuple haïtien (Yannick Lahens). Mais, comme en toute problématique sociologique complexe expliquée de manière simpliste, chacune de ces thèses charrie son lot des paradoxes.

  • Comment l’intelligence peut-elle être mise en déroute, pendant deux siècles, sur le terrain politique, alors qu’elle brille sur le terrain de la culture en support à la médiocrité politique triomphante ?
  • Comment la gouvernance politique peut-elle être ingouvernable quand elle est le produit d’un processus segmenté et dimensionné pour l’errance ?
  • Comment la culture peut-elle se confiner dans une infinie patience avec ce qui déshumanise tout en célébrant les succès qui font écho de cette déshumanisation ?

En surfant sur les enseignements de la théorie des systèmes, ces paradoxes permettent d’affirmer objectivement que le véritable moteur de l’impuissance collective haïtienne est l’impensé anthropologique qui permet à la culture de ce peuple de renoncer à son essence et de devenir futile à force de rechercher l’utile confort pour s’adapter aux précarités. La problématique soulevée dans cette tribune s’appuie sur une hypothèse de la pensée complexe : Puisque la culture permet de fabriquer l’intelligence, sa mission consiste à armer la conscience humaine pour qu’elle apprenne à résister aux précarités, à briser le cycle de l’errance et à innover l’invariante défaillance par la brèche d’un possible humain humble, mais digne. Dès lors que la culture permet d’adopter d’autres postures que celles suggérées par la dignité‚ elle devient enfumage, impostures et impensé.

Et de fait, l’intelligence est une ressource si rare et si improbable en Haïti, que les stratégies de renforcement des institutions politiques et les actions proposées, pour répondre à deux siècles de précarités économiques, et sociales, débouchent toutes sur une même invariance : l’impuissance collective face une permanente défaillance séculaire. Preuve de leur flagrante insignifiance. Une insignifiance qui n’a pas échappé au regard de Ricardo Seitenfus, lequel, en 2019, a écrit ces mots pour contextualiser ce pays qui lui apparaît comme une énigme[i] :

« L’on peut broder à l’infini autour des racines conjoncturelles et structurelles de la multiforme crise haïtienne. Comme, par ailleurs, ne manquent pas de le faire acteurs, observateurs, analystes et de simples quidams. De tous bords. Tant étrangers que nationaux. Malgré les différentes perspectives, diagnostiques et conclusions, une impression commune se dégage. On ne sait quoi faire. On est perdus, déboussolés. »

Et, oui ! Personne ne sait quoi faire, sinon que répéter les mêmes insignifiances qui génèrent la même impuissance et conduisent invariablement aux mêmes défaillances. Pourtant cela n'a rien d’énigmatique, car c'est un commun processus d'enfumage qui se recycle. 

Le prisme de l’enfumage

Illustration 2
le motif de la reussite précaire © Erno Renoncourt

Mais empressons-nous de dire que si la crise persistante et multidimensionnelle que connaît Haïti résiste jusque-là à l’expertise des ingénieurs du renforcement institutionnel international et des acteurs socio-professionnels et militants progressistes nationaux, c’est pour deux raisons intimement liées :

  • La première est que leur diagnostic ne porte que sur les strates politiques émergentes de la crise ; et du coup, ils délaissent, par incompétence, par paresse ou par malice, les causalités enchevêtrées dans les profondeurs pour se concentrer sur ce qui est apparent et superficiel.
  • La seconde est que leur diagnostic faussé, les pousse logiquement vers des stratégies simplistes et connues d’avance : la gestion axée sur les résultats, les recettes de la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le culte du développement durable. Une panoplie de concepts-projets qui se réfèrent aux mêmes logiques et structures de pensée simplistes, lesquelles sont prélevées dans la boite à outils court-termiste des solutions d’urgence promues par l’assistance technique internationale comme géostratégie de déshumanisation.

Et c’est là tout l’enfumage des réseaux académiques et du savoir en Haïti. Ceux qui, dans leur fulgurance militante et leurs impostures progressistes d’acteurs du changement, dénoncent l’arrogante ingérence de la communauté internationale dans les affaires stratégiques haïtiennes, sont les mêmes qui implémentent les projets conçus, financés par la communauté internationale. Et avec un zèle si profondément indigne que leur état cognitif fige leurs postures professionnelles dans une flexibilité proche de la servitude volontaire. Or, ces projets sont unanimement reconnus comme provenant d’un logiciel court-termiste qui génère et sérialise des modèles pour uniformiser les expériences humaines. Le logiciel qui programme les algorithmes des projets du renforcement institutionnel ne contient que des structures de données simplistes et des boucles d’instructions conçues d’avance pour être mise à l’usage pour tout type de problèmes, qu’importent la complexité et les spécificités du contexte de leur application.

On comprend aisément pourquoi les diagnostics des experts nationaux et internationaux orientent tous vers les strates politiques défaillantes et émergentes de la crise haïtienne et occultent à dessein les causalités profondes. Ils cherchent à protéger les strates culturelles, académiques, médiatiques et militantes où se performent les réussites précaires et indigentes qui verrouillent sur l’invariance par la dépendance. D’où cet éloquent paradoxe qui resplendit dans toutes les structures sociales et organisationnelles en Haïti : nul n’atteint les sommets du phare de la réussite haïtienne, s’il ne passe dans le moule de la dépendance pour laisser éroder une part de sa dignité et de son humanité.

C’est ainsi que les foyers culturels et académiques de la réussite en Haïti sont devenus les étouffoirs communicants qui enfument l’écosystème. Ce faisant, ils augmentent les incertitudes et brouillent par leur rôle de contre feu le radar de la gouvernance stratégique nationale pour mieux assurer la prépondérance de la géostratégie de l’assistance internationale. Et paradoxalement, ce sont ces mêmes foyers qui se stratifient dans d‘autres configurations pour se présenter comme les acteurs du changement et de la militance antisystème. Ce qui explique leur insignifiance, car le savoir et la culture entre leurs mains sont devenus des outils de rente, de maximisation de profits personnels et de sécurisation de zones de confort médiocres.

L’imaginaire insignifiant

L’impensé analytique au cœur du drame haïtien est là : les foyers du savoir et de la culture ont laissé fructifier dans l’imaginaire de leurs membres une insoutenable indigence. Au point que la pesanteur des précarités, qui règne dans l’écosystème haïtien, a maintenu cet imaginaire dans les basses eaux culturelles où s’encrassent les ressources du succès minimal insignifiant confortable. D’où leur incapacité à faire montre d’autonomie de pensée pour produire des réflexions critiques et contextuelles à même de dégager les variables de responsabilité. Ils ne cherchent pas à se donner des leviers d’action pour trouver les postures d’équilibre pour faire régner un possible vivable dans le chaos de leurs défaillances. Ils préfèrent se projeter dans la dépendance des rêves blancs d’ailleurs pour rebondir en sursaut dans l’indigence des cauchemars noirs. Ainsi, ils se contentent de reprendre les injonctions des instances internationales pour mieux mériter leurs faveurs et rentrer dans leurs projets.

Parfois, par incompétence, parfois par malice (crapulerie ou couillonnerie), ils désertent les territoires de la souveraineté de leur pays, se projettent dans les rêves d’ailleurs, sapent les liens de responsabilité et de solidarité envers leurs institutions et leur collectif, érodent leur dignité pour émerger dans une réussite qui les verrouille sur une dépendance servile vis-à-vis des intérêts transnationaux. En échange de bénéfices mutuels, ils acceptent de devenir des failles humaines, (automates influents, mais insignifiants), par où les intérêts transnationaux drainent les ressources de leurs projets. Et au final, il n’y a personne pour relever ces conflits d’intérêts, car les éditorialistes complaisants, les universitaires insignifiants n’y voient que des succès à célébrer. Personne dans la société civile n’ose dénoncer ces liaisons malsaines, car cette société, constituée de ces mêmes crapules et de ces mêmes couillons, applaudit ces réussites comme des moments de grande fierté nationale. Chaque fois que le colon blanc donne une distinction à un haïtien, tout le collectif exulte de joie et s’empresse de faire de ces personnes des demi dieux : Vive la culture haïtienne, vive Haïti chérie ! Et quand le colon, dans son intelligence pragmatique, transforme ces personnes, devenues influentes, en des failles humaines pour drainer les ressources de sa géostratégie, ce même collectif accuse le colon d’ingérence.

Mais, n’est-ce pas là une grande imposture ? Pourquoi dénoncer l’ingérence de la communauté internationale sur le domaine politique et accepter son ingérence sur le champ culturel et académique ? Ne sont-ce pas ceux qui ont les faveurs de la communauté internationale qui sont médiatisés, plébiscités, sollicités et encensés, alors qu’ils sont anoblis à dessein pour devenir des automates influents mais insignifiants ? Mais quelle insignifiance pour un pays d’avoir des élites qui sont incapables de comprendre que la connaissance, le savoir, la culture, la renommée sont d’abord des outils géostratégiques au service de la domination et de la déshumanisation ! Quelle indigence pour un peuple de confier la formation de ses cadres supérieurs à des agences internationales qui sont des outils d’une géostratégie promouvant des intérêts transnationaux ! Quelle indignité pour un pays de voir toutes ses institutions prises en charge par des projets financés par ces mêmes agences qui se chargeront de les confier à ceux qui ont eu bénéficié de leurs faveurs et qui ont une redevance envers elles !

Un immense besoin de changer de logiciel

Pourtant, au-delà de ces lacunes, ce qui nous intéresse, c’est de prouver l’insignifiance des luttes politiques pour le changement sans intelligence et sans imagination. Car pour combattre un certain état de choses insatisfaisantes, on doit avoir un modèle explicitant les variables de responsabilité sur lesquelles il faut agir. Car le but du changement est de passer d’un certain état de défaillance décrié à un certains état de performance voulu. Or, ce changement ne peut être gouverné que par des processus dimensionnés et ne peut être mesuré qu’au travers de données contextuelles provenant de ces processus.  Et ces processus sont pilotés par des acteurs métiers qui sont dans des dispositions mentales dictant leurs postures professionnelles.

Comment faire vivre alors ce changement quand les réflexions produites sont incapables de cartographier et de dimensionner les processus d’affaires qui doivent générer le changement ? Comment savoir que le changement est atteint si les analyses manipulent des données improbables et sont incapables de les contextualiser et de les problématiser pour extraire l’information pertinente et stratégique ? Comment réguler les comportements sans système de mesure, sans données objectives sur l’état cognitif des acteurs qui pilotent les processus du changement ?

Je ne voudrais pas paraître plus arrogant que l’on ne me considère déjà, mais je doute qu’il existe en Haïti des espaces de réflexion, fussent-ils académiquement reluisants, où l’on pense le changement en termes de processus d’affaires, de données probantes, de variables de responsabilité, de leviers d’action, d’intentionnalité des acteurs, de disposition consciente, d’intégrité professionnelle, de vibrations éthiques. Si c’était le cas, les universitaires haïtiens ne se laisseraient pas embarquer aussi servilement et à dignité chancelante dans les projets insignifiants et douteux des agences internationales. En outre, il n’y aurait pas cette farouche opposition et implacable volonté de réduire au silence et de liquider tous ceux qui osent identifier les foyers de la réussite précaire comme des sources d’insignifiance et d’indigence. C’est d’ailleurs la systémique, comme reliance de savoirs entre le stratégique et la cybernétique, qui nous apprend que : c’est le système de mesure qui régule les comportements. En conséquence, partout où la réussite verrouille sur des nœuds de dépendance, elle structure l’indigence pour faire vivre l’invariance. Toute l’impuissance du collectif Haïti prend sa source dans cet imaginaire culturel insignifiant qui rend le savoir futile, c’est-à-dire incapable de problématiser et de contextualiser les défaillances pour conceptualiser des solutions innovantes et apprenantes.

Le savoir et la culture sont si futiles et insignifiants en Haïti que ceux qui les détiennent sont incapables de prendre du recul pour comprendre que la structure de l’univers, tout chaotique qu’elle soit, repose sur un élément structurant qui est à la base de toute intelligence : l’information. D’ailleurs, c’est la capacité d’extraire du chaos une information stratégique, comme mesure du désordre croissant, qu’on peut créer l’innovation, en faisant régner un équilibre vivable dans l’instabilité. Mais l’information ne devient une ressource pour l’intelligence que là où il y a anticipation et imagination. Comme le dit l’écrivain québécois Rex Desmarchais : “L'imagination, c'est la forme suprême de l'intelligence. C'est elle qui vivifie la faculté d'analyse […]. Ceux qui en sont dépourvus se contentent d'être des érudits ou des gens d'esprit ».  Et c’est justement parce que l’imaginaire haïtien est en panne qu'il préfère  s'évader, se détourner des incertitudes pour voguer et s'envoler sur les traces des étonnants voyageurs, en disant les contes de la folie ordinaire, pour émerger dans les succès littéraires de la métropole. Alors que l’intelligent consisterait davantage à produire des réflexions critiques pour approprier les incertitudes du chaos national, cartographier les processus défaillants, extraire les données contextuelles pour innover le réel indigent en faisant briller les variables d’action pour une écologie de la responsabilité multi-factorielle.

De 1987 à 2022, malgré des milliards de dollars injectés dans des projets de renforcement institutionnels, disséminés , sur tous les domaines stratégiques nationaux (justice, éducation, santé, sécurité publique, sécurité sociale), et pilotés par de brillants experts nationaux et internationaux, il n’existe aucune institution bénéficiaire haïtienne qui  dispose à ce jour d’une cartographie détaillée ou d’un registre de séquenciation de ses processus d’affaires prioritaires, pour, au besoin, valoriser sa mémoire organisationnelle et identifier les postures professionnelles requises pour chaque service à offrir, chaque produit à livrer. Or la complexité d’un système social ne devient intelligible qu’au travers d’un modèle décrivant ses processus, ses données, ses pilotes, ses contraintes de fonctionnement, ses états de défaillance et ses états de performance. Or, une organisation ne brille de performance que par les vibrations de sa mémoire processuelle.

Est-il besoin d’expliquer pourquoi les luttes contre la corruption seront toujours insignifiantes, vaines et impuissantes en Haïti ? Ne maîtrisant pas la cartographie des processus d’affaires des institutions du pays, les organismes de lutte contre la corruption (ULCC : Unité de lutte contre la corruption, UCREF : unité centrale de renseignement économique et financier) ne disposent d’aucune connaissance approfondie, d’aucun système d’information intégré sur les flux d’affaires que traitent les entreprises et les organisations haïtiennes. De ce fait ils ne peuvent nullement identifier ni les espaces d'entre soi mafieux à surveiller, ni les processus d’affaires à risques pour le pays, ni les réseaux d’intérêts des acteurs métiers qui traitent ces flux; et encore moins anticiper la trajectoire qu’empruntent les ressources de la corruption. Ils se contentent de verser dans des slogans creux contre la corruption et dans un arsenal répressif, lequel devient ineffectif en raison de la défaillance de la justice qui est le plus grand des foyers de corruption en Haïti. Et cela parce que malgré 30 ans de réforme judiciaire, mobilisant des milliards de dollars et une armée d'experts, il n'y a pas un seul organe judiciaire haïtien qui possède un système de gestion de ses processus. Le Conseil Supérieur du Pouvoir  Judiciaire (CSPJ) n'a même pas un fichier structuré pour gérer le personnel judiciaire, assurer le suivi de carrière des juges et encore moins contrôler l'efficacité du fonctionnement des tribunaux.

Pour toutes ces causes, Haïti a un besoin imminent de repenser et de reconfigurer le logiciel de sa pensée stratégique. Et cela doit commencer par la sécurisation des failles qui nourrissent l’impensé analytique pat l’enfumage de l’imaginaire indigent. Et c’est du reste pourquoi Albert Einstein a écrit « qu’on ne peut pas résoudre les problèmes avec les mêmes structures de pensée et les mêmes dispositions mentales qui les ont créés ». Pour contenir l’assaut des turbulences qui font errer l’écosystème national, Haïti doit s’engager dans une culture d’innovation pour rompre avec la résilience, l’insignifiance et l’indigence. Car, la culture étant au cœur des rétroactions de l’homme avec son écosystème ([ii]), sa qualité influe sur les postures de responsabilité et de dignité en poussant les hommes éthiquement cultivés à vivre dans une reliance permanente avec leur société et leur communauté. C’est donc la défaillance de la culture qui induit l’indigence. D’où l’axiome quantique qui fait raisonner les injonctions de la géostratégie de l’enfumage : à culture indigente, société pestilente ; à savoir insignifiant, collectif impuissant. (CQFD: ce qu'il fallait démontrer).

[i] https://lenouvelliste.com/article/208022/lenigme-haitienne

[ii] Chapouthier, Georges. « L'homme, un pont entre deux mondes : nature et culture », Le Philosophoire, vol. 23, no. 2, 2004, pp. 99-114.

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