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Billet de blog 19 août 2022

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L'écho-système des étouffoirs communicants

Dans le creux de nos colères et la crète de nos aigreurs, comme une onde insolente réglée sur une invariante impertinence, rappelons que si les cheminées, qui surplombent les fumiers et libèrent les volutes des cendres des ordures calcinées, sont des succès certains pour les étouffoirs communicants, il y va autrement quand on cherche une bouffée d’air éthique pour respirer et vivre dignement.

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Illustration 1
Les étouffouirs communicants du capitalisme sauvage © Erno Renoncourt

Je souhaite bonne lecture à ceux et celles qui supportent la pensée critique comme une compétence indispensable pour l’innovation et la transmission. Merci au petit nombre de ceux et celles qui, sans intérêt, sans être d’accord avec moi, relaient publiquement, qui sur leur site, qui sur leur compte twitter, qui dans leur réseau personnel ou professionnel, les échos de ces messages pour le plaisir de laisser retentir des notes de vibrations poéthiques comme des ferments de responsabilité à disséminer pour faire murir des printemps de colères et hâter une écologie d’apprenance et d’exemplarité pour Haïti.

Merci à ceux celles qui acceptent d’être importunés par mon insolence, mais font preuve de compétence et osent lire jusqu’à la dernière ligne, puisqu’ils savent que c’est par l’entrelacement des mots, qui se clashent, s'entrechoquent, s'étincellent, que l’on fabrique du sens pour résister, innover et transmettre pour s’humaniser.

Le biais éthique du système merdiatico-académique

Dans nos deux précédentes tribunes, nous avons montré que le rayonnement académique, revendiqué par la légion des universitaires doctorés et médiatisé comme réussite, comporte un immense biais éthique qui autorise à douter de sa valeur réelle. Valeur qui devait se matérialiser dans le quotidien en laissant des traces de performance comme empreinte reliant savoir et action. D’ailleurs, l’impuissance de ces chercheurs intellectuellement ajustés, de ces experts éthiquement endettés, devant le cycle de dysfonctionnements institutionnels et de médiocrités humaines qui perdure là où ils brandissent leurs emblèmes de réussite, en s’offrant comme caution intellectuelle d’une innommable barbarie économicopolitique, livre un paradoxe fleuri qui dit tout haut leur insignifiance utilitaire.

Tel un bug anthropologique magnifiant une performance défaillante, ce rayonnement académique ne peut être qu’un enfumage ; puisqu’au demeurant, en dehors du prestige du titre universitaire et des distinctions honorifiques qui le cristallisent et ouvrent, à ses récipiendaires, les portes à des succès plus individuels que collectifs, son spectre de performance ne livre, au travers d’un prisme analytique rigoureusement dimensionné, qu’incohérence et futilité (insignifiance). Rappelons qu’incohérence et insignifiance sont deux des quantificateurs de médiocrité qui caractérisent les états mentaux de cette défaillance humaine (indigence) que nous proposons pour expliquer l’impasse dans laquelle se trouve le monde actuellement. Impasse dont l’issue est d’autant plus incertaine qu’elle nous rapproche d’un effondrement global par la perspective d’une guerre nucléaire plus probable que jamais. Car la crise économique, qui contraint au reflux les forces démocratiques et progressistes un peu partout dans le monde, est une « crise du savoir et de la science ».

Du rayonnement académique au questionnement éthique

Crise dont témoignent les travaux de plusieurs chercheurs comme Daniel Innerarity (Démocratie et société de la connaissance, 2015). La lecture de son ouvrage sur la démocratie et la société de la connaissance atteste que l’accès à l’information et à la connaissance (forcément aussi l’accès aux titres et aux diplômes) ne rend pas plus intelligent et que même on pourrait affirmer que ce siècle, au rayonnement académique et technologique si évident pour certains, condamne paradoxalement l’humanité à vivre « dans une société de la désinformation et de la méconnaissance ». Constat qui pousse d’autres chercheurs, comme Léo Coutellec (De la démocratie dans les sciences, 2013), à recommander la prise en compte de nouvelles exigences pour refonder l’épistémologie des sciences (un nouvel esprit scientifique optimisé) pour intégrer de nouvelles dimensions aux démarches d’élaboration et de certification des savoirs. Et ce besoin de basculer d’une science de rayonnement à une science de questionnement ne peut advenir que si les chercheurs et les experts tiennent compte de l’opinion des trouble-fêtes qui les critiquent pour attirer l’attention sur les inconvénients de l’enfumage du rayonnement de la société de la connaissance (Daniel Innerarity, 2015) et les limites du savoir utilitaire comme succès individuel.

Notre propos, dans cette tribune, visera à montrer que ce biais est de fait une variable contraignante d’ajustement culturel qui génère un endettement colossal par érosion de valeurs éthiques. Une variable qui s’inscrit comme élément de support d’un processus structurel dimensionné pour abrutir massivement et affaiblir inexorablement les peuples. Abrutissement et affaiblissement qui sont deux conditions nécessaires pour garantir et pérenniser le triomphe du libre marché (Pierre Bourdieu). Ce processus d’occultation de l’intelligence, par lequel le capitalisme sauvage parvient à embrigader le maximum d’universitaires, de chercheurs et d’intellectuels pour les transformer en influenceurs retentissant les échos de la sourde barbarie qui se joue au profit d’une minorité plus soucieuse de es finances et de ses rentes que de l’humain, n’est que le versant méconnu d’une guerre asymétrique (Amaël Cattaruzza, Géopolitique des données, 2019) qui prolonge les guerres esclavagistes, colonialistes, capitalistes et impérialistes sur le domaine cognitif.

Une guerre dont l’objectif avoué est d’asservir l’humanité par auto-aliénation en réduisant toute résistance collective pour ainsi minimiser les coûts de la violence, et ce tout en permettant la résurgence des barbaries ayant fait la gloire des puissances occidentales pendant les siècles de l’esclavage et du colonialisme. Et c’est ce qui caractérise justement l’enfumage du rayonnement académique : sa médiatisation comme succès a pour but de transformer ces variations barbares du passé (esclavagisme, colonialisme, nazisme) en des impostures démocratiques. L’impuissance et l’insignifiance des chercheurs et des experts, qui revendiquent le rayonnement académique, face aux incertitudes du réel, s’expliquent par l’incapacité de ces derniers à assumer les choix éthiques et méthodologiques qui s’interposent indispensablement entre savoir et action (Christiane Gagnon, Entre le savoir et l’action : choix éthiques et méthodologiques, 1987).

Comme on peut le comprendre, cette variable d’endettement éthique est une donnée capitale que les sociologues, cantonnés aux dogmes de leurs savoirs dépassés, ignorent à tort ; ce qui du reste les empêche d’approprier la théorie des systèmes et de trouver des leviers d’action pour faire face aux incertitudes du monde. L’endettement éthique est une donnée pourtant fondamentale pour comprendre l’impuissance et l’insignifiance des chercheurs et des experts face aux multiples crises que génère le néolibéralisme. En effet, si l’on croit Léo Coutellec, ce sont les liens de la connaissance « avec l’éthique qui lui donnent l’épaisseur suffisante pour affronter les problématiques humaines » (De la démocratie dans les sciences 2013). Et, manifestement, si l’on est satisfait de son rayonnement, si nulle frustration ne vient susciter des aigreurs pour inciter à questionner ce qui ne marche pas, et trouver ce qui peut mieux fonctionner, on restera sur ses lauriers et s’immobilisera dans sa zone de confort. Or, c’est hors de la zone de confort que se trouvent les clés du progrès.

En ce sens, le vrai rayonnement scientifique n’est pas dans la revendication d’un succès improbable, mais dans le questionnement éthique qui doit, sur la base de son inconfort, solliciter l’intelligence pour partir à l’assaut des forteresses de médiocrités qui aliènent les peuples et déshumanisent la vie. Autrement dit, il ne peut y avoir qu’un succès minimal insignifiant confortable, là où le rayonnement académique s’acoquine, par marronnage, par opportunisme, par accointances et par clientélisme, avec la criminalité. Comme l’a écrit le pape de l’épistémologie des sciences, c’est le sens du problème qui fonde la marque du véritable esprit scientifique (Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique, 1934). En paraphrasant Bachelard, on peut oser dire que le problème avec le succès académique revendiqué par les chercheurs et experts universitaires n’est pas une absence de rayonnement. Le problème est que le rayonnement de ces experts est un enfumage qui n'éclaire pas, car étant incapables d’assumer les choix éthiques, épistémologiques et méthodologiques qui s’interposent entre savoir et action, entre connaissance et intelligence, ces chercheurs, tout doctorés et auréolés de palmes académiques, ne peuvent ni problématiser, ni contextualiser et donc incapables d’objectiver les contraintes des incertitudes pour une action responsable. Comme tout ce qui brille sans éclairer ne fait qu’enfumer et aveugler, ce rayonnement indigent ne peut qu’occulter l’intelligence, notamment en raison du rôle utilitaire qu’il assume comme adjuvant permettant le succès d’une abjecte médiocrité politique.

L’écho-système des étouffoirs communicants

Pour acter de cet enfumage nous tenterons d’expliciter les mécanismes de fonctionnement par contre feux de ce rayonnement académique. Fonctionnement qui révélera au grand jour ce que l’on a cherché à maintenir dans l’ombre : les logiques du modèle économique qui sous-tendent les succès académiques des chercheurs et experts sont les mêmes qui activent les fumiers servant de succès aux politiques. Insistons sur le fait que ces logiques économiques sont médiatisées outrageusement comme succès pour amplifier les échos assourdissants d’un système injuste et inhumain, alors même qu’elles sont, selon Diego Gambetta (Les criminels sont la quintessence de l’Homo economicus, 2014), communes à toutes les organisations criminelles connues à ce jour.

Un tel processus de médiatisation confirme que l'écosystème merdiatico-académique du capitalisme sauvage, constitué des politiques, des médias et des experts, fonctionne à plein enfumage, en Haïti et aussi ailleurs, comme des PME de l'indigence. Pour peu que l'on se donne le temps de bien observer cette mécanique pestilentielle pour reprendre le concept de la presse « caca-pipi » du capitalisme barbarement déconfiné, on se rend compte qu'elle obéit au principe des vases communicants que l’on trouve dans la mécanique des fluides. Principe qui, dans le cas du rayonnement indigent, devient celui des étouffoirs communicants et s’énonce contextuellement ainsi :

Une pestilence homogène dégagée par plusieurs entités, reliées entre elles, par leur modèle économique et soumises aux mêmes injonctions diplomatiques et supra nationales, s'équilibre au niveau de l'enfumage qui sert de réussite à chacune d'elles. Ceci est vrai quels que soient leur rayonnement et leur prestige. Ainsi, il apparait que des ordures carbonisées dans les fumiers communicants distillent dans le vent des volutes pestilences de fumée qui étouffent la pensée ! C’est comme en commun biais de données : Garbage in, garbage out ! Pour contourner ce biais, le capitalisme sauvage a recouru à un artifice de taille : Donner un éclat académique, médiatique et technologique au déchet politique recyclé pour assurer sa réussite. Un artifice qui rappelle la loi de Burn de la corruption sociale appliquée à l’informatique : En effet, comme on sait que des bêtises introduites par des algorithmes de données dans un ordinateur produira encore des bêtises, certains se sont laissés dire qu’en faisant traiter ces bêtises par des ordinateurs HI TECH, on finira par les anoblir, ce qui dissuadera toute critique.

En ces temps indigents où les étouffoirs communicants, que sont les réseaux merdiatiques et les foyers #académiques peuplés d'experts et de chercheurs, fonctionnent à plein enfumage pour étouffer la pensée, occulter l'intelligence et ainsi garantir la résurgence de la barbarie, il nous faut de nouvelles exigences pour le savoir et la connaissance. Ceux-ci ne peuvent plus se contenter d’être des opportunités pour des réussites individuelles.

Problématiser les titres académiques

Empressons-nous de rappeler que ces critiques sont formulées dans le cadre de l’axiomatique de l’indigence, et ne visent pas à un individu ou un groupe d’individus en particulier. Elles cherchent à offrir un cadre intelligible pour comprendre les postures de soumissions et les impostures des universitaires qui utilisent leurs titres honorifiques et leur rayonnement académique comme succès pour snober, impressionner, intimider et jouir sans responsabiliser leur savoir dans le contexte de l’effondrement de leur pays. A ce propos, on notera qu’au-delà des logiques économiques, il y a aussi une logique de jouissance et d’encanaillement qui relie les étouffoirs communicants de l’indigence. Car au fond, ce sont les mêmes qui pour, masquer leur impuissance et leur insignifiance, recherchent les exutoires de l’exubérance pour s’encanailler et jouir de la vie, malgré la déshumanisation qui la caractérise.

C’est d’ailleurs pour cela qu’aucune lutte pour le changement n’est viable en Haïti, puisque les fumiers de l’indigence sont interconnectés par leur enfumage de succès : Livres en folie, Jazz en folie, Festi-Rara en folie, Carnaval en folie, Festival des fleurs en folie, Burger King en folie, Massi Madi en folie, Rhum en folie, Rabòday (musique des ghettos) en folie, Krèy (orgie) en folie sont des concepts médiatisés pour abrutir le plus grand nombre par gommage des différences idéologiques afin d’affaiblir la résistance politique contre l’indigence. Comment ne pas se rappeler de ce titre imprudent et maladroit par lequel un blogueur influent d’Ayibopost célébrait le triomphe du marketing : Vive le marketing, l'idéologie est morte ! A l’évidence, de son lieu de succès confortable, avec la pensée merdiatique unique, l’idéologie est morte, et c’est tant mieux. Ce contre quoi nous avions pesté de colère dans cet article.

Quand ceux qui s’affrontent pour le statu quo et pour le changement, sont les mêmes qui se rencontrent aussi souvent dans des espaces de folie et de jouissance pour partager les mêmes appétences pour l’encanaillement, difficile de miser sur un engagement authentique. Car, comme l’a révélé le clash à Étonnants Voyageurs entre Lyonel Trouillot et la ministre de la culture Emmelie Prophète (disponible ici), il y aura toujours une injonction diplomatique venue en haut lieu pour rappeler que dans ces espaces de jouissance, au nom de la culture, il faut taire les divergences politiques. Comme si la culture était un encanaillement universellement partagé.

Un épisode qui conforte la valeur de l’adage : nul ne s’acoquine si fréquemment dans les mêmes espaces de jouissance et de luxuriance sans se transmettre la même pestilence. Malgré l’insolence de ces mots, on tachera de ne point oublier ces mots d’André Gide : « C’est souvent quand elle est plus désagréable à entendre qu’une #vérité est le plus utile à dire ». Et c’est justement l’absence d’un tel courage, pour oser dire ce qui choque et dérange, quitte à se faire des ennemis et à perdre des opportunités d’affaires, qui facilite le triomphe de l’indigence. C’est hors de la zone de confort que fleurit la vraie intelligence, et la vraie #réussite. Celle qui n’est pas médiatisable et médiatisée, car ne s’acoquinant pas avec la criminalité pour un peu de succès. Succès improbable dont le spectre n’est qu’un enfumage allant de l’insignifiance à l’incohérence.

Nous croyons résolument qu’il est impossible d'expliquer, de manière cohérente, l'impasse du monde actuel, sans ne pas tenir compte de l'état infect dans lequel vit la pensée humaine (scientifique, culturelle et médiatique) à l'ère de capitalisme sauvage. Dans ce monde régi par la Corruption, l'Obsession de la réussite médiatique et la Négation de la vérité, tout expert est un Con Intellectuellement Ajusté par l'endettement éthique qu'il a contracté pour être promu dans la lumière académique de la réussite. De nombreux titres universitaires dans le monde entier ne sont que des gages et des redevances disséminés pour stabiliser « l’horizon temporel » du néolibéralisme en fabriquant de nouvelles impostures et de nouveaux mythes.

Ce rayonnement académique reste profondément douteux, car il vise des objectifs de déshumanisation qui suscitent des questions qu’on ne peut occulter sans être humainement médiocre.

  • Comment maintenir la barbarie avec d’autres armes (plus subtiles) et avec des bourreaux plus sympathiques ?
  • Comment inciter à obéir à des ordres insensés, inhumains jusqu’au bout de sa propre déshumanisation, de son propre effondrement ?
  • Sur quelles impostures ce système barbare doit-il s’appuyer pour se perdurer sans reproduire sans cesse l’horreur des massacres comme celui de la commune de paris ?
  • Comment et où recruter les nouveaux bourreaux qui se prêteront si facilement, si silencieusement, si indignement, si inhumainement au jeu de la barbarie pour ce nouvel ordre ?
  • Comment le système récompense-t-il ces nouveaux bourreaux ?

Toutes ces questions sont condensées dans la séquence du film I comme Icare (disponible ici) de Henri Verneuil (1979) qui met en scène l’expérience de Milgram de la soumission à l’autorité (1963). Le réalisateur de ce film semble inviter les spectateurs à fouiller, à farfouiller, à s’agiter, à se trépigner d’intranquillité pour découvrir la vérité par-delà l’acquis : dans le nouvel ordre mondial basé sur la rente financière et la criminalité géopolitique, ce sont les universitaires qui sont les bourreaux et les gardiens de la barbarie. Car plus le vernis académique est éclatant, plus les gens se rendent disponibles pour la soumission, la servitude vis-à-vis de la barbarie. On conditionne la soumission, non plus par la violence, mais par le prestige d’un titre académique. Et puisque « Le travail intellectuel, comme toute œuvre humaine, est le reflet d’un état d’esprit qui dépend en partie des conditions de vie dans toutes leurs dimensions (affectives, cognitives, matérielles, etc.) », il y a lieu que chacun se pose ces questions : « Et vous ? Jusqu'où seriez-vous prêts à aller pour un peu de réussite ? A quelle autorité obéissez-vous ? Pouvez-vous désobéir à vos instances intérieures ? »

En ces temps de kakistocratie universitaire, où l’insignifiance, l’inconscience et l’insouciance sont [promues comme succès pour fructifier l’impuissance, générer l’incompétence et faire rayonner l’indigence par les réseaux d’accointances, la société ne peut se contenter que ses universitaires, ses experts mettent en avant le prestige de leurs titres, l’éclat de leur proximité avec les grandes universités du monde sans se demander comment agir sur le réel défaillant qui déshumanise la vie. Il va de soi que les cheminées visibles au-dessus des fumiers qui laissent échapper les volutes des cendres des ordures calcinées sont des succès certains pour les étouffoirs communicants. Mais, une société collectivement responsable et exigeante a besoin davantage que cet enfumage, car il lui faut en permanence de longues bouffées d’air éthiquement pressurées pour la maintenir dans des conditions humaines et dignes de respiration, de concentration, de mobilisation et d’action.

Et pour finir osons, dans le creux de nos colères intelligentes et la crête de nos aigreurs éthiques, une dernière insolence pour la route : Si la criminalité réussit et prospère, c’est parce qu’elle sait pouvoir compter sur l’impunité de la justice que consolident la cécité, la surdité et l’opacité de la société qui devient toujours la complice active des succès médiocres qu’elle tolère. De même si l’indigence prospère, c’est parce qu’elle sait compter sur l’insignifiance, l’inconscience, l’insouciance et l’indifférence des lettrés, des diplômés et des doctorés dont l’impuissance révèle toujours une forme d’incompétence.

Si les cheminées qui surplombent les fumiers enfouis et qui laissent échapper les cendres des ordures calcinées et carbonisées sont des succès pour les étouffoirs communicants, elles ne le sont pas pour cette petite part rebelle et insoumise qui, contre tous les succès merdiatico-académiques, cherchent humblement, mais dignement à laisser retentir des notes de vibrations poéthiques comme des ferments de responsabilité à disséminer pour faire murir des printemps de colères et hâter une écologie d’apprenance et d’exemplarité pour Haïti.

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