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Au nom de la pensée critique, dans un écosystème où tout est dysfonctionnel depuis des décennies, il est cognitivement salutaire d'apprendre à douter de la renommée des institutions qui possèdent les experts les plus académiquement étoffés. Pour cause, ce sont ces institutions qui garantissent la confiance et la loyauté dans le système dominant. Ainsi, leur évidence "institutionnelle", fondée sur une renommée, du reste jamais questionnée, diffuse les valeurs dominantes qui masquent le réel, floutent la vérité, occultent la complexité des contextes géopolitiques pour mieux aliéner la conscience et la dignité humaine au profit du libre marché.
En conséquence, ces institutions de grande renommée, comme L'ONU, l'OMS, le PNUD, l’Unicef, l'USAID, l'Union Européenne, La Banque Mondiale, le FMI, pour ne citer que celles-là, sont les lieux les plus médiocres et les plus incompétents du monde.
Toute l'intelligence de ce postulat repose sur la capacité à modéliser la médiocrité et l'incompétence comme des marques culturelles qui ne sont guère indissociables du fait de disposer des ressources humaines ayant fait de grandes études ou ayant de prestigieux diplômes. C'est justement la dimension paradoxale "d'avoir un titre sans être" imprégné de valeurs éthiques inspirantes qui est mis en avant pour masquer la médiocrité et l'incompétence dans certaines organisations internationales.
D'ailleurs, selon le professeur de sociologie à Oxford, Diego Gambetta, certaines organisations promeuvent l'incompétence comme valeur suprême au même titre que la mafia. Et cette valeur de l'incompétence, qui fait le lien entre la mafia tout court et la corruption universitaire, est la force de reproduction du libéralisme. Promouvoir la médiocrité et l’incompétence est la règle dans certaines organisations, car ces deux méthodes permettent de s'assurer de la loyauté de la part de leurs cadres et de leurs fonctionnaires. Non, la mafia n'a jamais le profil que l'on croit, elle se pare de plus en plus d'atours académiques, scientifiques, médiatiques et philanthropiques pour mieux s'imposer au monde.
Ainsi dans certains pays, comme Haïti, de génération en génération, le management stratégique international, Onusien, Étasunien et Européen qui dirige le pays en sous-mains, s'est arrangé pour choisir, dans tous les domaines, politiques, académiques, littéraires, scientifiques, ceux qui ont le moins de valeurs éthiques, de pire en pire, jusqu’à ce qu’on en soit à ce niveau d’incompétence tel que le système n’est plus capable de distinguer entre un incompétent et un compétent...car les deux ont les mêmes titres, les mêmes diplômes et travaillent pour les mêmes institutions.Une grande part du problème haïtien est là, dans ce vide qui laisse grandir l'enfumage selon lequel, il suffit d'avoir un diplôme ou de jouir d'une bonne réputation pour être capable de performance et être digne de confiance. On oublie que chacun de ceux qui sont promus n'est qu' un maillon actif dans un cycle de rétroactions, d'interactions au service d'un ensemble de processus verrouillés sur la médiocrité et l'indigence. Regardez, en l'espace de 20 ans, combien nombreux sont les universitaires, les professionnels et les intellectuels haïtiens qui se sont prostitués pour occuper un poste de ministre, de consul, de directeur général ou autre....Et la société est toujours encline à faire confiance, à priori, à ces mercenaires rien que pour leurs titres, rien que pour leurs accointances avec le blanc...D'où la déception qui vient toujours amplifier l’impuissance et rendre la mobilisation collective plus improbable.
Voilà pourquoi, il faut une pensée insolente et dissidente pour défier l'insignifiance qui se dissimule derrière ces impostures institutionnelles, universitaires, médiatiques et académiques. Comme dit Gambetta, pour penser avec intelligence, il faut s'éloigner de l'évidence et du sens commun. Et ce besoin de s'éloigner du sens commun est une priorité pour Haïti qui ne peut plus continuer de s'enliser dans le marasme de cette indigence qui fait vivre nulle part ailleurs la dictature du privilège blanc. Tout insignifiant blanc qui débarque à Port-au-Prince est par défaut un expert pour les organisations internationales. C'est là qu'on recrute les experts qui vont conseiller les ministres et les hauts fonctionnaires sur les réformes à mener. Voilà pourquoi en amont ces organisations s'assurent qu'à tous les niveaux le pays ait la représentation la plus médiocre, la plus immonde pour qu'il n'y ait jamais de remise en question de ce privilège blanc. Le premier qui osera dénoncer ce fait sera blacklisté dans toutes les ONG. C'est par cette contrainte de précarité que les organisations internationales font régner l'indigence en Haïti. Qui, sans avoir de nobles valerus d'engagement, osera remettre en question un système qui lui assure entre deux à trois mille dollars américains par mois dans un pays où 80% des gens sont au chômage et vivent avec moins de 2 dollars américains par semaine ?
Les diplômes et les titres qui sont mis en avant pour vendre la renommée de certaines organisations internationales ne sont qu'une escroquerie de plus du néolibéralisme qui s'appuie sur ses fondantamentaux mafieux pour fidéliser des mercenaires qui en retour se montreront loyaux envers le système.
C'est un système de crédit honorifique qui fonctionne comme le système de crédit de promotion par l'incompétence chez les mafieux. Plus tu es incompétent, plus tu seras loyal envers tes patrons. Voilà si on creuse un peu, in peut voir que toutes les organisations internationales qui sont en Haïti ne sont que des ramifications de la mafia.
Voilà pourquoi Haïti ne peut pas se révolter contre l'indigence qui la maintient en agonie. Toutes les réussites dans le pays sont articulées autour des forces qui précarisent l'écosystème. Il faut être suicidaire pour penser avec intelligence et dans la dissidence en Haïti. Déjà, penser est un crime dans un pays où tout un chacun recherche les lieux marécageux les plus obscurs, car dit-on les plus poissonneux, pour se remplir la panse. Dans un pays comme Haïti, ce ne sont pas les slogans pour le changement qu'il faut suivre pou avoir une idée du besoin du changement, mais les liens professionnels que les gens développent avec le système. Car, c'est le lien qui donne sens à tout. Et c'est du reste aussi pourquoi, c'est en redimensionnant, selon des axes de valeurs inspirantes, les liens de ceux qui sont le plus influents avec leur écosystème qu'on pourra faire émerger l'intelligence collective pour redonner du sens à tout.
C'est là enfin qu'Haïti commencera par se reprendre en mains pour orienter son destin. Mais encore faut-il qu'il y ait quelques esprits dissidents, insolents et suicidaires pour dire qu'il faut davantage s'intéresser à l'écosystème des données du pays pour questionner la reliance entre les processus décisionnels qui conduisent à l'élaboration des politiques publiques, l'évaluation des projets des agences internationales et des organisations non gouvernementales et au dispositif d'éducation et de formation des ressources humaines du pays.
Manifestement, si ceux qui sont influents, et qui sont au sommet de la hiérarchie managériale, sociale, économique, politique et académique en Haïti, n'étaient pas incompétents et médiocres, ils auraient longtemps commandité une cartographie des processus et une géométrie des données pour comprendre pourquoi la corruption, la défaillance émergent toujours comme résultats des stratégies de la communauté internationale ? Pourquoi l'OMS, l’Unicef, le Fonds Mondial disposent de budgets faramineux pour recruter des experts insignifiants qui n'apportent aucune valeur ajoutée aux institutions de santé du pays, alors que depuis 12 ans on reconstruit le plus grand hôpital universitaire du pays a l’intérieur duquel les malades sont disposés sur des lits supportés par des blocs et ont chacun leur trousse de survie comme des clochards qui attendent de mourir. Cette illustration en dit long sur le privilège blanc en Haïti : alors que les blancs récoltent et utilisent à leurs fins (salaires mirobolants, voitures de luxe, primes de risque) des milliard de dollars au nom du peuple haïtien, celui-ci agonise sous les yeux des experts onusiens qui livrent des "produits médiocres" aux médiocres qu'ils ont choisi pour diriger le pays.

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Quand un peuple accepte de s'accommoder du pire pour survivre dans l'indignité, il devient un fossile anthropologique. C'est justement pourquoi il devient urgent pour Haïti d'affirmer sa dignité en se drapant dans les étendards de la dissidence et de l'insolence pour renouer avec l'intelligence.