Grâce à l'ami Velveth, j'ai dévoré hier soir le livre de Nina Power, que je me suis fait offrir séance tenante, après avoir découvert sur le Net ses premiers chatpitres. Je ne saurais trop le recommander. c'est le meilleur bouquin sur ce sujet que j'aie lu depuis "Les enfants de Jocaste".
Drôle, radical, d'une rigueur imparable et sainement iconoclaste, il renvoie les dérives mercantiles du "nouveau féminisme" à ses calculs sordides et son formatage de l'image de la féminité. A lire absolument.
Une de ses thèses, pourtant, me laisse perplexe. C'est celle, assez répandue, qui consiste à dire que les femmes ne sont pas naturellement compétitrices, mais que leur agressivité sociale a été un modèle imposé par un monde d'hommes. C'est plus subtil chez Nina Power, mais cela reste latent. Je n'ai pas autant étudié la question que l'auteure, mais toute mon expérience et mes nombreuses lectures me suggèrent le contraire : la femme motivée peut être une redoutable compétitrice, ajoutant à sa détermination l'usage des ruses et des subterfuges.
Loin de moi l'idée d'entrer dans le tri inné-acquis, dans ce domaine, mais il suffit de regarder une cour de collège et ses crêpages de chignons (ou de dreadlocks) pour le constater au quotidien. Ou les chiffres de la délinquance par agression chez les adolescentes.
L'image du "care" , c'est à dire la résolution du vivre-ensemble par les valeurs du maternage que voudrait nous vendre Martine Aubry, ne me rassure pas : il suffit de voir son match avec Ségolène Royal pour imaginer la suite.
Certains, recyclant Freud, déplacent la question en s'interrogeant sur la motivation : qu'est-ce qui motive une femme pour qu'elle entre en compétition avec ses congénères : "que veulent les femmes " ?
Le chapitre traitant de la "libéralisation" du sexe est à ce propos éloquent : être femme aujourd'hui, dans les magazines et les séries TV, c'est posséder et consommer. Y compris des hommes. Tout en devisant avec les copines pour savoir si le dernier attrapé est "l'Elu", c'est à dire le reproducteur qui va assurer la lignée ou, pour les traditionnalistes, reconstituer la famille nucléaire : Monmari, Mesenfants, Mamaison.
Celles qui ont cru en la solution du géniteur jetable découvrent de sévères désillusions à l'adolescence de leurs enfants, et une reproduction de schémas embarrassante. De même, les tentatives de communautés sexuelles échappent rarement longtemps au pyramidal et à la dérive sectaire...
Mais alors, pour les femmes à qui il arrive encore de désirer des hommes, et pas seulement le temps de procréer, quel sera la solution (j'allais écrire "stratégie " !!) pour sortir du schéma de la compétition entre femmes ?
Tolstoï écrivait au soir de sa vie : "La moitié de l'humanité est réduite en esclavage, et c'est la faute des femmes. Elles se sont tranformées en armes d'assaut de séduction" C'est beaucoup dire, mais cela a un sens.
L'image fondatrice de toutes les guerres, celle de Troie, ne prend pas d'autre prétexte : si Hélène à l'air de trahir Ménélas avec Pâris, c'est qu'elle est manipulée et dédoublée par une Déesse vexée d'avoir perdu un concours de beauté. Mme de Fontenay sur l'Olympe.
Voila qui en met un vieux coup à l'image de la femme pacificatrice, maternante et soignant inlassablement les effets de la violence des hommes.
Je n'ai pas de réponse, pas de théorie, pas de conclusion.
Simplement, j'espère que la prochaine étape de la féminité ne sera pas incarnée par Sarah Palin.
Enfin, on ne se moque pas. Nous, on a Marine Le Pen et Michèle Alliot-Marie.