J'ai envie d'écrire un hommage à cet acteur rare et honnête que j'ai eu la chance de rencontrer, et qui a été mon hôte un court moment.
Je me souviens qu'il tenait le rôle de Jean Jaurès dans une grande reconstitution de plein air, près de Carmaux, il y a une vingtaine d'années. Je l'ai vu refuser un chantage, au risque de payer un énorme dédit. Après six mois de travail avec une équipe locale, composée essentiellement de "stagiaires" et de bénévoles, la production voulut imposer, une semaine avant la première, une équipe régie venue de Paris et bien payée. Tout le travail était fait.
Bernard-Pierre Donnadieu exigea de continuer à travailler avec l'équipe qu'il connaissait, qui avait tout construit depuis le début, et menaça de ne pas jouer dans le cas contraire. Il eut finalement gain de cause.
Je connais peu d'acteurs qui auraient encore le courage de ce compagnonnage face à une production.
C'était la bonne école. Elle est en train de disparaître, à l'âge du "chacun pour soi".
Bon vol, Bernard-Pierre. Donne à Dieu une petite tape sur la tête, qu'il se réveille : il laisse faire des choses qui ne te plairaient pas.
Explique lui la vie, toi qui as la moëlle...