Cette question peut se poser dès maintenant et à plusieurs d'entre vous. Mais imaginons nous un instant dans quelques décennies. Les sciences n'auront plus à prouver que le bien-être animal est impossible en cage, impossible avec la castration à vif, impossible dans un modèle industriel, impossible avec l'exploitation animale. Le fait que les animaux ont une conscience analogue à celle des humain.e.s, comme l'ont déclaré des scientifiques à l'université de Cambridge en 2012, sera une évidence. Les intérêts de la cause animale seront défendus comme problématique sociétale nécessaire, comme cela se dessine déjà de nos jours. Les chiffres, vous les avez. Vous les avez puisque plusieurs associations, militant.e.s et bénévoles, vous ont contacté.e.s, et même rencontré.e.s, pour vous les soumettre et vous demander de prendre en compte ces choix de société. Vous les retrouverez dans ce dossier, avec les amendements que ces dizaines de milliers de citoyen.e.s vous demandent de voter avec l'appui de millions de Français.e.s.
Vous avez rejeté ces choix de société une première fois, la nuit du 19 au 20 avril 2018, en écartant tous les amendements favorables au bien-être animal dans le projet de loi issu des États généraux de l'alimentation. Alors même que ces États généraux faisaient ressortir en priorité des mesures de bien-être animal. Et malgré le fait que dans ces amendements se trouvaient des promesses de campagne du président Macron.
Ainsi, en sachant, entre autre, que 90% des français.e.s sont contre l'élevage en cage des poules pondeuses, et que 85% sont pour le contrôle vidéo dans les abattoirs, le rejet de l'amélioration de la cause animale est plus que déplorable. Étant non seulement un non-sens démocratique il est aussi un contre-sens économique et surtout un contre-sens éthique.
Alors, lorsque vous ne serez plus député.e.s, et bien même que vous le soyez encore, que répondrez-vous à vos petits-enfants ? Quand ceux-ci sauront que vous n'avez pas agi pour empêcher que 33 millions de poules pondeuses vivent à 16 sur un mètre carré. Quand ils sauront que vous n'avez pas agi pour éviter la castration à vif des porcelets, alors même que cette pratique est dépassée comme l'ont déjà compris nombre de nos voisins européens. Quand ils sauront que vous n'avez rien fait pour assurer une vidéosurveillance dans tous les abattoirs français comme le demande la majorité de la population. Quand ils sauront que vous n'avez rien fait pour interdire le transport et l'abattage de "bêtes gestantes", ou autrement dit de mères.
Et ils le sauront. Ils le sauront car nous sommes des dizaines de milliers aujourd'hui à défendre une société éthique, cultivant un rapport à l'animal apaisé, c'est-à-dire sans exploitation. Nous sommes des dizaines de milliers aujourd'hui, alors que nous n'étions que quelques milliers dans les années 2000. Nous serons des centaines de milliers demain, et des millions après-demain. Bien plus vite que vous ne pouvez le prévoir. Ils le sauront donc car nous ne lâcherons pas. Ils seront d'une génération plus éthique, qui n'ignorera plus les souffrances que provoque l'exploitation des animaux par l'être humain. Si vous choisissez de passer à côté de l'évolution éthique que nous vous proposons la semaine du 22 mai 2018, nous ne lâcherons pas pour autant. Nous continuerons d'assurer le bien d'utilité publique qu'est l'information du citoyen sur les méthodes d'élevage et d'abattage. Nous continuerons de vous interpeller. Nous continuerons d'informer les plus jeunes et les sphères de pensée. Nous continuerons de nous lever contre un système spéciste, conservateur, qui est en déclin. Mais l'ampleur de ce déclin dépend de vous.
Alors, si vous faites le choix de l'ancien monde, que direz-vous aux jeunes du nouveau monde, vos petits-enfants ?
Leur direz-vous que ce n'était pas le moment de voter pour le bien-être animal car une petite minorité d'humain.e.s avait des intérêts financiers à exploiter les animaux ? Leur direz-vous que le sort des animaux vous importait peu ? Leur direz-vous que la question de la souffrance est moins importante que celle de la finance ? Leur direz-vous que la vidéosurveillance n'était pas nécessaire car des associations s'en occupaient ? Mais que, en même temps, ces associations voyaient leur travail d'enquête de plus en plus risqué puisque les lanceurs et lanceuses d'alertes étaient alors la cible du gouvernement du moment ? Leur direz-vous que, finalement, ce qui comptait ce n'était pas le sens de la justice mais votre carrière politique et les intérêts économiques de certains lobbys ? Car, si ce n'est pas de cela dont il s'agit, de quoi s'agit-il alors ?
Vous voyez bien que cela ne tient pas. Écoutez votre bon sens, votre empathie. Voyez plus loin que lesdites contraintes économiques et pensez : interrogez votre humanité. Castreriez-vous vous-même un porcelet à vif ? Non ? Alors, utilisez votre libre arbitre et vos compétences de député.e pour que cela cesse dans votre pays. Apprendrez-vous à votre petit-enfant à enfoncer un tuyau dans le jabot d'une oie, juste pour pouvoir déguster en quelques secondes de plaisir son foie gras ? Non ? Faites en sorte que cela cesse pour que votre petit-enfant ne soit pas amené, un jour, à exercer cette tâche.
Mais, seriez-vous fier de dire à vos petits-enfants : "J'ai aboli les élevages en cage des poules pondeuses et ainsi empêché que l'on enferme 16 poules par mètre carré dans le simple but du profit. J'ai fait cesser le transport et l'abattage de vaches porteuses de veaux. J'ai mis un terme à la torture que représentait le gavage des oies. J'ai, grâce à mon mandat, fait avancer notre société vers plus d'éthique, en prenant en compte l'avis de la majorité des Français.e.s."
Oui ? Alors, mesdames et messieurs les députés de la majorité, agissez avec votre bon sens et votre empathie dans la semaine du 22 mai 2018. Usez de votre humanité et non de vos intérêts personnels. Soyez humains, allez vers plus d'éthique. Dès lors, vous n'aurez pas à avoir honte dans quelques années, lorsque des femmes et des hommes politiques sensibles à l'éthique de leur temps auront voté ces amendements à votre place. Car si ce n'est pas vous qui agissez pour le bien-être animal aujourd'hui, ce seront les femmes et les hommes politiques de demain qui le feront. Car l'éthique, que vous le vouliez ou non, se met en marche. Et elle marche sur deux jambes : l'une est la réflexion et l'autre l'humanité.
Enfin, quoi de plus significatif que cette citation de Mahatma Gandhi pour conclure : "On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités." Et, en cette semaine du 22 mai 2018, vous avez le pouvoir de faire grandir notre nation.
ES