L'ensemble de l'État, ses différentes structures, le grand patronat, leurs innombrables relais institutionnels et culturels ici et ailleurs, sont de grands professionnels à bobards. Ils ont été formés pour nous faire prendre des vessie pour des lanternes et pour vivre sur notre dos. Les retraites : un cas d'école.
Aujourd'hui. 15 septembre 2022. Paillettes et confettis. On régale la galerie avec l’impressionnante publication du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR). Petits fours ! Champagne à tous les étages ! « De 2022 à 2032, la situation du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5 point de PIB à -0,8 point de PIB en fonction de la convention et du scénario retenu ».
Sortez les mouchoirs ! En veux-tu en voilà, c'est la mitraille à bobards.
Ils n'ont que ça à faire. 1er septembre 2022. Première ministre, Elisabeth Borne. « Si l’on veut avoir un modèle social généreux - le terme peut heurter certains-, si l’on veut financer un modèle social protecteur, il faut avoir des ressources. On ne peut pas se priver d'une partie de notre capacité de travail pour créer des richesses, c'est aussi important pour pouvoir demain financer la transition écologique ».
Le seul modèle social protecteur à promouvoir, Madame Borne, c'est de vous interdire de travailler, vous et toute la bande organisée que vous représentez. Tellement le profit, la prédation, la malveillance vous servent de boussoles. Vous interdire de travail, mais pas de ressources. Nous ne sommes pas des bourreaux. Nous sommes les partageux ! « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », selon le fameux adage de Louis Blanc. 1851. Qui a déjà plus de 150 ans dans les pattes.
Un bobard de solidarité.
Nos retraites. L'ambition des capitalistes est préhistorique. Car ça fait un bail qu'ils salivent dessus. Avant 1946 : pas de retraites. Les vieux ouvriers pouvaient crever la gueule ouverte. Ça ne leur posait aucun problème. D'ailleurs, vieux ou pas vieux, ça ne leur pose aucun problème de nous dézinguer. Il suffit de se repasser les attendrissantes paroles d'un illustre prédécesseur. Le bourreau de la Commune de Paris. Adolphe Thiers.
À l'Assemblée nationale. 1850. « Ainsi à côté de la précarité, condition inévitable des travailleurs, se trouve placée la solidarité. Mais attention le travailleur précaire que nous rencontrons sur notre chemin, qui touche notre cœur, dont la vue nous arrache un sacrifice, n'a cependant pas le droit de nous forcer à le secourir. S'il voulait nous contraindre à venir à son secours, nous extorquer ce que nous sommes portés à lui donner, ce ne serait plus un être sacré, ce serait un malfaiteur. »
La solidarité de Madame Borne au XXIe siècle c'est pareil. « À chacun selon son pognon sinon je t'éborgne. » La solidarité capitaliste : une règle de trois. 1.Capital. 2.Précarité. 3.Solidarité. Je te vole ton travail, je te prête ton pognon, tu me rembourse après. Une machine à bobards de A à Z.
Et ils le font très bien. De façon très naturelle. Sans se forcer. Avec leur dégaine de jeunes premiers, leurs robes Hollywood, leurs costards flamboyants, leurs campagnes de communication à la winwin, leur mépris, leur langue de bois, leurs bonnes manières, rien n'est assez gros pour dissimuler, une fois pour toutes, leurs aspirations préhistoriques. La nécessité de nous fusiller socialement, économiquement, culturellement. Pour garder le pouvoir sur notre travail. Et en faire une montagne de profits.
Répartition : vaccin à bobards.
Les retraites. C'est l'histoire de leurs catastrophes. Car la capitalisation ça ne marche pas. Historiquement ça ne marche pas. En 1853, faillite de la capitalisation pour les pensions des officiers de l'armée. En 1850 ils lancent la caisse vieillesse : faillite en 1884. En 1910 ils lancent la caisse des retraites ouvrières, faillite en 1928. En 1928 ils lancent les assurances sociales, faillite en 1941.
La capitalisation est une technique qui ne marche pas pour nous, les assurés sociaux.
Les capitalistes le savent. Pour eux c'est à chaque fois une occasion de se mettre nos salaires sous la dent. Il faut attendre 1946 pour que nous puissions prendre le dessus. Avec le Parti Communiste au pouvoir et la CGT à la manœuvre. Nous réussissons à imposer la technique de la répartition contre la capitalisation. Nous sommes au cœur de la bataille des retraites.
Avec la répartition on prend une part de la richesse produite dans l'année par le travail et on la distribue directement, en salaires, en direction des salariés. Qu'ils soient actifs ou retraités, parents ou soignants. La technique de la répartition n'a rien à voir avec un salaire différé, ni avec une solidarité intergénérationnelle ou interfamiliale.
La répartition s'oppose au profit. Ce n'est pas un magot, une capitalisation, qu'on met de côté pour pouvoir spéculer et pour l'utiliser en cas de besoin. La technique de la répartition utilise la richesse produite dans l'année même pour répondre à tous les besoins de l'année et constituer le revenu de chaque salarié. Personne ne se trouve exclu de la répartition. 2021. 2500 milliards de PIB (https://www.insee.fr/fr/statistiques/6438733?sommaire=6438793).
C'est le pognon de dingue que nous avons tous produit en une année. C'est ce qu'il reste une fois qu'on a enlevé toutes les dépenses. 2500 milliards d'euros! En 2021 on est 51 746 522 à avoir vingt ans et plus (https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381474). Ça nous fait du 4000 euros par mois.
Pour les actifs, femmes, hommes, intermittents, sans emplois, étudiants, soignants, retraités, parents qui prennent en charge les enfants en bas âge. « Si par hasard il y avait une différence avec votre feuille de paye, nous déclinons toute responsabilité et nous vous prions de vous adresser au SAV Macron & Cie ». Car lui, sa bande de charlatans, le grand patronat ont gardé la différence. Et jurerons par tous leurs saints que « c'est pas moi, c'est la dette ». « La guerre en Ukraine ». « Le covid ». « Les terroristes ». « La croissance ». « Les vieux ». « Les jeunes ». « Les immigrés ». « La religion ». « La transition écologique ». « Le réchauffement climatique ». « Les pompiers ». « Les profs ». « Les cheminots ». « Les feignasses de chômeurs ». « La CGT ». Ce sera tout ce que vous voulez, mais surtout pas les capitalistes. Ils ont le sens de l'organisation lucrative.
Et des bobards pour nous faire passer des vessies pour des lanternes.
La Sécu : révulsif à bobards.
En 1946 c'est la Sécurité sociale des travailleurs. Elle enterre celle qui existait avant. Celle du grand patronat. Les cocos et les CGT ferraillent en 1946 pour populariser le régime général de la Sécu et instituer des principes d'avenir contre le capitalisme d'hier et d'aujourd'hui : caisse unique, suppression du plafond de Sécurité sociale, intégration de tous les régimes complémentaires, taux de cotisation interprofessionnel unique, hausse massive du taux de cotisation, gestion par les seuls salariés, exclusion des employeurs et de l'État de la gestion de nos salaires, extension du statut de producteur aux parents, aux soignants, aux retraités contre la suprématie du productivisme industriel.
La technique de la répartition s'appuie sur celle de la cotisation. C'est le fer de lance d'une révolution sociale, politique, culturelle qui mettra du temps à prendre toute son ampleur et à s'imposer dans les mentalités. En 1946, c'est le doublement du taux de cotisation salariale et patronale qui passe de 8 à 16%. C'est le triplement du montant des allocations familiales. Dans les années 1960, c'est une augmentation considérable du taux de cotisation maladie qui financera sans emprunts, sans banques, la création des centres hospitaliers universitaires et le conventionnement de la médecine de ville.
Dans les année 70, ce mouvement de hausse se poursuit. De 1970 à 1983, le taux de cotisation passe de 42 à 61%. De 7 à 17% pour la cotisation salariale. De 35 à 44% pour la cotisation patronale. C'est la hausse du taux de cotisation vieillesse. Avant 1970 la retraite représentait 40% du salaire à 65 ans ; en 1972, on est passé à 50% du salaire. Jusqu’en 1983 les cotisations salariales et patronales augmentent régulièrement. Pour une population qui est passée de 40 millions d'habitants en 1946 à plus de 67 millions en 2022, c'est la victoire de l'augmentation de l'espérance de vie pour l'ensemble des travailleurs.
En 1910, l'espérance de vie des ouvriers est de 48 ans. Jusqu'à la fin des années 60, l'espérance de vie des ouvriers ne dépasse pas 65 ans. Aujourd'hui elle est de 80 ans. La retraite à cessé d'être l'antichambre de la mort pour devenir une nouvelle étape dans le cours d'une vie. 76 ans d'existence pour la Sécu.
Mais il n'y a jamais eu de trou de la Sécu. Sauf dans la bouche de ses ennemis. Sauf dans les bobards comptable de la Cours des comptes, de l'État.
Le seul et unique gouffre qui existe c'est celui du Capital. Le gouffre qui fait disparaître plus de 5000 lits d'hôpital en pleine crise sanitaire.
L'abîme qui depuis plus de vingt ans démantèle l'hôpital public et la recherche publique. Le trou noir, le « Black Rock », qui organise la destruction des pensions de retraites. Et tant d'autres calamités. Pour les retraites, hier et aujourd'hui, ça n'a jamais été un problème de vieillissement de la population, ni du rapport entre actifs et retraités. L'enjeu c'est ce dont on a besoin et la somme totale prise sur le PIB par le biais des cotisations.
L'enjeu c'est de socialiser l'ensemble du PIB. Et de mettre dehors le principe de profit qui ne sert à rien. Nous l'avons fait en 1946. Des salariés par milliers dans les rues. L'auto-organisation sociale comme principe vital contre le Capital et contre l'État. Nous en avons récoltés les fruits aujourd'hui. Nos parents toujours en vie à 86 ans avec 30 ans de retraite.
Et continuer à rire ensemble, à se prendre dans les bras, à râler parce que le corps fout le camp.
A nous de continuer.
Courage à tous.
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