Une violence sans limites
Sous les yeux nous avons le fonctionnement normal du capitalisme. Aujourd'hui pour le ministre Véran L'HÔPITAL EST « SUR UNE BONNE TRAJECTOIRE ». Aujourd'hui pour le banquier Macron comme pour Thiers au XIX siècle nous sommes sur « LA BONNE TRAJECTOIRE ». Le capital, la précarité, la solidarité capitaliste vont ensemble.
Les capitalistes savent comment prendre soin de nous. Leur solidarité est à la mesure de leur précarité. A quelques mots près, en 1850, Thiers nous insultait ainsi du haut de l'Assemblée nationale: « Ainsi à côté de la précarité, condition inévitable des travailleurs, se trouve placée la solidarité. Mais attention le travailleur précaire que nous rencontrons sur notre chemin, qui touche notre cœur, dont la vue nous arrache un sacrifice, n'a cependant pas le droit de nous forcer à le secourir. S'il voulait nous contraindre à venir à son secours, nous extorquer ce que nous sommes portés à lui donner, ce ne serait plus un être sacré, ce serait un malfaiteur. » (1)
Le fonctionnement normal du capitalisme, leur « BONNE TRAJECTOIRE » c'est d'avoir des travailleurs à poil, des travailleurs divisés et sans repères, des travailleurs bâillonnés, des travailleurs avec la peur au ventre de la fin de mois. Ce qu'ils veulent ce n'est pas la santé des gens, c'est être les maîtres du travail et de ceux qui produisent toutes les richesses.
Leur fonctionnement normal c'est de se débarrasser de nous.
Car c'est nous qui sommes à l'origine du droit du travail.
C'est nous en 18 mois en 1946, 1947 qui avons construit la Sécurité sociale.
C'est nous qui sommes à l'origine des cotisations du régime général de la sécu pour la retraite, la santé, les accidents du travail, la famille, le chômage.
C'est nous qui sommes à l'origine des conventions collectives.
C'est nous qui généralisons le système de la retraite des fonctionnaires à tous les travailleurs.
Pourquoi tapent-ils sur la fonction publique hospitalière, toutes les fonctions publiques? Parce que c'est un modèle de progrès social, économique pour toute la société, parce que c'est un modèle de fonctionnement anticapitaliste.
Pourquoi tapent-ils sur les retraités? Parce que ce sont des travailleurs libérés du marché du travail et des patrons, parce que leur retraite est un modèle de fonctionnement anticapitaliste.
Pourquoi tapent-ils sur les chômeurs? Pour nous persuader que le travail ne nous appartient pas.
Pourquoi tapent-ils sur les étrangers ? Pour nous persuader que le travail est une quantité limité.
Pourquoi tapent-ils sur la cotisation du régime général de la Sécurité sociale ? Parce que depuis 1946 c'est une des voies royales qui nous sort du capitalisme.
Pourquoi sont-ils violents ? Parce que c'est une guerre de classes.
Rien ne marche dans leur capitalisme, ni la santé, ni le travail, ni la planète terre. RIEN. Pour tout faire tenir ils ont besoin : de la peur qui empêche de réfléchir, de la violence pour nous faire fuir, du découragement, de la division. Tout est bon pour jeter l'opprobre sur nous. Dévorer notre travail et répandre la peur de la peste. Tout est bon pour faire sortir du tableau la question qui nous réunis tous: le travail, les salaires, les conditions de travail, la répartition des 2400 milliards de PIB que nous tous, salariés, travailleurs, nous produisons aujourd'hui en France.
Nous sommes l'alternative
Quelle est la limite à la violence capitaliste? La résistance à la violence capitaliste.
Il n'y a que nous même qui puissions marquer une limite à leur infinie violence.
Aujourd’hui contre les Thiers, les Macron, les nouvelles qui restent des nouvelles viennent aussi des travailleurs organisés de 1946 et d’Ambroise Croizat. « Nul ne saurait ignorer que l’un des facteurs essentiels du problème social en France, comme dans presque tous les pays du monde, se trouve dans ce complexe d’infériorité que crée chez le travailleur le sentiment de son insécurité, l’incertitude du lendemain qui pèse sur tous ceux qui vivent de leur travail. Le problème qui se pose aujourd’hui aux hommes qui veulent apporter une solution durable au problème social est de faire disparaître cette insécurité. Il est de garantir à tous les éléments de la population qu’en toute circonstance ils jouiront de revenus suffisants pour assurer leur subsistance familiale. C’est ainsi seulement, en libérant les travailleurs de l’obsession permanente de la misère, qu’on permettra à tous les hommes et à toutes les femmes de développer pleinement leurs possibilités, leur personnalité, dans toute la mesure compatible avec le régime social en vigueur. » (2)
Aujourd'hui nous sommes 17 millions de travailleurs déjà émancipés du marché de l'emploi : les fonctions publiques, les travailleurs à statuts, les retraités, les salariés de la métallurgie, de la chimie, de la banque, les branches avec un droit à la carrière, les professions libérales de santé de secteur 1. Nous sommes les porteurs de cette immense conquête du XX° siècle qui met à la poubelle leur marché de l'emploi.
Aujourd'hui «nous avons tout intérêt à nous passer d'investisseur si nous voulons vraiment investir»(3). La bourgeoisie capitaliste ne vit que de notre travail : «Ils nous volent, ils nous prêtent, on les rembourse». Leur travail est de nous disqualifier comme producteurs de la valeur économique. Alors que nous produisons tout ! Par conséquent nous devons décider de tout ! La propriété lucrative des moyens de production est proprement néfaste pour le travail et nous conduit à l'abîme. Émancipons le travail comme le suggère Bernard Friot !
Aujourd'hui réduire à néant ce qui porte le racisme, c'est aussi réduire à néant ce qui fonde le capitalisme. Sa mainmise sur la définition du travail lui permet le reste. Ils nous racontent qu'il n'y a pas assez de travail pour tous. Que les autres vont nous le piquer. Et que c'est pour ça qu'on va être à la rue. Mais force est de constater qu'ils nous font passer des vessies pour des lanternes. Le travail est infini. Nous ne sommes pas assez nombreux pour tout faire. Pas un seul d'entre nous est en trop. La limitation que le capitalisme construit au quotidien c'est de n'accorder une valeur économique qu'au travail pour les dividendes.
Aujourd'hui notre victoire : conquérir notre droit à diriger notre travail, nos qualifications, nos salaires. Contre l'acharnement capilatiste, notre résistance : les Labeyrie dans Les Landes, les Aubrets en Loire-Atlantique, les Bergam en Essonne, les DomusVi dans les Deux-Sèvres, les Dachser dans le Puy-de-Dôme, les Lu dans l’Aisne, les Décathlon dans le Nord, les Renault en Seine-Maritime, les Aldi en Côte-d'Or, les Ferropem en Isère, les H&M en Seine-Saint-Denis, les Véolia à Paris, les Fiducial en Seine-Saint-Denis, les Transdev en Seine-et-Marne, les Chapelle-Darblay en Seine-Maritime, les Veralia dans le Tarn, … (4)
Continuons à organiser notre unité. Continuons à construire l'espoir. Continuons la conquête du travail. Ambroise Croizat (2) et les mouvements sociaux de 1946 (3), d'aujourd'hui (4) et d'ailleurs (5) nous inspirent de bons chemins.
(3) Bernard Friot, Émanciper le travail, éd. La Dispute, 2014, Vaincre Macron, ed. La Dispute, 2017, Le travail, enjeu des retraites, éd.La Dispute, 2019