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Billet de blog 24 juin 2011

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Jeudi 23 juin, au soir, Essonne Info est en direct du parvis de la préfecture d’Evry

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La rédaction d’Essonne Info a passé la soirée devant les grilles de la préfecture d’Evry, afin de dénoncer les conditions d’accueil affligeantes des étrangers. En recueillant, tout au long de la soirée, des témoignages écrits et visuels des personnes présentes : étrangers, riverains, et élus locaux qui ont fait le déplacement, la rédaction d’Essonne Info entend rendre compte de la situation dans laquelle plusieurs centaines d’étrangers se retrouvent chaque nuit, dans la plus pure indifférence.

Depuis plusieurs mois, la rue des Mazières se retrouve inondée par une foule d’étrangers qui s’entasse, jour après jour et nuit après nuit, devant les grilles de la préfecture d’Evry. La majorité vient pour renouveler un titre de séjour ou effectuer un simple changement d’adresse. Ces formalités, autrefois anodines, se sont transformées en véritable parcours du combattant. Depuis quelque temps, les procédures administratives se sont compliquées. La préfecture d’Evry ne distribue plus que 150 tickets par jour aux étrangers venus pour ces demandes, réduisant considérablement l’accès aux locaux et le nombre de dossiers traités puis validés. Tout un dispositif, ardu, a été mis en place : des barrières installées le long des trottoirs de la préfecture, derrière lesquelles des centaines de personnes s’agglutinent dans l’espoir d’obtenir un ticket.

Mais l’obtention du ticket n’est pas le plus difficile, ce n’est que la première étape. Une fois à l’intérieur de la préfecture, il faut encore que l’administration accepte de traiter les dossiers. Pour ceux, qui ont réussi à obtenir un ticket, la plupart s’est vue refuser le traitement du dossier, semble-t-il incomplet. Ces derniers ne voient pas ce refus du même œil : « Il y aura toujours une bonne raison pour refuser de renouveler nos titres de séjour et nous faire revenir ici incessamment ».

Hier soir, dès 21h, ils étaient déjà plus de 150. Passée cette heure, tant pis pour ceux qui arrivent avec leur sac de couchage et leurs vêtements chauds, près à passer la nuit ici. Ils n’ont plus qu’à rentrer chez eux et retenter le coup une prochaine fois. Partagés entre la colère et la désolation, ces étrangers -car pas de nationalité française- ne comprennent pas, ils se sentent bel et bien français. Arrivés, pour certains, depuis plus de vingt ans en France, ils vivent, travaillent, et élèvent leurs enfants comme nous, « français de souche ». Un homme nous expliquait hier qu’il était là depuis 1987 et qu’il n’avait jamais imaginé un jour se retrouver dans pareille situation. À quémander un morceau de papier, lui donnant le droit de rester sur le territoire français.

D’autres nous expliquent leur interminable attente. Un homme d’une cinquantaine d’années nous expliquait qu’il était là depuis mercredi matin, 8h, assis sur sa chaise, pour être sûr d’obtenir un ticket vendredi matin. Il travaille, mais prétexte des congés maladie pour venir ici. Pour ceux qui ne peuvent pas rester des heures à faire la queue, un véritable réseau de solidarité s’est constitué, des proches ou des amis les relaient.

La situation est devenue insupportable pour tous ces étrangers mais aussi pour les riverains qui habitent en face de la préfecture, et qui se retrouvent impuissants face à cette situation. Tiraillés entre l’indignation et l’exaspération, ils déplorent l’impassibilité des responsables politiques, notamment celle du Préfet et du Maire d’Évry.

Il nous semblait donc primordial de faire se déplacer des élus locaux et responsables politiques, afin qu’ils attestent de cette situation et confient devant nos caméras, leur ressenti et les moyens à mettre en œuvre pour éradiquer cette situation. Bruno Piriou, vice-Président du Conseil général de l’Essonne a accepté notre invitation et a répondu à nos questions, ainsi que Jean-Philippe Dugoin-Clément, Maire de Mennecy, qui s’est étonné de cette situation. Le Président du Conseil Général de l’Essonne, Jérôme Guedj, a également fait le déplacement pour s’exprimer sur le sujet.

Ils ont pu constater, comme nous, l’impasse dans laquelle ces étrangers se trouvent et l’attente à laquelle ils se livrent chaque jour, en dessous de la devise de la République française, qui trône en haut de la préfecture : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Article de Mathilde Raux-Rabret

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