«Cette attaque sur les pauvres, les démunis, je l’ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière. […] Dans toutes mes fonctions, dans tous mes mandats, je n’ai pensé qu’à aider, qu’à représenter ceux qui souffrent. Je n’ai jamais été du côté des puissants… »
« J'ai démenti, je continue à démentir, à nier, j'ai nié en bloc, je comprends qu'il faut nier en détails, je nie en bloc et en détails. (...) Ça ne peut pas être moi (sur l'enregistrement, ndlr), puisque je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Je nie en bloc et en détails. »
« Cette légèreté, je l’ai perdue… » DSK journal de 20h00 septembre 2011
L’imposture consiste à se faire passer pour ce qu’on est pas et c’est pour cela qu’elle est moralement bien plus grave qu’une fraude, qu’un délit ou un crime, car dans ces actes répréhensibles il est toujours possible de supposer que celui qui contrevient à la loi, le fait par intérêt, parce qu’il est aveuglé par son intérêt. Or quand le ministre du budget fraude le fisc, puis nie et dénie sa fraude, il n’est pas seulement en infraction avec la loi, il la pervertit, parce qu’il est censé plus qu’aucun autre la connaître, puisqu’il est garant de son application.
La fraude de Jérôme Cahuzac faisait déjà passer d’un seuil le degré de la corruption qui a gangréné l’Etat sous la présidence de Sarkozy, car elle était le fait d’un ministre socialiste qui se présentait comme un homme intègre, qualité censée rendre sa légitimité à la politique ainsi qu’à l’autorité d’où elle émanait. La vertu de la gauche légitime l’Etat que la droite, par idéologie plus fidèle au profit qu’à l’intérêt général, trahit. Ainsi La fraude de Cahuzac portait plus gravement atteinte à la légitimité de l’Etat que les affaires de corruption précédentes, parce que venant après, elle émanait d’un homme politique qui, plus que d’autres avait été nommé pour y mettre un terme, comme l’annonçait la promesse d’être un Président normal. Or le livre de Valérie Trierweiller, dont j’ai lu des extraits nous apprend que cette promesse politique faite à ses électeurs et aux citoyens n’était qu’un slogan publicitaire frauduleux. Ma première réaction en prenant connaissance des extraits concernant « les sans dent » fut de penser que ce n’était pas un scoop, qu’elle ne nous apprenait rien. En cela je sous-estimais le pouvoir du symbolique et des apparences, car s’agissant d’une révélation, fut-elle fausse, émanant de la compagne du président lui-même, fut-elle « ex », elle sonnait comme un aveu.
« Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence. » (Tartuffe, acte IV, scène V)
La révélation de VT ne dévoile pas l’intimité d’une Prince qui, pour être élu et gouverner, ne doit pas être sage mais seulement le paraître, elle ne dévoile pas non plus la corruption d’un homme qui sert son intérêt au lieu de servir l’Etat, c’est bien pire, elle dévoile la corruption d’un cœur.
En confiant au Nouvel Observateur que cette attaque contre les pauvres avait porté un coup à sa vie toute entière et sa raison d’être, François Hollande ne s’y est pas trompé, le système vient de butter sur le caillou qui le fait voler en éclat. Dans ce système, il n’y aura aucune alternative à François Hollande, c’est hors du système politique français, hors des institutions actuelles que la politique de l’intérêt général et la démocratie doivent renaître.