Athènes est sous un volcan
selon Yanis Youlountas
Actuellement, ma fille Lisa*, que certains d’entre vous connaissent, est en train de lutter contre les flammes au-dessus des quartiers mitoyens d’Ilioupoli et d’Argiroupoli, à l’Est d’Athènes, où vivent les trois-quarts de ma famille, en bordure de montagne. Au moins 80 départs de feu, au total. Des dégâts immenses. Une population désespérée, mais qui lutte dans des conditions très difficiles. Beaucoup de jeunes parmi les volontaires, dont ma fille et d’autres jeunes, de 20 ans ou plus, venus en renfort du centre d’Athènes. Une température caniculaire. Un vent très fort (de 7 à 8). Une véritable fournaise. De la fumée jusqu’à l’Acropole. Ce soir, les rotations de la nuit vont s’organiser. Une assemblée va bientôt avoir lieu devant la mairie d’Ilioupoli.
Ce qui se passe en Grèce est un drame démesuré, injuste et odieux. Depuis deux jours, j’ai eu connaissance directement de deux suicides, dont une personne qui m’était proche, cette nuit. Il y en eu probablement d’autres. Les gestes de désespoir sont nombreux, quelle que soit la forme. Parce que l’absurde appelle l’absurde. La trahison incite au désespoir. Néanmoins, dans ce néant politique, certaines choses qui peuvent paraître choquantes ne sont pas dépourvues de sens : des locaux politiques brisés ou tagués, des politiciens interpellés, parfois même menacés... Une partie de la population est très en colère, surtout la jeunesse. Et il est difficile de savoir comment cette rage va s’exprimer dans les heures et les jours qui viennent.
Athènes est sous un volcan. Un volcan en éruption. Un volcan qui tue : ici les arbres dans les flammes des incendies, là les humains dans les flammes de l’austérité.
Ce n’est plus Athènes, c’est Pompéi.
Ma fille Lisa et d’autres témoins du départ des incendies (qui habitent aussi en bordure de montagne à Ilioupoli) affirment avoir entendu plusieurs explosions. Au moins pour quatre des nombreux départs de feu. Ils dénoncent également des déploiements de MAT (CRS) en grand nombre, un peu partout, qui auraient dérangé et interrogé à plusieurs reprises les initiatives auto-organisées de la population (les "autorités" sont dépassées) ce qui a énervé beaucoup de gens (plusieurs interpellations, ce qui est vraiment de la provocation).