C’est à Naalin, le village palestinien où eurent lieu de nombreuses manifestations contre la barrière de sécurité, qu’il a été décidé de faire une exposition sur la souffrance des Juifs pendant la Shoah dans le cadre des cérémonies et manifestations du 27 janvier dernier, journée mondiale de la commémoration de la Shoah.
Le Comité opulaire pour la éfense des terres à Naalin a décidé cette année de marquer dans ce village situé près de Ramallah par une exposition de photos la journée internationale de la Shoa.
Le comité a obtenu du musée de Yad VaShem les images, et l’exposition a été ouverte au public, dans une salle au milieu du village.
Selon Mohamed Amira, membre du Comité populaire pour la défense des terres de Naalin, des centaines de personnes sont venues, parmi lesquelles des villageois, des jeunes et moins jeunes. D’après lui, nombreux furent ceux qui ont félicité l’initiative. « Les gens furent étonnés de ce qu’ils voyaient là et, pour certains, c’était la première fois qu’ils voyaient de leurs yeux les images montrant la souffrance de la Shoa. Il y avait des gens qui ne savaient rien de l’histoire des Juifs ».
Sur la décision de réaliser cette exposition dans le village, dont une partie des habitants a été touchée par la construction de la barrière de sécurité, certaines terres ayant été réquisitionnées pour sa construction, Amira déclare : « Nous avons pensé que le public devait comprendre la souffrance que les Nazis ont fait subir aux Juifs. Malheureusement, nous payons le prix de cette grande souffrance causée aux Juifs par la Shoah. On ne peut comparer notre souffrance et la leur, mais tout le monde doit comprendre que, nous aussi, nous souffrons à cause de ce que les Allemands leur ont fait. »
Khaled Mahmid, le directeur du Centre arabe de recherche sur la Shoah à Nazareth, et l’un des initiateurs de l’exposition au village de Naalin, est certain que « les Palestiniens doivent comprendre la Shoah, la force de la souffrance des Juifs. Toute la violence que les Palestiniens font aux Israéliens éveille parmi les Juifs les peurs de la Shoa ».
« La Shoah » souligne Mahmid « qui est l’assassinat et le crime terrible contre 6 millions d’innocents a encore aujourd’hui un impact sur tous les citoyens d’Israël. Les Palestiniens doivent comprendre le réflexe de défense des Juifs, qui leur vient de ce génocide affreux. Les deux peuples auront la possibilité de vivre ensemble seulement si nous palestiniens comprenons la souffrance des Juifs et sa profondeur, seulement si on agit sans la violence qui éveille les angoisses de survie des Juifs. La façon d’agir l’un envers l’autre est le résultat de ce que les Juifs ont subi. C’est mauvais, et pour les Juifs et pour les Palestiniens ».
Sur l’exposition, intentionnellement installée à Naalin, Mahmid déclare : « Dans l’image de la Shoah il y a une force, que toutes les armées du monde n’ont pas. Il faut parler aux Palestiniens au moyen de ces images, et non avec les armes. Cette souffrance des Juifs agit tout de suite sur chacun, même sur les plus extrémistes des Palestiniens. Le Coran nous dit de reconnaître la Shoa et de la comprendre. Les Juifs doivent se rappeler que beaucoup d’entre eux ont été sauvés pendant la Shoah par leurs frères des pays arabes. Ensemble nous devons surmonter l’influence que continue d’exercer Hitler et vivre ensemble ».