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Billet de blog 18 mars 2012

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Ont-ils sauvé l’honneur au festival du livre à Casablanca ? le projet Aladin et la tradition marocaine…

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J'’ai reproduit la nouvelle qui m’a indignée et qui continue à m’indigner concernant le festival du livres à Casablanca faisant une large part aux éditions négationnistes et de livres comme Mein Kampf. mais il faut aussi souligner la présence à dose homéopathique du projet Aladin. grâce à ce projet, à ses éditions, le festival du livre à Casablanca n'a pas été seulement un festival du livre négationniste. Le projet Aladin est un projet lancé par Simone Weil et jacques Chirac concernant la mémoire de la Shoah et la rencontre entre monde musulman et juif. Il est un fait que jacques Chirac dont on connaît les sympathies pour le monde arabe et plus généralement pour la réconnaissance et la connaissance des civilisations est le premier à avoir reconnu la responsabilité de l’Etat français. Chirac a été un homme de droite, un Rastignac qui a fait carrière dans cette famille politique mais ses appétits, sa culture, son humanisme lui faisaient éprouver de la répulsion qui n’était pas feinte pour l’extrême-droite, le choc et la hiérarchie des civilisations. On peut considérer qu’un tel projet humaniste est de plus en plus à côté de la plaque avec la montée de la crise, il n’en demeure pas moins qu’il a été présent dans un lieu de honte pour un pays qui avait d’autres traditions. la lèpre non pas islamiste mais fasciste qui s’étend sur le maghreb comme sur la France doit être combattue ensemble parce que les premières victimes en sont les peuples qui acceptent de telles idéologies.

Oui le maroc peut s’enorgueillir d’une tradition :

Pendant l’holocauste, le Maroc était “un havre de paix et d’accueil pour les juifs

“Le Maroc peut s’enorgueillir du fait que Feu SM Mohammed V a voulu et a su résister aux tentatives” de l’administration française de l’époque “d’appliquer aux juifs marocains les lois de Vichy”, a déclaré M. Azoulay à la MAP à l’occasion de son voyage au camp d’Auschwitz en compagnie de plusieurs personnalités du monde arabo-musulman.”

Il faut que cette tradition demeure et que les juifs marocains sachent résister au fascisme israélien qui récemment encore frappait un écrivain juif marocain Cohen, attaqué en france lors de la présentation de ses livres comme Collabo par des extremistes juifs et que les musulmans refusent un racisme qui les soumet à l’islamophobie…

Voilà donc le type de texte qui a accueilli grâce au projet Aladin le visteur du Festival du livre à Casablanca.

D’un point de vue historique on notera que les relations entre Judaïsme et Islam ont debuté au septième siècle avec la naissance de l’Islam et sa diffusion dans la péninsule arabique. Judaïsme et Islam ont une origine commune au Moyen-Orient en la personne d’Abraham. De plus il y a nombre d’aspects communs aux deux religions dans ce qu’elles ont de fondamental : leurs perspectives, leurs structures, leur jurisprudence et leurs pratiques.

Au coeur de ces deux fois religieuses se trouve une vision monothéiste qui ne souffre aucun compromis en ce qui concerne la transcendance et l’unité de Dieu. Dieu qui est juste et miséricordieux et qui a révélé une manière de vivre dans le respect de ces valeurs, pour le bien de l’humanité.

L’Islam et le Judaïsme n’ont pas de clergé qui, par la grâce de sacrements, serait séparé du reste de la communauté. L’autorité religieuse revient essentiellement à celui qui a acquis une maîtrise des sources religieuses telles qu’elle lui permet de guider sa communauté dans le respect de leurs enseignements.

Les musulmans considèrent que juifs et chrétiens font partie du « Peuple du Livre. » Dans le Dar al-Islam – les territoires sous autorité musulmane – ceux-ci ont toujours joui d’une plus grande protection que celle dont bénéficiaient les païens. Pendant des siècles, le statut de la dhimma a été appliqué aux juifs et chrétiens dans le monde musulman. Ce qui signifie qu’en contrepartie d’un paiement d’impôts supplémentaires des droits limités leur étaient accordés.

Les érudits n’ont pas la même opinion quant à la nature et l’origine des communautés juives que le Prophète Mahomet a rencontrées en Arabie. Mais il est clair qu’elles avaient en commun avec lui une part suffisante du message du Prophète pour que celui-ci estime que les juifs de Médine se rallieraient volontiers à lui. Le fait que cela ne fut pas le cas provoqua la discorde qui s’ensuivit, ainsi que les disputes et l’hostilité qui naquit entre eux.

Les restrictions qui caractérisèrent le statut inférieur des juifs furent codifiées dans le Pacte d’Umar. Mais, en dépit de leur statut de dhimmi, les juifs étaient libres de pratiquer leur religion et ils vivaient mieux sous administration musulmane que sous administration des chrétiens byzantins.

La civilisation médiévale islamique a connu sa période la plus productive entre l’année 900 et l’année 1200, comme cela été le cas également pour la civilisation juive dans le monde islamique. Les influences réciproques entre les deux cultures ont été facilitées par le fait qu’avec la progression de l’Islam la langue arabe est devenue celle du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et de l’Espagne, celle des juifs y compris. Et pendant plusieurs siècles la plupart des textes juifs profanes et religieux écrits dans ces régions l’étaient en arabe écrit en lettres hébraïques.

En commençant par des rabbins comme Saadya Gaon en Irak et en continuant notamment dans l’Espagne musulmane, des penseurs juifs suivirent les pas des musulmans et firent preuve d’un même amour de l’étude et de l’exploration de la langue hébraïque que celui des érudits musulmans pour l’arabe, langue du Coran. Ils développèrent l’étude approfondie de la grammaire hébraïque, ce qui était une nouveauté dans la pensée juive. Au fil du temps ils élaborèrent une compréhension de la grammaire qui est toujours utilisée de nos jours. C’est pendant cette période qu’ont été écrits certains des plus grands textes de la philosophie, de la grammaire, du droit, de la philologie et de la lexicographie juifs. Cela s’est fait parallèlement aux grandes avancées du monde islamique dans ces mêmes domaines. Pendant cette période également il y a eu une renaissance de la poésie juive en hébreu et ses vers, ses styles et contenus sont comparables à ceux de la poésie musulmane arabe. En Espagne les civilisations juive et islamique ont été florissantes, ainsi que les sciences profanes et la culture, dans une région connue en arabe comme al-Andalus.

Il y eut un revers de cette société relativement ouverte d’al-Andalus, puis sa fin, lorsque des armées sont venues d’Afrique du Nord pour aider à la défendre contre les chrétiens espagnols qui repoussaient les musulmans dans le nord, les chassant de leurs bastions. Les juifs subirent des restrictions sévères sous les régimes berbères islamistes et finirent par se déplacer vers le nord pour aller dans des régions conquises par les chrétiens et où, pour l’heure, ils étaient mieux traités.

Ces revers subis par les juifs en Espagne eurent leur équivalent dans d’autres parties du monde islamique où, au début du treizième siècle, les qualités d’ouverture et d’humanisme de la société islamique commencèrent à faire place à une mentalité plus féodale, à la fois rigide et autoritaire. De nombreuses communautés juives durent s’installer dans des ghettos et ici ou là des communautés juives et chrétiennes furent détruites. Tandis que le monde islamique déclinait, il en fut de même pour les communautés juives en son sein, et la créativité intellectuelle, culturelle et religieuse juive eut tendance à se déplacer vers les communautés juives en Europe. Mais, en règle générale, les communautés juives qui étaient restées dans le monde musulman étaient protégées selon les termes du Pacte d’Umar. Et, si elles acceptaient leur statut de citoyens de seconde classe, elles vivaient paisiblement et en bonne intelligence avec leurs voisins musulmans.

Cela a été particulièrement vrai dans l’Empire ottoman. Lorsqu’en 1492 le roi d’Espagne Ferdinand promulga un édit pour expulser d’Espagne tous les juifs qui y étaient restés et ne s’étaient pas convertis au christianisme, le Sultan ottoman, Bayazid II, leur offrit un refuge. Et pendant des siècles les juifs vécurent dans un calme relatif sous des dirigeants ottomans et un nombre croissant de juifs chercha refuge dans les territoires qu’ils administraient. Selon Bernard Lewis, « il n’était pas seulement permis aux juifs de s’installer sur des terres ottomanes, mais il y étaient encouragés, ils y étaient aidés et parfois même contraints. »

Les juifs nouvellement venus contribuèrent d’une manière importante au progrès scientifique et technique de l’Empire ottoman. L’une des innovations les plus marquantes que les juifs y amenèrent fut la presse à imprimer. En 1493, un an seulement après l’expulsion des juifs d’Espagne, David et Samuel ibn Nahmias établirent la première imprimerie hébraïque à Istanbul. La littérature juive devint florissante dans l’atmosphère relativement tolérante de l’Empire ottoman.

Les conditions de vie des juifs dans plusieurs pays musulmans commencèrent à se détériorer au XIXème siècle avec le déclin du pouvoir ottoman et la montée de la ferveur nationaliste et du radicalisme religieux en réaction à l’influence grandissante des pouvoirs coloniaux européens. C’est à cette époque qu’apparurent les premiers stéréotypes antisémites dans le monde musulman.

Au XXème siècle l’effondrement de l’administration impériale et la montée du nationalisme moderne ont provoqué un conflit entre l’aspiration qu’avaient les juifs à leur autodétermination à l’endroit qu’ils considéraient comme étant leur patrie ancestrale et la lutte pour une autodétermination nationale des populations arabes régionales et locales. Un conflit territorial qui a dégénéré dans des temps récents pour revêtir de plus en plus le caractère d’un conflit religieux.

Tout en ne cherchant pas à examiner les causes et les effets du conflit politique au Moyen-Orient ni ce qui est juste ou ne l’est pas, on voit que la nature de plus en plus religieuse d’une lutte territoriale a été le fait de différentes mouvances. Elles présentent ce conflit comme un clash de civilisations entre le monde musulman et la société occidentale. Des extrémistes présentent l’adversaire comme étant dénué de tout caractère moral et sans légitimité religieuse, les juifs et Israël étant présentés comme une « tête de pont » hostile établie dans le monde arabe en particulier et le monde musulman en général.

La vérité, cependant, est que ce à quoi nous assistons n’est pas un clash de civilisations mais plutôt un clash à l’intérieur de civilisations. C’est un conflit entre divers éléments au sein d’une même culture religieuse. Entre ceux qui ont le sentiment d’avoir subi insultes et humiliations sur le plan historique, ce qui a provoqué leur aliénation, et d’autres éléments au sein de leur propre société ainsi qu’avec ceux qui sont extérieurs à leur culture religieuse. Le conflit interne est avec ceux qui cherchent à avoir des contacts constructifs avec d’autres sociétés dans le cadre d’une culture mondiale et d’une interaction positive avec la modernité.

Ce clash « à l’intérieur même de civilisations, » signifie que des voix éclairées des deux côtés ont pour responsabilité de travailler ensemble non seulement pour devenir plus grandes que la somme de leurs différentes parties mais aussi pour apporter ce témoignage alternatif essentiel, à savoir celui de la coopération inter-religieuse et interculturelle ainsi que celui du respect mutuel. Plus particulièrement, les dirigeants musulmans et juifs doivent à leurs communautés et aux traditions de leur foi de réfuter toute exploitation destructrice de leur civilisation religieuse respective en tirant leur inspiration des exemples de la coopération et de la collaboration glorieuses du passé des enfants d’Abraham, musulmans, chrétiens et juifs, au profit de tous

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