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Billet de blog 18 mars 2012

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Se méfier de l’impression de victoire quand l’adversaire vous ouvre le chemin…

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A mes amis communistes...

A l’époque  un aphorisme avait cours au PCF: “quand la bourgeoisie me flatte, je me demande quelle connerie j’ai bien pu faire!”

A une époque encore bien plus ancienne,  Marx écrivait à Engels pour lui dire que les Français “cette nation d’émeutiers ne voyait jamais où les institutions les menaient”..

La Constitution en particulier et le système électoral donnent une coloration particulière à nos passions parlementaristes, parce que les Français semblent en être restés aux joies de la quatrième République sans se rendre compte d’où on les mène. Je vous ai déjà écrit chers ex-camarades une petite lettre à ce propos, j’ai eu quelques réflexions amicales, une insultante mais de propositions d’analyse alternative point… le sentiment est que vous avancez la tête dans le sac avec une euphorie qui fait plaisir à voir.

je viens d’entendre le discours de Nicolas Sarkozy, remarquable, un culot de pervers narcissique qui est en train de nous promettre de gouverner la France à coup de référendum-plebiscite. Il est en train d’avancer avec une brutalité et une vulgarité peu commune en chassant sans vergogne sur les terres putrides du Front National… En tablant sur le fait qu’une population inquiète, apeurée, a besoin de “virilité”, elle prend des habitudes et des tolérances de femme battue, en espérant que les coups retomberont sur plus faible que soi…

La grande tradition de l’extrême-droite: fonder l’identité française sur l’hostilité et la peur de l’étranger, le pauvre, l’envahisseur, le profiteur, pas l’émir du qatar, lui c’est un riche non celui qui tente de survivre. La grande tradition celle qui commence par refuser le statut d’être humain, de “sujet” au malade mental ce qui est tout de même l’apport de la psychanalyse, cette opération encadrée par un pseudo philosophe de gauche ralliée à Melenchon, Onfray le médiacrate… Vive le bon sens, le gras bon sens des comptoirs…   Je n’imagine que trop le temps où des gens apeurés fuiront quelques brutes parce qu’on a lancé la meute sur le bénéficiaire du RSA polygame. Cette peur là elle me glace les veines depuis la petite enfance et chaque applaudissement de la salle quand la France était opposée à l’Autre sur le mode de l’hostilité envers l’étranger ingrat réveillait mon imaginaire… Comme quand je vois s’étendre la complaisance aux brutes négationnistes qui partagent l’anti-impérialisme au point d’applaudir Fidel Castro, l’iranien et le maréchal Pétain. Des sites qui tel Grand soir font dans un même mouvement campagne pour Melenchon et pour le négationnisme… Pourquoi tout mêler ? Dites-vous bien que la confusion n’est pas mienne, elle est dans les têtes et c’est là-dessus que Sarkozy surffe… Sur la 5, le discours de Cheminade, une secte fasciste et antisémite, ne se démarquait en rien de celui de Poutou et de lutte ouvrière, il était même plus à l’aise pour dénoncer la “synarchie”, non pas l’impérialisme, le capital mais le complot des banquiers.

Quand on a limité le problème de l’euro à celui des agences de notation et rabaissé l’analyse à quelques coups de gueule facile en soutenant de fait le bellicisme, l’impérialisme, en provoquant l’enthousiasme de ceux qui ne veulent plus qu’on leur parle de leurs divergences tant ils sont contents d’avoir un cadidat qui plaît tant ils sont soulagés de ne plus avoir à traîner une bande de représentants aussi attrayants qu’une estrade du kremlin du temps de Brejnev. Enfin quelqu’un adapté à la télé, le bateleur que nous attendions tous… Mehr licht, plus de lumière dit Goethe en mourant sous les projecteurs…

Qiel soulagement pour celui ou celle qui a perdu le militantisme au quotidien de n’avoir pas à convaincre puisque sur les marchés celui à qui il donne un tract “reconnaît” celui que lui vend la télé… Les têtes sont ce qu’elles sont mais la publicité marchera jusqu’au bout et les conformera: la grande peur du petit bourgeois sécurisée par la reconnaissance… du petit écran… On a vendu du Besancenot, on vend du Melenchon… Un produit un peu particulier pour les protestataires qui ont le coeur trop bien accroché pour accepter l’ignominie et pas assez pour organiser le combat… Un produit dont on espère bien qu’il aidera à reproduire le miracle de l’affrontement Chirac-Le Pen… le simple renversement de la tactique mitterrandienne faisant monter le Front National… la Constitution, toujours elle sur fond de crise et déplacement du champ politique à l’extrême-droite toutes… C’est peu dire que le PS paraît tout exprès conçu pour  aboutir à cette occupation d’un poste de challenger par un soliveau, les primaires ne sont-elles pas déjà l’occasion de la désignation de l’effondré du premier tour ? L’absence d’alternative et le vide manifeste font le lit du tonitruant haineux…

Oui le Front National peut croître ou décroître, c’est lui qui balise le terrain avec ses éructations, nous sommes dans le simulacre fasciste, nous baignons dans ses eaux troubles, la caricature qui sur le fond est à connotation sexuelle, la campagne se jouant sur le doigt d’honneur, le dur se faisant le mou…

Sarkozy a une tactique, il a en quelque sort la passion électorale, il en maîtrise le jeu et l’échiquier. Dans une élection on ne refait pas le terrain, on l’utilise tel qu’il est et le terrain des passions françaises est travaillé à l’extrême-droite.. alors le champ se déplace jusqu’à l’ignominie… Il faut gueuler, détruire l’adversaire, une campagne sale, cruelle a dit le new York Times… Et avec l’aide d’internet ça vole bas, très bas au ras des paquerettes… Suis-je la seule à éprouver cette humiliation devant le rire gras et les remarques salaces qui tiennent lieu de campagne ?

La dynamique qu’il installe  est celle des rouleurs de mécaniques, à marseille on parle de cacou.. tout cela pour distinguer ceux “qui en ont” et les autres… Hollande, le mou, le flamby, le pédalo, voilà le niveau… Avec la complicité des journalistes qui ont des vapeurs de marquise devant l’insulte… Au point que marine le pen dépassée par le niveau son couillu de père en a rajouté dans la provocation pour rester au niveau.. C’est dans ce contexte que l’on flatte melenchon, un bac +5 qui cogne comme un garagiste… Il n’y a plus grand monde pour s’intéresser au fond : on gueule aux coups assenés par le champion, et la claque est offerte par Sarkozy… Satan mène le bal et un beau matin on se réveillera avec la gueule de bois et la haine pour président, un référendum pour le rsa, un référendum pour supprimer le droit à la santé des étrangers, interdire à celle qui ne parle pas bien le français de rejoindre son époux, la femme voilée toujours stigmatisée sous prétexte de défendre les femmes, les blondes aryennes?

Ce sont ceux qui sont d’accord avec ce projet qui vous flattent, vous laissent croire que vous êtes en pleine conquête… Comment pourriez-vous l’être dans un tel contexte et si vous n’avez pas à faire d’effort c’est qu’il se passe quelque chose…

Alors souvenez-vous, vous avez déjà connu ça avec robert Hue, sa campagne présidentielle qui fit flores, une forme de soutien à la mise en pièce du PCF… Alors une opération qui achève ce qui reste  a détruire et qui dans le même temps contribue à la disqualification du challenger socialiste, c’est l’enthousiasme des beaux quartiers… Quand il y aura besoin, il ne restera plus tripette de la coqueluche d’aujourd’hui.. les facilités, les félicitations qu’on lui accorde, cette soufflure médiatique qui donne l’impression que tout est léger comme un ballon gonflé jour après jour, rendu aisé c’est parce qu’on lui ouvre le champ pour lui faire jouer le rôle du picador qui use la bête et garantit la victoire.

Qu’est-ce l’on cherche exactement ? Si c’est à renforcer un parti révolutionnaire pour mener des luttes, j’ai des doutes, si c’est battre Sarkozy, encore plus…

Enfin, ce que j’en dis ne vous changera pas mais un jour peut-être vous souviendrez-vous qu’une voix s’était élevée comme j’avais tenté de le faire depuis 1996, en expliquant que si on allait au gouvernement pour renforcer l’intervention populaire, le moins que l’on puisse faire était de renforcer la conscience des dangers et l’organisation des communistes. le contraire de ce qui se faisait.

Souvenez-vous de cette phrase : quand la bourgeoisie me flatte, je me demande quelle connerie j’ai bien pu faire… Vous êtes sur le tobogan et vous glissez en criant de joie mais peut-être que vous pourriez réfléchir à ce que vous pourriez tirer de positif de cet accouchement d’une force politique qui se présente par le siège.

Honnêtement je ne sais toujours pour qui et pour quoi je vais voter, le problème n’est pas mien, il est celui d’un vent mauvais qui glace le sang… des rafales qu’il faudrait prendre de front et qui paraissent porter le Front…

remarquez, je cause , je cause mais si j’avais le moindre bon sens je me tairais… 

Danielle Bleitrach

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