A l'heure où les batailles font rage entre chercheurs pour savoir qui trouvera le premier un remède et où les atermoiements des politiques sont à l'image de l'omerta du monde médical, scientifique et journalistique, il serait bon de revenir à quelques considérations si ce n'est scientifique en tout cas éthique.
Si la médecine n'est pas une science exacte [1], l'intégrité scientifique très relative [2] et la plupart des études cliniques inutiles [3], la crise actuelle le démontre dans toute sa splendeur. Elle est appuyée en cela par une classe politique qui n'a d'autres réflexes que de renforcer les dérives en finançant en urgence sans la moindre précaution et sans utilité sociétale avérée des activités de recherche sur projets [4]. Si cela fait le bonheur de quelques scientifiques zélés, une telle démarche est contradictoire avec les enjeux à court, moyen et long termes.
En ce qui concerne, les enjeux à court terme, le Pr Didier Raoult, qui a prêché dans le désert ou plus exactement contre une panoplie de détracteurs, plénipotentiaires de l'autorité scientifique et médicale, notamment le ministre de la santé en personne [5], a proposé l'unique solution viable dès le mois de Janvier. Olivier Véran s'appuie sur une affirmation pseudo-scientifique "il est absolument fondamental d’asseoir toute décision de politique publique en santé sur des données scientifiques validées, et les processus de validation, on ne peut pas négocier avec". Si la médecine avait attendue les études scientifiques validées pour avancer, on en serait encore à soigner avec des saignées et à faire appel à la sorcellerie. Certains épidémiologistes de renom ont démontrés que ce n'est pas parce qu'une méthode a été validée scientifiquement qu'elle marche, à l'inverse ce n'est pas parce que l'on ne sait pas montrer que cela marche ou ne marche pas que cela n'est pas efficace [6]. Hors le problème éthique se résout facilement puisque entre d'une part une approche de traitement avec des risques très faibles tant les produits sont classiques et maîtrisés et d'autre part une absence de traitement avec des risques pour toute la population, il n'y a aucune possible tergiversation.
En ce qui concerne les enjeux à moyen terme, il s'agit de trouver un vaccin ou une méthode globale, la probabilité d'avoir un vaccin efficace à moyen terme est faible d'autant plus que des nouveaux virus dérivés du COVID-19 ou d'autres virus ne seront pas traités par le vaccin. Plus exactement même à moyen terme il n'y a pas d'autre solutions que le test ou le traitement comme préconisé par le Professeur Raoult.
A long terme, il est à peu près évident que des projets montés à la va-vite et pour répondre à une démarche de communication de nos gouvernants n'auront aucune portée. En effet, tout chercheur tant soit peu intègre sait que les financements sur projet sont essentiellement des plâtres pour faire face à l'incurie croisée de la classe dirigeante et de la communauté scientifique. L'indécence de nos dirigeants est de vouloir que la recherche soit rentable comme la santé. Il ne reconnaîtront que le retour sur investissement au bénéfice de quelques entreprises ou capitalistes comme ceux qui préfèrent le Crédit d'Impôt à l'innovation. L'insolence des scientifiques est de se vouloir les premiers [7] quoi qu'il en coûte à la société. Ceux-là ne jureront que par les publications, le rang de celles-ci, sans se soucier ni de l'exactitude des résultats [2] ni des bienfaits pour la société [3].
Une autre approche, à l'opposé de celle du test et du traitement, serait celle défendue par les anglais de laisser le virus se propager librement sans rien faire. Cela a l'avantage de laisser la nature faire en vaccinant naturellement les populations. Sur le plan éthique cette solution est recevable mais elle ne peut pas être défendue politiquement et ne peut ni enrichir les financiers ou les laboratoires ni permettre à quelques chercheurs de briller ou de se faire financer des études cliniques inutiles.
Une troisième approche, intermédiaire entre les deux précédantes, est de confiner tout le pays pendant une durée indéterminée et longue. C'est celle promue par le gouvernement. Cependant, elle ne présente aucun bénéfice. En effet, elle se contente de laisser mourir les gens avec une assistance respiratoire en mettant à mal les services sanitaires puisqu'ils n'ont aucun moyen curatif et risquent eux même d'être contaminés. Par ailleurs, elle ne permet pas de vacciner naturellement la population. Au final elle va étendre la contamination dans la durée sans réduire le nombre de morts. On le voit actuellement avec le confinement total en Italie.
Donc il n'y a pas d'alternative à l'approche défendue par Raoult à savoir tester tous les gens présentant des symptômes et utiliser le traitement qu'il a pratiqué avec succès.
PS : je certifie ne pas connaître le Professeur Raoult, ni son équipe, ni aucun de leurs proches. Je précise n'avoir aucun lien avec une entreprise pharmaceutique ou laboratoire de recherche médicale. Je suis un chercheur universitaire qui travaille de façon indépendante sur les questions d'éthique, d'intégrité scientifique et de santé en faisant notamment parti du réseau des référents à l'éthique et l'intégrité scientifique de l'Office Français de l'Intégrité Scientifique.
[1] https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-03-decembre-2018
[2] Ioannidis JPA (PR-MD). “Why Most Published Research Findings Are False”. PLoS Med 2(8): e124. 2005.
[3] Ioannidis JPA (PR-MD). “Why Most Clinical Research Is Not Useful”. PLoS Med 13(6): e1002049. 2016.
[4] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150211/www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150211/covid-19-20-projets-de-recherche-selectionnes-pour-lutter-contre-l-epidemie.html
[5] https://www.sudouest.fr/2020/03/17/traitement-contre-le-coronavirus-des-essais-cliniques-prometteurs-avec-la-chloroquine-7338200-10861.php
[6] https://www.inserm.fr/information-en-sante/rapports-thematiques
[7] Robert Merthon. “Priorities in Scientific Discovery”. Chapter in the Sociology of Science. American Sociological Review, Vol. 22, No. 6, Dec. 1957.