Mordue par les lèvres enflammées du soleil des arlequinades d’une histoire manipulée, la mémoire vraie perd son articulation à travers des harangues assaisonnées de la saumure insipide de la politique, des deux côtés des rives de l’Atlantique. La voici suffoquant de douleurs face au poids des non-dits qui s’étagent autour d’elle.
Aucune conscience culturelle ne possède l’essence de la mémoire vraie. Elle est innombrable et inextricable. Quand on l’enferme sous terre pour l’éloigner des projections d’imaginaire, elle finira par prendre un élan volcanique pour éclater et ébranler les assises du monde. Toutes ces frustrations larvées qui secouent le navire de la raison, toutes ces colères légitimes qui produisent des houles torrentielles, tous ces soldats nus ensevelis sous des glaces fumantes, devront être pris en compte dans la narration événementielle et factuelle du passage des Tirailleurs.
Il serait plus judicieux de foutre en l’air les habits odieux, taillés dans la rivière de la sueur pourpre de tous les soldats impliqués dans les guerres liées à la mémoire de l’Atlantique. C’est à partir de là que la mémoire vraie retrouvera du souffle et du sens.