Cette incroyable polémique qui s’est enflée autour de la sélection mauritanienne de la CAN 2024 accrédite les tendances rétractiles de l’identité qui rongent la Mauritanie de l’intérieur.
Précipités dans la construction moyenâgeuse de l’en soi à cause de l’insatiable orgueil de leur nombril tribal, les Mauritaniens s’enferrent passionnément dans des certitudes figées qui serrent la gorge exténuée de leurs relations d’individus et de leur rapport aux autres.
Si certains amateurs de l’Afrique du football estiment que la sélection mauritanienne n’est pas représentative de la nation mauritanienne, c’est parce que la Mauritanie est déchiquetée par de flamboyantes individualités qui étendent les frontières invisibles entre les clans, les tribus et les ethnies qui composent le pays. Si ces personnages de la fête populaire qu’est la CAN pensent que la Mauritanie est essentiellement maure ou beïdane, c’est parce qu’il existe un déséquilibre nauséabond entre les différentes composantes du pays et la représentation politique et médiatique.
Les Mauritaniens sont dans un état de conscience primitif où la raison tribale prime sur la raison nationale. Il leur faut cette envolée de possibles qui jaillira des étangs accidentés et endoloris : elle se lèvera et soulèvera avec elle les arborescentes fougères du pays, sanctuaires d’une mémoire ignorée et nécessaire. C’est cette mémoire-là qu’il faut aux Mauritaniens pour avoir des points de vue convergents autour des valeurs morales qui serviront de boussole pour une cohabitation pacifiée et équilibrée. C’est cette mémoire-là qu’il faut travailler de manière paradigmatique pour faire peuple et élever le pays au-dessus de lui-même.