Malgré les morsures dramatiques des ombres éternelles, la voix de Gessere Ganda Fadiga résonne encore au-dessus des mers qui relient les différentes régions du monde.
Depuis les bords de la Seine, je vois la puissance magique du dire de Ganda Fadiga faire danser les mangroves sous les pieds des vallées où les esprits des ancêtres émergent pour accompagner nos timides pas dans l’adversité de la vie.
Depuis le fleuve Sénégal, je vois les envolées lyriques de Ganda Fadiga perforer et charrier des gouffres qui s’amoncèlent, en proposant une respiration nouvelle à ses semblables malmenés par la vague à l’âme.
Géant jongleur aux morales spectaculaires qui éveillent les sens, Gessere Ganda Fadiga habille le corps de la poésie brute des traditions orales avec une lyre tétracorde conçue par les magiciens de l’inespéré, plage de l’élévation et du soleil de la conscience.
À chaque fois que la condition humaine se heurte à la masse d’air du hasard à travers les labyrinthes de la traversée infinie de l’horizon, la voix de Ganda Fadiga s’élève pour apporter un nouvel élan.
Quand le jongleur du courage et de l’espoir convoque « Poye », on voit surgir et grandir des halos sensationnels qui embrassent l’azur des ondes suprêmes.
Quand le démiurge-conteur caresse les ailes du zéphyr, la mélancolie de l’exil et l’amertume de l’expatriation s’écartent incroyablement pour ouvrir les cœurs et les esprits aux possibilités infinies d’une voûte céleste qui tient ses promesses.
N’deyssane ! Il y a cette forge de dignité impressionnante qui accompagne le timbre de sa voix comme l’abeille suspendue à un arbre mellifère.
N’deyssane ! Ses mots, qui prirent leur feu au diamant des Tropiques, plongent le sensible dans les eaux profondes de l’imaginaire où la parole devient remarquablement féconde.
Miroitant la nuit qui s’épaissit dans les poches du vent du large, le Gambare de Gessere Ganda Fadiga trace des sillons entre ciel et terre au grand bonheur des âmes éprouvées qui souffrent de l’éloignement par rapport au pays natal.
Hommage et honneur à Ganda Fadiga, Gessere ndi Gambare !