Par Etienne CHERON
L'information du jour, Manuel Valls, ancien Premier Ministre veut être candidat de la majorité présidentielle aux élections législatives.
Il ne s'agit d'une information totalement inédite puisqu'il avait déclaré sa flamme pour Emmanuel Macron dès avant le 1er tour. Après le ralliement de François Bayrou, cette prise de position a d'ailleurs été réellement décisive dans la victoire du "magicien marcheur".
Pour ne pas être inédite, il s'agit d'une clarification, point de départ réel de la recomposition de la gauche, ou plutôt de la décomposition du Parti Socialiste. Manuel Valls a toujours été tiraillé entre prendre le PS de l'intérieur ou le contourner pour créer une nouvelle voie, sa propre voie.
Par fidélité à Hollande, par esprit de responsabilité lié à ses fonctions de Premier Ministre, par manque de certitudes sur son poids dans l'appareil militants il n'a jamais su ou pu tranché. C'est d'ailleurs cette ligne obscure et incertaine qui a entraîné son cuisant revers lors des Primaires.
Il a, ce qui est étonnant si l'on observe sa personnalité et son parcours, manqué de ce courage si nécessaire quand arrive le moment de s'élancer, il n'a plus su sentir la volonté profonde du pays.
Alors, faute de mieux et parce que les qualités de cet homme sont grandes, il fait le choix de la raison. Mais ce choix est la marque du courage et de la lucidité dont il a manqués aux termes de trois années difficiles à Matignon.
Ne nous trompons pas, Manuel Valls reprend l'initiative, non pas pour un strapontin ou une place sur la photo. Il s'engage dans ce qu'il aurait du réellement entamer il y a longtemps : prendre le PS pour le transformer de l'intérieur plutôt que de le brutaliser de l'extérieur. Il souhaite enfin imprimer une ligne plutôt que de la proclamer.
Les résultats du 1er tour l'ont montré, le PS ne peut assumer un positionnement concurrent des Insoumis, dont la radicalité, maintenant, l'emportera, au moins à moyen terme. Emmanuel Macron a su se faufiler dans le vide laissé au centre gauche qui aurait du être comblé par Benoît Hamon, Manuel Valls lui permettra d'assurer une bonne partie de la future majorité parlementaire.
Manuel Valls, profitant de la concentration des barons sur leurs fiefs, vient donc de lancer les hostilités au PS. Cette première grenade sur une aile gauche laminée, inaudible et sans trop de légitimité peut lui permettre d'emporter le match dès les élections législatives sans attendre un Congrès qui serait dévastateur.
Manuel est de retour, il vient de marquer le premier but, c'est la "remontada" !
Etienne CHERON