Par Etienne CHERON

Encore une grosse actualité aujourd'hui (mercredi 10 mai 2017) : le PS est-il mort ?
Toute la presse s'excite, les éditorialistes s'enflamment. De "l'interminable calvaire" du Parisien à la "dynamitation du PS" du Figaro, les marronniers de la presse politique sur le PS sont de sortie.
Ils auraient d'ailleurs pu ajouter qu'en cette date anniversaire du 10 mai 1981, François Mitterrand devait regarder ce spectacle avec miséricorde.
Le PS est-il mort ? je ne le crois pas. Le PS est-il malade ? oui, très sérieusement. Mais finalement de quoi souffre-t-il ?
Sans exhaustivité sur le diagnostic, on peut s'interroger sur ce qui a conduit dans une telle situation, un parti triomphant électoralement, détenant en 2012, tous les leviers de tous les pouvoirs, de l'Elysée au Parlement, des régions aux départements, les communes, les grosses, les moyennes, les petites,
Certains avanceront le surmoi marxiste en conflit avec le social libéralisme, d'autres les débats non tranchés entre la gauche de gouvernement et celle d'opposition. Pour ma part je crois davantage à l'inadaptation des structures profondes de ce parti à l'hyper présidentialisation de la Ve République souhaitée pourtant par Lionel Jospin.
Le PS est un parti structurellement girondin. Il repose sur le pouvoir local de fédérations qui par nature se défie d'un pouvoir central trop fort. L'exécutif du Parti est d'ailleurs composé de Secrétaires Nationaux, le 1er secrétaire n'est pas un président. C'est un type d'organisation démocratique, qui fait confiance à l'intelligence des territoires, qui valorise les performances électorales locales. Mais il s'agit d'un schéma absolument inadapté à l'hyper-présidentialisation puisqu'il est contestataire par essence.
Ce dilemne, constamment posé à François Hollande depuis 2012 est une cause de son échec. Il n'a su s'imposer comme un véritable chef de l'Etat (hormis sur les questions régaliennes) car il n'a jamais réussi à trancher réellement entre la France girondine, son parti et la France jacobine, son pouvoir. En remontant très légèrement l'histoire les échecs de Lionel Jospin et de Ségolène Royal peuvent également trouver là leur racine. Entre soutien étouffant des baronnies pour l'un et opposition résolue pour l'autre.
Si le PS veut reconquérir le pouvoir présidentiel un jour, l'exercer dans la durée, il n'a pas d'autre choix que de se réformer en profondeur. S'il veut demeurer ce parti fort localement (ce qui au demeurant offre à plus de monde davantage de positions de pouvoir et d'influence !), qu'il demeure ainsi. Il sera d'ailleurs un excellent partenaire de cohabitation avec Emmanuel Macron, vous le verrez.
Le PS n'est pas mort, son ADN n'a simplement rien de commun avec la Ve République. La séquence présidentielle refermée, nous observerons aux législatives de très solides poches de résistance puis une remontée progressive, scrutin après scrutin car les structures locales sont solides, les militants sont engagés. Il faudra bien sûr en passer par un Congrès, avec ses jeux de posture, probablement mortifère, mais le PS survivra encore. et gagnera à nouveau. J'en suis persuadé.
Etienne CHERON