« La discrimination, la flétrissure qu’implique à leur égard l’existence d’une infraction particulière d’homosexualité les atteint nous atteint tous à travers une loi qui exprime l’idéologie, la pesanteur d'une époque odieuse de notre histoire. Le moment est venu, pour l’Assemblée, d’en finir avec ces discriminations comme avec toutes les autres qui subsistent encore dans notre société, car elles sont indignes de la France. » - Robert Badinter
Je veux commencer ce billet par cette citation de Robert Badinter défendant la loi que nous célébrons ce jour. Cette loi qui a mis fin à la répression qu’avait engagé le régime de Vichy, contre les déviants, les « contre-nature », les pédés.
Bien que cette victoire mérite d’être célébrée tant elle est structurante dans l’Histoire de nos luttes, ces 40 ans laissent un goût amer en bouche. En effet, le contexte politique actuel nous fait présager un recul de nos droits alors même que nombre d’entre eux restent encore à conquérir.
La montée de l’extrême droite en France, dans toute l’Europe, dans le monde occidental en général et même au-delà menace nos existences. Des législations LGBT-phobes apparaissent partout dans le monde, en Hongrie, aux Etats-Unis, en Pologne, en Russie, au Sénégal et ailleurs sans qu’aucune barrière n’empêche l’arrivée de ces idéologies immondes en France.
Justement la France. Aujourd’hui s’opère dans une grande indifférence une banalisation de l’homophobie. Il y a 40 ans nous faisions cesser le bruit des bottes et aujourd’hui nous nous accommodons du silence des pantoufles.
Des ministres, élus et mouvements politiques réactionnaires, conservateurs et fascisants ramènent sans crier gare cette idéologie de la discrimination envers ceux qui ne rentrent pas dans le moule, symptomatique de l’oppression hétéro-patriarcale. Cette dernière s’alliant avec les idéologies libérale qui exploite les travailleurs et travailleuses, écocidaire qui épuise notre environnement et en premier lieu celui des plus modestes, et impérialiste qui détruit les peuples et leurs modes de vie. L’hétéro-patriarcat constitue seulement une facette de tout un système d’oppression.
Comment être confiant pour nos droits quand une ministre affirme que l’existence des homosexuels, « ces gens-là », est contre nature. Comment affirmer nos luttes quand un élu de la République, lors d’un débat sur la variole simienne, affirme que les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes font honte aux singes.
Nos acquis, qu’on nous considérait solides amenant même certains à douter de la nécessité de nos luttes, s’effritent peu à peu.
Le contexte politique nous oblige à une vigilance accrue pour la conservation de nos droits, il démontre aussi la nécessité de remporter de nouvelles victoires tant le chemin reste long.
Le moment est venu de protéger les personnes intersexes contre les mutilations qu’ils et elles subissent.
Le moment est venu de reconnaitre l’existence des personnes trans qui font face à des discriminations et humiliations institutionnalisées.
Le moment est venu de reconnaitre des droits aux travailleurs et travailleuses du sexe qui sont, au regard de la loi, des sous-citoyens et sous-citoyennes, ce qui met en danger leurs vies.
Le moment est venu de reconnaître et d’indemniser les victimes de la répression judiciaire faite aux homosexuels avant la promulgation de la loi que nous célébrons aujourd’hui.
Le moment est venu d’autoriser et d’encadrer la Gestation Pour Autrui pour assurer un droit à la famille pour toutes et tous.
« Le moment est venu d’en finir avec ces discriminations comme avec toutes les autres qui subsistent encore dans notre société, car elles sont indignes de la France. »
Plus que jamais nos luttes sont importantes, nécessaires, vitales. Plus que jamais nous devons être politiques, radicales et radicaux, et surtout plus que jamais, nous devons être fières et fiers, ne jamais baisser la tête et ne rien laisser passer.
La lutte continue, plus que jamais !