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Le jour où j’écris ce billet, plus de trente âmes se sont perdues dans la Manche. Trente vies qui ont été ôtées à ce monde alors qu’elles faisaient juste le rêve d’une vie meilleure. Darmanin se rend sur place, il accuse les passeurs et le Royaume-Uni. Boris Johnson, lui, accuse la France de ne pas en faire assez pour lutter contre les traversées. Pendant ce temps, les secours recherchent encore les derniers cadavres. Peut-être flottent-ils, peut-être coulent-ils, sont-ils peut-être déjà échoués sur des criques de la côte d’Opale. Nos dirigeants ne sont tellement pas à la hauteur. (Darmanin démission cependant)
De l’autre côté de l’Europe, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, des milliers de personnes souffrent dans le froid de la forêt, bloquées par une Europe qui a peur d’une poignée de braves gens qui font, eux aussi, le rêve d’une vie meilleure. Le Drian accourt sur les plateaux télé pour nous appeler à ne pas céder aux bonnes intentions, la première des priorités c'est de ne pas plier face à Loukachenko. La Droite européenne, elle, soutient la Pologne dans son projet de construire un mur à la frontière. Pendant ce temps les ONG se relaient tant bien que mal pour endiguer le drame humain qui s’annonce. Ils distribuent nourriture, couvertures, un peu de réconfort sans doute aussi. Nos dirigeants ne sont tellement pas à la hauteur.
Ce billet est un cri. Un cri de colère face à une Europe qui se perd dans des délires xénophobes. Une Europe qui a peur de tout, de quelques exilés cherchant une maison, un toit, un abri pour se sortir de la souffrance qu’ils fuient. Une Europe incapable d’incarner les valeurs qui pourtant sont les siennes : celles de l’accueil, de la tolérance, du partage. Une Europe qui cède face aux nationalismes qu’elle était pourtant censée faire disparaître du continent.
Je suis en colère après nos dirigeants qui n’ont même pas la décence de respecter les morts, qui appliquent des politiques de cruauté, qui conçoivent les exilés comme des chiffres, comme des flux. Qui s’émeuvent de photos en lâchant quelques tweets larmoyants pour qu'à la fin, ils ne soient toujours pas à la hauteur. Pour toujours appliquer les mêmes politiques : les laisser crever.
Trente et une personnes aujourd’hui dans la Manche, onze à la frontière biélorusse. Ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont péri en voulant rejoindre l’Europe, tuées par une idéologie rance. La xénophobie est criminelle. Les responsables devront un jour rendre des comptes devant la Justice.