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Billet de blog 28 février 2022

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Note d'humeur : Et dans tout ça, on en est où du "Monde d'après" ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nous sommes le 28 février 2022, nous sortons progressivement d’une crise sanitaire sans précédent qui plonge depuis deux ans le monde dans une ambiance flottante, enchainant confinements, couvre-feux, récessions économiques et relances.

Nous sommes le 28 février 2022, depuis quatre jours l’armée russe, sur ordre de Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine. L’autocrate du Kremlin a fait ressurgir en Europe les souvenirs les plus sombres du XXe siècle, déstabilisant les démocraties européennes et les mettant notamment face à leurs contradictions, entre défendre nos valeurs ou nos modèles énergétiques.

Nous sommes le 28 février 2022, aujourd’hui le GIEC publie un nouveau rapport sur l’évolution du climat. Il affirme que si le monde ne se décide pas très vite à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, il devra faire face à un déluge d’impacts inévitables et parfois irréversibles dans les décennies qui viennent.

Ces trois actualités ne sont pas indépendantes. Toutes sont la cause d’un système a bout de souffle. Elles sont aussi la causes d’une crise climatique et environnementale. Le plus grand défi de l’Histoire de l’Humanité comme le dit Aurélien Barreau.

Nous sommes le 28 février 2022, ce soir j’ai appelé ma Grand-Mère. Elle a 86 ans. Elle est née avant les congés payés et le Front Populaire. C’est dire si elle en a connu des choses. Aujourd’hui, comme tous les jours elle a regardé la télé. Elle me racontait que ce matin, elle a vu un sujet sur les envies de parentalités des jeunes. Elle était étonnée que ma génération ne voulait pas avoir d’enfants, alors que pour sa génération c’était un objectif de vie, une étape incontournable de l’existence. Enfin étonnée… Elle était désolée.

Peut-être vous en souvenez-vous, au printemps 2020, nous découvrions le confinement. Certains et certaines des plus rêveuses pensaient au « monde d’après ». C’était sûr, rien ne serait plus comme avant. Nous n’accepterions plus le monde qui nous avait conduit à ça. Pas de retour à l’anormal.

La campagne présidentielle avance et j’avais presque oublié ça, le « monde d’après ». Et ce soir ça m’est revenu. Ça m’est revenu cette nécessité de penser une nouvelle société. De penser la bifurcation écologique. De penser notre indépendance aux énergies fossiles. De penser nos modes de vie en considérant les autres êtres qui nous entourent, leurs habitats aussi. De penser nos sexualités plus libres et plus égalitaires. De penser notre rapport au genre. Penser nos solidarités pour que chacune et chacun ait de quoi vivre.

Alors voilà ce soir je rêve. J’ai éteint ma télé et les chaines d’infos en continu que je regarde bien trop malgré mes bonnes résolutions. Je me mets à penser à ce « monde d’après ».

J’ai beaucoup d’espoir parce que je vois à Berlin les plus de 100 000 personnes qui ont exprimé leur soutient à l’Ukraine. Je vois les milliers de gens qui bravent la peur pour manifester à Saint Pétersbourg, à Moscou, à Samara et partout en Russie pour dire « HET BOЙHE » (non à la guerre). J’ai espoir quand je vois ces activistes au salon de l’agriculture dénoncer les lobbies de l’agro-industrie mettant leurs corps en jeu pour dénoncer ce modèle productiviste et mortifère. J’ai espoir quand je vois la population polonaise accueillir les Ukrainiennes et les Ukrainiens qui cherchent un refuge, loin des bombes et des blindés. J’ai espoir enfin quand je vois toutes ces petites mains de la solidarité que j’ai croisé un jour, se démenant pour donner une soupe à des sans-abri, des sans-papier, des sans rien. Se démenant pour qu’ici ou là une population de hérissons, de grenouilles, de furets soit préservée malgré un projet routier ou immobilier. J’ai espoir quand je vois des autochtones se battre pour leurs terres, celles de leurs ancêtres, de leurs cultures face à un projet de gazoduc.

Je crois sincèrement que nous pouvons le faire ce « monde d’après ». J’ai conscience que ce billet d’humeur ne va pas servir à grand-chose et que nombre des « petites mains » que j’ai cité avant doivent le considérer avec mépris tant il est écrit dans un confort qui est aux antipodes des réalités de leurs combats. Mais je voulais vous témoigner de mon espoir, peut-être étrange dans la période, et surtout dire à ma grand-mère : j’ai envie d’avoir des enfants, ou en tout cas j’ai envie de me donner cette envie-là.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.