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Billet de blog 17 juin 2011

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La France, ses banques et la Grèce... contrairement à la version "officielle"...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis des semaines, je lis dans la presse et entends à la radio française de lourdes contre-vérités sur la France, la Grèce et l'Allemagne au sujet de la situation financière qui se répercute sur le social.

Tout d'abord, la Grèce est aux mains de trois familles qui squattent le pouvoir depuis des décennies - Papadopoulos, Caramenlis et Mitsotakis - qui ont toutes triché pour obtenir des subventions des autres pays qui font vivre l'Europe et l'Euro.

Ce fait est indéniable et n'est absolument pas véhiculé par les médias officiels qui font pleurer dans les chaumières sur la situation sociale du pays. Mais ce sont bien les Grecs qui ont voté pour ces gens - ou qui se sont "abstenus"... ils partagent donc les responsabilités.

Ensuite les médias répètent à l'envi que la méchante Allemagne qui exploite tous les autres pays refuserait de payer pour les Grecs parce que leurs propres banques seraient les plus touchées, plus que les banques françaises .... cocorico... J'ai même entendu des politiques et ministres déclarer une telle contre-vérité.

Je trouve ce matin un article fort bien recherché et argumenté sur Arrêt sur images :

Crise grecque : ce qu'on oublie trop facilement

Dans son article de synthèse (Libération), intitulé "Du mensonge à l'insolvabilité", Jean Quatremer explique que la Grèce se retrouve au bord de la faillite parce qu'elle a falsifié ses comptes:

"La Grèce se retrouve au bord de la faillite parce qu'elle a falsifié ses comptes :

"En 2000, Athènes est entré dans l’euro en falsifiant ses statistiques. Le gouvernement a reconnu en 2004 qu’il avait divisé par deux son déficit public depuis 2000. Aucune sanction, aucune enquête, aucune réaction des marchés…

En octobre 2009, rebelote : le nouveau gouvernement socialiste reconnaît que le déficit ne sera pas de 6 % du PIB, mais 13 %. En réalité, ce sera 15,4 %. Mais, à la différence de 2004, les marchés financiers, ébranlés par la crise de 2007-2008, paniquent."

[...]

Lorsqu'on évoque leurs mensonges, il est très rare de voir signalé que les "méchants Grecs" n’étaient pas les seuls à bidouiller leurs chiffres. Pourtant, les faits sont là. Et ils étaient exposés dans notre émission de février 2010 consacrée à la crise de la dette. Sur le plateau (acte 2, 4ème minute), Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation à l'OFCE, expliquait que tous les Etats de la zone euro s'arrangent avec les chiffres pour atténuer leur dette.

[...]

Même la France tente de faire baisser sa dette artificiellement, détaillait Sterdyniak : "Le 25 décembre, on fait rentrer de l'argent au maximum car les comptes sont clôturés au 31 décembre. On téléphone à de grandes banques et à des entreprises" pour qu'elles fassent les chèques à Bercy "quinze jours à l'avance". Grâce à cette méthode, "on a gagné en 2006 3% de dette publique [en moins, ndlr] et le gouvernement a pu dire que pour la première fois, la dette publique a diminué".

Depuis plusieurs semaines, l'Allemagne demande que les banques privées soient aussi impliquées dans le remboursement de la dette grecque, et que ce ne soient pas seulement les contribuables - par l'intermédiaire des Etats - qui paient pour ce laxisme. Puisque ce sont les banques qui ont prêté au gouvernement grec, mais aussi aux institutions privées.

Elle demande en outre que cette implication des banques privées soit obligatoire en fonction des montants avancés et soumise à contrôle selon des critères clairs - justement pour éviter les magouilles.

Refus catégorique de Paris. Paris ne souhaitait pas de contrôle selon des critères clairs, mais que tout reste "bénévole", autrement dit du vent ! Comme si les banques allaient s'engager à perdre de l'argent bénévolement !

Depuis des semaines, on entendait sur les ondes et on lisait dans la presse que ce seraient les vilains Allemands qui avaient le plus engagé de dettes en Grèce, eux qui refusaient de les "aider". J'entendais encore cela ce matin à la radio !!!

En fait, ce ne sont que trois banques françaises qui sont menacées depuis hier. Le Figaro pourtant très nationaliste dans ce domaine écrit ce 15 juin:

Moody's envisage de diminuer d'un cran la note de Crédit Agricole et BNP Paribas, la dégradation pourrait être de deux notes pour Société Générale Crédits

J'entends même ce 15 juin à la radio nationale (Radio France) que ces trois banques seraient sanctionnées par les méchantes agences de notation pour avoir aidé les Grecs !!! Incroyable désinformation et manipulation !

Pourquoi ces trois banques et pas les banques allemandes, soi-disant davantage impliquées dans la crise grecque ?

Arrêt sur images l'explique fort justement et se demande :

"Solidarité à géométrie variable : pourquoi la France est-elle contre la restructuration de la dette grecque ?"

"L'Allemagne, réticente l'année dernière au plan d'aide à la Grèce, souhaite aujourd'hui que des pays de l'UE valident un allongement des prêts, à condition que les prêteurs privés donnent chacun leur accord sur une base volontaire.

La France, qui y voit le début du commencement de la "restructuration" tant redoutée, freine des quatre fers, comme l'a rappelé le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez mercredi 15 juin. "

[...]

Pourquoi les banques françaises en particulier sont-elles dans le viseur des agences de notation ? Les banques allemandes sont elles aussi très exposées au "risque grec"...

Sans doute, mais "les banques françaises ne détiennent pas seulement des emprunts publics", explique France24.com.

Elles ont aussi massivement investi dans le secteur privé, à travers des participations dans les entreprises et les banques grecques. En prenant en compte la dette - publique et privée -, le secteur bancaire français est de loin le plus exposé en Europe (44,3 milliards d'euros, soit 40% de la part de la dette totale grecque détenue par les établissements européens).

C'est cette double exposition qui justifie l’avertissement de Moody’s."


Comment protéger les intérêts des banques françaises, tout en affichant une solidarité à l'égard d'un pays au bord de la faillite ?

C'est tout le dilemme du gouvernement français. Aux communicants de l'Elysée de jouer."

Et voilà qu'on apprend aujourd'hui un "accord" lors d'un déjeuner à Berlin.

La France ne souhaite pas que les banques soient "obligées" de manière quelconque, elle souhaite juste du "bénévolat". L'Allemagne accepte dans un premier temps.

Il n'y a que les naïfs pour croire à ce "bénévolat" qui épargne les banques mais fait payer les citoyens.

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