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Billet de blog 19 décembre 2008

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Article FAZ sur la présidence Sarkozy du Conseil européen. Traduction

Voici l'article paru le 15 décembre 2008 dans la FAZ sur la présidence de l'Union européenne. Je viens de le traduire:

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Voici l'article paru le 15 décembre 2008 dans la FAZ sur la présidence de l'Union européenne. Je viens de le traduire:

La présidence à bout de souffle

Il est trop simple de réduire ce qui s'est passé les six derniers mois dans l'Union européenne au seul taux d'hormones du président actuel du Conseil européen. Il est évident que Nicolas Sarkozy a un style personnel, qui a quelque chose de "parvenu".

"Je peux vous raconter le conte le plus extraordinaire", "je suis le roi d'Europe" - c'était souvent les impressions laissées pas ses interventions. Mais la présidence française de la deuxième moitié de l'année a montré quelque chose de plus fondamental: même la France, cette grande nation culturelle, cherche encore sa place dans un monde en constant changement.

Les Français ont refusé pendant longtemps d'adapter leur Etat et leur économie à la globalisation. Leur Président vient de montrer pendant six mois que la France avait aussi ses difficultés avec la multipolarité que ses intellectuels avaient tant appelée de leurs voeux.

Un jour, le devenir de l'Europe dépendait de la coopération avec la Méditerranée, puis d'un rapprochement avec l'Amérique, puis d'un compromis avec la Russie.

La sensibilité de la Chine a été importante avant les jeux olympiques, puis le Dalaï Lama honoré d'une rencontre. Avant la présidence française, la Chancelière allemande était l'amour politique déclaré de Sarkozy.

A la fin de la présidence, c'était le Premier ministre britannique. Pendant la crise financière, les pays du G 8 devaient sauver les banques, puis l'Eurogroupe, enfin tous les 27 pays membres de l'Union européenne.

Une grande ligne stratégique n'apparaissait pas souvent. Il était donc absolument nécessaire que les institutions européennes soient protégées de cette agitation gauloise.

L'idée la plus dangereuse de Sarkozy était la création d'un gouvernement économique de l'Eurogroupe. Ce projet aurait divisé le marché intérieur dont les Français sont aussi les bénéficiaires. Il est difficilement imaginable qu'au Palais de l'Elysée, personne ne s'en soit aperçu.

On est habitué au mépris français pour les "petits Etats", particulièrement d'Europe centrale et d'Europe de l'Est, depuis l'ère Chirac. Mais que Sarkozy ait manifestement cru pouvoir faire la politique économique européenne sans la Grande-Bretagne suscite des interrogations. Le fait qu'il se soit lui-même proposé pour prendre la présidence de cet Eurogroupe amélioré montre cependant une fois de plus qu'il en allait davantage de l'Ego du Président que du bien de l'Europe.

Les programmes de travail de la Présidence du Conseil ont été comme souvent bouleversés par l'actualité, particulièrement sous la Présidence Sarkozy. Sarkozy voulait fortement le "Pacte pour la migration et l'asyle" ou "L'Europe de la Défense" pour "enrichir l'histoire de l'intégration, mais à la fin plus personne ne s'y intéressait. C'est pardonnable, car il s'agissait tout au plus de belles idées sur l'avenir, devant être suivies de faits. L'opinion publique a davantage prêté attention à la gestion par Sarkozy de la guerre en Géorgie et de la crise financière, car c'était des défis de premier ordre pour l'Europe. A Bruxelles, on lui sait surtout gré de sa diplomatie de crise entre Moscou et Tiflis, sur lesquels il s'est précipité comme un attaché sur son premier cas. Mais en réalité, Sarkozy n'a pas pu empêcher les Russes de détacher l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud de la Géorgie. Certainement que personne ne l'aurait pu. Mais la question se pose cependant de savoir si l'Union Européenne doit jouer le rôle de notaire lorsqu'un pays fait usage de la force aux limites de son territoire.

Dans la crise financière, Sarkozy a eu par contre le bon instinct. Alors que les banques européennes étaient au bord du gouffre, un signal de la par des gouvernements européens était indispensable pour leur survie. L'hésitation du gouvernement fédéral n'était pas la bonne recette pour calmer les marchés. La compétition qui en suivit au sein de l'Europe pour savoir qui avait le meilleur programme conjoncturel était plutôt à chercher dans la politique intérieure britannique que dans la présidence française.

Le compromis à l'arraché sur la protection du climat n'était pas un acte héroïque de la présidence française, mais plutôt la mise en oeuvre de la politique qui avait été préparée et lancée sous les autres présidences notamment sous la présidence allemande.

De cette présidence française, beaucoup dans l'Union européenne ont conclu que l'Europe avait besoin d'une présidence du conseil permanente, comme elle est prévue par le traité de Lisbonne. Ces gens prétendent qu'un Medvedev n'aurait pas reçu un Premier ministre slovène ou tchèque et espèrent donc que les électeurs irlandais accepteront le traité avec quelques légères modifications l'année prochaine. Ce n'est pas très évident.

Le nouveau président du Conseil serait - affirment-ils - une figure pâle dans l'ensemble européen car il n'aurait pas derrière lui une grande bureaucratie ni un grand pays. En outre, le présidence changeant tous les six mois aurait son prolongement dans les instances spécialisées des Etats membres. Qu'un décideur comme Sarkozy laisse la place à une présidence permanente du Conseil , quand ce sera le tour de son pays, pourrait vite se révéler illusoire.

Car on peut tirer une leçon de la Présidence à bout de souffle de Sarkozy, la plus vieille leçon que connaisse l'Union: Foncer seul tête baissée et former des clans affaiblit l'Europe, travailler à des accords concertés et travailler tous ensemble la renforce.

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