Conclusions sur la Présidence européenne de Sarkozy
Monsieur redescend au 2ème niveau.
De Stefan Simons, Paris
Sommet climatique à Bruxelles, discours devant le Parlement européen, vent de tempête politique - Nicolas Sarkozy en excellente forme à la fin de la présidence française. Maintenant le chef de l'Etat doit revenir aux problèmes nationaux - sans être assuré de briller.
Paris - Les crises vont lui manquer: Le non irlandais au traité de Lisbonne, le conflit entre la Géorgie et la Russie, la chute des marchés financiers et économiques. Ah oui, et puis il a fallu aussi régler les mesures contre la catastrophe climatique.
Nicolas Sarkozy était toujours là, rapide, énergique - et bien sûr toujours avant les autres.
Le président français a occupé à lui seul deux fonctions diplomatiques pendant sa présidence européenne: Il était en même temps responsable suprême des affaires extérieures de sa Nation et agile représentant général de l'Europe. Le mandat de présidence européenne dure six mois, mais avec Sarkozy à sa tête, la "durée ressentie" du mandat français a au moins été deux fois plus long. Un jour, il était le premier européen, puis chef d'Etat sur la scène internationale. C'était surtout le spectacle permanent - avec Sarkozy toujours au premier rang.

Que n'a-t-il pas entrepris ! Le changement des structures de l'Union européenne, des progrès dans la politique agricole, de sécurité et de défense, la restriction des droits d'immigration, les mesures contre le changement climatique - la "vieille Europe" il voulait la secouer et réduire l'administration de l'organisation européenne. Il n'a certes pas manqué d'énergie, mais il a énervé en proposant des mesures seul, sans concertation, et amené les Européens habitués à la concertation à la limite de leur patience. Particulièrement la Chancelière qui n'était pas toujours "amusée".
Dès le début, le supershow de "l'Union méditerranéenne" provoqua une crise entre Paris et Berlin. A la fin, ce fut une réunion élargie de l'UE, juste un évènement médiatique impressionnant au Grand Palais. Six mois plus tard, le nouveau forum n'a pu se mettre d'accord que sur Malte comme siège du secrétariat. La visite de Sarkozy aux jeux olympiques à Péking, au nom de l'Europe et malgré les soulèvements au Tibet qui les avait précédés, a laissé une grande amertume.
La Géorgie: Le Président pouvait briller comme manager, qui arriva à Moscou sans mandat, mais avec Javier Solana, ministre des affaires extérieures de l'UE et José Barroso, chef de la commission, dans son sillage, pour mettre un terme à la menace de confrontation, pratiquement d'un coup de main.
La crise financière: Là Sarkozy se présenta devant l'ONU et conjura soudain la fin du capitalisme - bien qu'il soit connu chez lui comme l'ami des riches et le copain des patrons. Ensuite, il a convaincu le président George W. Bush d'organiser encore un sommet de crise qui se termina certes avec peu de déclarations concrètes, mais permit au Français de briller encore une fois à la lumière des projecteurs.
Le Français reprocha à la Chancelière Merkel de la lourdeur, elle qui ne voulait pas suivre les initiatives changeantes de Paris (Paquet financier, baisse de la TVA, programme conjoncturel) "L'immobilisme est devenu insupportable" tança l'Elysée. "Lors des prochaines réunions du Conseil européen, on ne retombera plus dans l'ennui". Pour montrer que tout fonctionne même sans les Allemands, il a tout simplement évité d'inviter la Chancelière lors du "mini-sommet" de Londres.
C'était tout ? Y a-t-il eu un agacement à Berlin sur le style de Sarkozy ?
Certainement. Le Président agit avec "l'énergie qui lui est propre" dit-on à Berlin, mais selon la lecture officielle "l'axe Paris-Berlin reste une nécessité centrale". Et à l'Elysée, on décrit la discorde permanente du couple Sarkozy-Merkel comme un "phénomène étrange". Bien entendu, "les points de vue sont différents entre la France et l'Allemagne" dit-on. "Le vrai miracle, c'est cependant que les deux pays arrivent à trouver une solution." Ah oui, et puis: "Le Président est un grand Européen convaincu".
En fait, Sarkozy a obtenu des résultats dans les dossiers comme la politique de sécurité ou le changement climatique. Par contre, il n'a pas réussi à se faire installer de manière durable comme chef de la zone Euro - le journal Le Monde parle d'une "tentative de putsch institutionnel".
Les Français semblent apprécier le brutal engagement de leur Président au moins en ce qui concerne l'Europe: 56 % trouvent le bilan de Sarkozy positif. Il en est autrement en politique intérieure. Le dernier sondage paru dans le journal économique "Les Echos" donne 61% de points négatifs pour ses efforts dans les domaines de l'économie, les conflits sociaux et le chômage au niveau national.
Le temps des mises en scène glamoureuses est terminé. L'agenda de l'Elysée note pour les prochains jours "Rencontre avec les députés de Mayotte", un déplacement dans les Vosges en fin de semaine pour "la défense de l'espace rural". Puis il y a les grèves de la SNCF, les protestations de l'Education Nationale. Et entre Noël et le Premier de l'an - comme tous les ans - les bagarres dans les banlieues, les voitures qui brûlent, les heurts avec la police.
Suffisamment pour le Président français. Mais la gestion des crises se fait maintenant chez lui.