Tous les médias français répètent en choeur depuis hier un terme "refusé"...
La "vilaine" Angela Merkel a osé refuser ce que N. Sarkozy proposait. Toute la presse répète en choeur la phrase de N. Sarkozy:
"Paris y travaille, Berlin y réfléchit."...
Non seulement c'est faux, mais c'est insultant... et tellement ridicule de surcroît.
Et tous les médias, audiovisuel compris, oublient tout simplement de relater la répartie souriante d'Angela Merkel, je l'ai vue et entendue la prononcer à la TV allemande, en répartie à N. Sarkozy: "On peut travailler et penser en même temps, l'un n'empêche pas l'autre, c'est ce que nous faisons".
J'ai adoré :-))
Les médias français ont tout simplement "zappé" la répartie souriante... les Français sont donc "informés" de manière très, très unilatérale...
Voici donc la traduction d'un article du journal de Sarrebruck de ce matin, qui résume assez bien ce que pense le pays dans son ensemble:
Pure dérision plutôt qu'harmonie
La relation franco-allemande à son point le plus bas
Les paroles élogieuses sur la bonne coopération ne pouvaient pas le cacher : la relation franco-allemande a atteint hier avec la rencontre d'hier entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel son point le plus bas. Car leur approche de la crise des marchés financiers ne peut être plus différente. Une blague circulant entre les journalistes qui attendaient décrit bien la situation : Sarkozy demande à Merkel de se lever. "Pourquoi ?" demande la Chancelière. "Parce que tu es assise sur un tas d'or" répond le président français.
Contrairement à Merkel, Sarkozy demande avec insistance une intervention de l'Etat dans l'économie. Il était arrivé à la rencontre ministérielle franco-allemande avec l'objectif de convaincre la Chancelière de s'engager davantage dans le paquet pour la relance de la conjoncture européen de 130 millions d'Euro.
La France a un intérêt à ce que la conjoncture en Allemagne s'améliore rapidement - car la plus grande partie des exportations françaises va vers l'Allemagne. Cependant Angela Merkel lui a opposé un refus catégorique. Et immédiatement, Sarkozy, l'hyperactif, a essayé de railler son hôte. On se serait mis d'accord, dit-il, sur le fait de prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre la crise, ajoutant: "La France y travaille, l'Allemagne y réfléchit."
Avec de telles remarques, Sarkozy veut marquer des points auprès de ses électeurs, qui attendent que l'Etat intervienne en période de crise. "Regardez, moi, je fais quelque chose pour vous." En même temps, le Président souligne sa volonté de diriger l'Europe, suscitant intentionnellement la fausse impression que l'Allemagne ne fait rien face à la crise pendant que la France est active.
Cependant, Angela Merkel a raison de refuser de suivre N. Sarkozy sur le paquet conjoncturel de l'UE. Car l'Allemagne a fait ses devoirs, a poursuivi depuis des années de manière conséquente la réduction des déficits publics. Sarkozy au contraire ne s'est pas du tout soucié de respecter les critères de Maastricht, a laissé filer les déficits et ne respectera pas la parole donnée à ses partenaires européens de réduire les déficits d'ici 2010 et de présenter un budget en équilibre. Au début de son mandat, il a fait des cadeaux fiscaux de plusieurs milliards et même maintenant, il distribue de l'argent avec des trains de mesures de "sauvetage" , un argent que l'Etat français n'a pas.
C'est donc à juste titre qu'Angela Merkel craint de devoir être sanctionnée d'avoir mieux géré les affaires du pays et de devoir payer pour les fautes des autres. Un accord rapide des deux dirigeants sur un paquet commun pour l'Europe semble donc assez improbable...
Voilà qui est clair et remet les pendules à l'heure. C'est un peu la fable de la cigale et la fourmi...