Nous, signataires de cette tribune parmi les étudiants de Sciences Po Paris sur le campus de Menton, condamnons toutes formes d’atteinte à la liberté d’expression et tous actes de vandalisme.
Au matin du 8 octobre 2024, plusieurs inscriptions taguées à l'entrée du campus de Menton ont été découvertes. De plus, un drapeau palestinien a été déployé lors d’une commémoration en hommage aux victimes du conflit israélo-palestinien avec la résurgence violente du conflit depuis le 7 octobre 2023. Après la publication d’un article par France Bleu et repris par Nice-Matin décrivant la situation de manière inexacte et écrit par des journalistes peu scrupuleux, nous souhaitons, dans cette tribune, clarifier la situation en dévoilant la réalité de la vie sur notre campus de Menton, dans l’institution historique qu’est Sciences Po Paris.
Depuis la rentrée le 26 août 2024, nous avons constaté que l’ambiance qui régnait sur le campus (et règne toujours) était faite d’entraide, de bienveillance, et de dialogue, tant du côté de l’administration que du côté de la communauté étudiante. Durant la semaine de prérentrée, les premières années ont pu assister à différents modules centrés sur les questions de liberté d’expression et de dialogue interculturel. Des modules qui abordaient les questions des violences sexistes et sexuelles et des discriminations telles que le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie ont aussi été donnés durant cette prérentrée. La question du conflit israélo-palestinien est naturellement au cœur des préoccupations intellectuelles du campus de par sa mineure géographique Méditerranée - Moyen-Orient. C’est dans ce cadre-là que trois maîtres de conférences sont intervenus à la rentrée pour nous sensibiliser à cette thématique sous l’angle des trois grandes religions monothéistes.
C’est ainsi que les professeurs Denis Charbit, Alaa Badr, et Gabriel Khairallah sont intervenus et ont enrichi nos perspectives sur cette région du monde.
De plus, la promotion 2024-2026 a la chance de se voir proposer un cours d'introduction à la question palestinienne dispensé par le Pr. Jean-Pierre Filiu, grand spécialiste de la question.
Dans notre vie étudiante, nous avons le choix enrichissant de participer aux activités de
nombreuses associations et initiatives étudiantes. Il existe des associations aux diverses couleurs politiques qui, dans un esprit de pluralisme et de tolérance, représentent les convictions de chacun. Nos cadres de vie et d’éducation sont donc fondés sur les idées d’acceptation d’autrui, de dialogue, et du respect des différences.
En ce sens, il nous semble nécessaire de revenir sur quelques propos publiés précipitamment, dans la presse, l’après-midi des faits. Nous refusons la réappropriation politique et médiatique de notre communauté étudiante.
En dehors de toute influence politique, nous refusons de même d’être collectivement associés à tout mouvement quel qu’il soit. Aucun parti politique n’influence la communauté étudiante de Sciences Po, ni ne la manipule. Les articles de Nice-Matin, France Bleu, et Le Parisien se sont permis de mentionner la figure de Jean-Luc Mélenchon et, de cette manière, insidieusement relier la situation sur le campus à un groupe politique. Ceci alors que les étudiants supposément interrogés dans les articles ont précisé que l'initiative du drapeau était uniquement motivée par la situation dans la bande de Gaza. Le lien fallacieux fait entre la figure de Jean-Luc Mélenchon et la communauté étudiante du campus de Menton par les journaux ne représente pas la réalité de la vie sur notre campus.
Le fait que sur les 514 étudiants, il y ait 71 nationalités différentes démontre la présence d’une pluralité des perspectives et d’un dialogue interculturel enrichissant qui dynamise l’émulation intellectuelle sur notre campus. Il est donc regrettable que France Bleu stigmatise les étudiants du campus avec une affirmation difficilement démontrable qui énonce que “le campus de Menton compte 60% d’étudiants étrangers, surtout issus du monde arabe” (une affirmation que le journal a supprimée dans la journée du 09/10/2024). Nous pouvons légitimement chercher à savoir ce que voulait prouver France Bleu par cette affirmation, en sachant que notre campus est tourné vers la région Méditerranée - Moyen-Orient . Il nous est reproché que “sans courage, les dérives continuent”. Alors aujourd'hui, nous prenons nos stylos pour nous exprimer et montrer que nous ne sommes pas les instruments d’une machine médiatique et politique avide de polémiques et de buzz.
Ces inscriptions murales sont l'œuvre d’individus inconnus et, dans la forme, ne reflètent ni nos valeurs, ni nos identités multiples et encore moins la raison de nos études en ces lieux. Nous étudions à Sciences Po pour faire rayonner les valeurs libérales, sociales et républicaines de la France. La nature de notre formation nous invite à l’engagement, mais cet engagement est citoyen et les actions radicales sont loin d’être représentatives de l’esprit de notre institution et de notre communauté étudiante.
En définitive, notre objectif est d’assurer l’unité au sein de la communauté étudiante, entre l’institution et les étudiants et entre l’institution et la ville qui nous accueille. Nous aimerions finir par déclarer que le souhait qui unit les pétitionnaires de ce campus est celui de la paix.
Rédacteurs : Lou Febbraio, Gibrile Belkebir, Imran J., Antoine Moubarak, Agathe Boureda, Tasnim Haouam, Mateo Nadal
Tribune signée par : Julien Mayet, Daudé Claire, Marie Pous, Yassine Laaouina, Alexandre Bachelier-Leclair, Lucie Codron, Zoé Isbled, Juan Fernando Iasio, Valentina Portia, Zareena Rahime, Sacha Roussel, Zelie Guillet-Piot, Syrine Graziana, Hidaya Saenfane, Julie Erny,Ines Ben Galaia, Nour Jerbi, Faustine Marical, Raphaël Guermonprez, Tony Saurat, Elia Razouk, Kimi Goldman, Elisa Bras, Ellya Becker, Madeleine Ledieu, Hélène Incisoy, Camille Destée Girot, Coline De Gunten, Kinda Saadé, Istvan Ocskay-Mattyasovszky, Maximilien Desquiens, Paulin Hasbrouck, Melina Church, Tom Fontana, Théo Cuvillers--L’Hôte, Omar Khales, Vassili Senegas, Robin Prezioso, Emma Tromeur, Eva Kotsonis, Garance Rabier, Laëticia Bertrand Souleau, Jasmine Sharareh, Kaushik Pardeshi, Jan Schöneberger, Anna Pittion, Mohamed Halmous, Yamina ZEGANE