Madame, faisant suite à votre intervention du 08/04/24/ dans l’émission « les grandes gueules » sur RMC concernant les « gens du voyage » tous confondus avec les gens du cirque, je pense qu’il est important, Madame, de vous rappeler quelques éléments de bon sens et d’autres qui vous permettront de prendre du recul et de réviser vos images stéréotypées et haineux envers une communauté exemplaire sur les valeurs humaines !
Ainsi sachez-le, Madame Lefebvre, je pense que vous jugez tout un peuple sans savoir réellement qui ils sont : connaissez-vous réellement les Tsiganes, les Roms, les Gitans, les Manouches, les Sintis, les Yeniches ? Non, car vous n’évoquez que des aprioris, vous ne faites que rapporter des ragots, qui stigmatisent cette population ! Vous jouez le jeu du séparatisme et j’ose le dire au nom de mon association l’UFAT des discriminations, voire du racisme ! Contrairement au reste de la population sédentaire ou tous les jours on entend des assassinats, des viols, meurtres, détournements de fonds, escroqueries, abus de pouvoir, chez nous, l’exclusion, la mise à l’écart n’existent pas. Sachez Madame Lefebvre que la famille au sens très large est indispensable pour chaque individu de la communauté, le respect des anciens est toujours de mise !
Nous sommes des gens respectables qui vivons en France depuis le 15éme siècle et avons subi depuis toujours (et dans toute l’Europe) ces discriminations que vous relayez si facilement et avec une telle légèreté ! Savez-vous que depuis le 15éme siècle, les interdictions ont poursuivi nos peuples ? Suivant les périodes historiques : interdiction de rester au même endroit ou au contraire enfermement dans des camps, interdiction d’acheter maison et terrains, interdiction d’exercer certains métiers, interdiction de scolarisation !!! Et ce alors même que nos parents ont combattu quand ils l’ont pu pour la France !
Ce serait plus sérieux Mme Lefebvre de parler de ça plutôt que de colporter des ragots et des images discriminantes, ne le pensez-vous pas ?
En 2024, beaucoup de ces discriminations perdurent : il est difficile pour certains de trouver des logements, du travail, de scolariser les enfants parce que nous sommes sans cesse renvoyés (comme vous l’avez fait) à des images négatives et dévalorisantes !
Je pense que vous auriez beaucoup à dire sur ces éléments s’ils vous intéressaient, mais ceci ne vous émeut point apparemment, vous préférez relayer des images fausses et stigmatisantes et ainsi vous focaliser sur des gens inoffensifs, qui jamais ne caillassent la police, qui ne brulent pas des véhicules, ou la délinquance chez les jeunes ne font pas l’actualité, voilà pour le constat !
Par ailleurs sur vos propos sur l’école sachez Madame que nous pouvons trouver que l’école ne vous a pas réussi, car vous avez oublié, semble-t-il, que nous sommes en République, que des gens courageux se sont sacrifiés pour instaurer cette République, avec la belle devise « liberté, égalité, fraternité » que vous réfutez par vos propos indignes. Vous oubliez aussi le respect des droits de l’Homme, les mêmes droit pour tous : ça vous l’oubliez avec ces propos honteux qui de fait sont une attaque contre la République unie, respectueuse de chacun, donc aussi des tsiganes français depuis 5 siècles, malgré les discriminations subies !
Pour ce qui est de l’éducation, excusez-moi, mais aujourd’hui nous assistons à une dérive délinquante ou le racket et les assassinats se succèdent, et bien d’autres faits qui marquent l’actualité de tous les jours, de cela, nous les Tsiganes, Roms, Gitans, Manouches et autres n’en voulons pas. Oui nos enfants vont à l’école de la République sans exception contrairement à vos propos, pour nous c’est un moyen de traiter le racisme à la base, mais aussi « vivre ensemble ». Les enfants n’ont pas la vision de la différence, seuls les adultes pensent autrement, mais ils sont aussi à l’école de la vie, ils apprennent le respect, le sens de la famille qui àa toujours valeur chez nous, oui ils travaillent avec leurs parents, ils ne sont pas dans la rue à trainer : ils sont toujours encadrés car nous les aimons.
Pour les animaux, sachez aussi que depuis que le monde existe nous avons été les premiers à posséder et à éduquer et à entretenir des animaux : du 15éme au 18éme siècle, c’était même souvent les seules professions que nous pouvions exercer : élever et montrer des animaux, les autres métiers nous étaient interdits ! Donc sachez Madame, que chez nous les animaux ont une place familière, ils sont parfois une ressource financière (cirque) de bien des familles et aussi utiles pour des activités de chasse car les Tsiganes sont de génération en génération des chasseurs et pêcheurs hors pair ; ceci était une question de survie.
Pour ce qui est de se faire soigner sachez encore que nous ne sommes pas une charge pour la société, bien au contraire, chez nous les enfants handicapées sont au sein de la famille, ils évoluent au milieux des autres enfants sans différence aucune bien au contraire, ils ne sont pas dans des milieux spécialisés. Les vieillards eux aussi ne sont pas en maisons de retraite, ils vivent et meurent au sein de la famille entourés de leurs enfants, petits enfants, et arrière petits enfants.
Pour compléter vos propos, sachez que nous n’avons pas les mêmes avantages, concernant les allocations de logement puisque nous n’y avons pas droit, alors je vous demande de réviser vos propos à ce sujet.
Pour conclure, nous avons un code d’honneur aussi, nous servons toujours le pays qui nous à vu naitre, malgré que celui-ci ne nous accepte pas, nous l’avons toujours démontré, à travers l’histoire sanglante des événements mondiaux (14/18/-39/45/). Bon nombre de Tsiganes sont tombés sur les champs de bataille, d’autres ont servi la patrie dans l’armée des ombres (maquisards), ils ont fait leurs devoirs de patriotes contrairement à beaucoup de collabos, ou milice à la solde du gouvernement de l’époque collaborationniste. C'est aussi ce gouvernement qui promulgua un arrêté (avril 1940) pour l’internement des personnes réputées nomades, libérés deux après la fin de la guerre, sans compensation aucunes alors que l’on les a dépouillées de tous leurs biens à leur arrestation.
Voilà Madame Barbara Lefebvre, ceci n’est qu’un aperçu de la vérité que vous déformez hélas, il vous reste beaucoup à apprendre sur la différence, mais malgré tout, je me tiens à votre disposition pour vous en dire beaucoup plus si cela peut enrichir votre méconnaissance, je ne vous félicite pas, et je ne vous salue pas non plus.
DAUMAS Alain Eugène, Président de l’UFAT.
En juillet 2000 la loi besson a été renforcée afin de donner le pouvoir des maires à procéder des expulsions pour stationnement sauvage ou illégale cataloguant les Tsiganes comme des délinquants, même si une commune n'a pas rempli ses obligations concernant la loi besson (31 mai 1990). Cette loi durci davantage l’exclusion des Tsiganes, mais on ne condamne pas les élus hors la loi.
Le chiffre avance date de 1990 aujourd’hui on serait plus près de 1 300 000 voyageurs tsiganes