"Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limites."
Le dur désir de durer, Paul Éluard.
VIOLENCE
On ne compte plus les morts : Remi Fraisse, Abdelhakim Ajimi, Zied Benna, Bouna Traoré, Makomé M'Bowolé, Malik Oussekine et tant d’autres. On ne compte plus les mutilations, les fractures, les yeux perdus, les tendons sectionnés, les hématomes, les plaies béantes, les traumatismes crâniens, les yeux brûlés, les gorges irritées, les vomissements et les suffocations résultats des gaz lacrymogènes, des flashball, des grenades de dispersement et des coups de matraque. On ne compte plus le gaspillage, les millions d’euros déversés pour armer les forces de l’ordre dans le double objectif de mater toute marge qui manifeste et agis d’une part et de maintenir un certain ordre d’autre part : l’ordre de l’homme-blanc-capitaliste-hétérosexuel-et-vieux. L’ordre qui accorde plus de valeur aux banques, aux mcdonalds, aux supermarchés et aux caméras de surveillance plutôt qu’à nous et à la condition qui nous est faite.
VIOLENCE
On ne compte plus les contrôles au faciès, les assignations à résidence, les interdictions de manifester, le 49.3, l’antiterrorisme, la bac, la loi renseignement, la jungle de Calais brûlée, l’expulsion violente des migrants du lycée Jaurès, le raid qui évacue la maison du peuple à Rennes, les condamnations et la répression injustes des salariés en luttes chez Air France, Goodyear, Continental et dans chaque cortège de manifestation désormais. Les lanceurs d’alertes jugés, condamnés, parfois même forcés à l’exil. Les attaques violentes à l’encontre des zadistes à Notre Dame des Landes, Sivens et ailleurs. Les attaques violentes à l’encontre des étudiants et des lycéens à Rennes, Nantes, Tolbiac, Bergson et ailleurs encore. Le déchainement de violence symbolique ou physique à l’encontre des minorités que ce soit les femmes, les migrants, les queers, les arabes, les noirs, les sans-papiers, les musulmans, les juifs, les roms, les pauvres etc. la liste est longue.
VIOLENCE
On ne compte plus le ridicule et les simulacres d’une justice d’Etat qui substitue le commun par l’ordre de la matraque. Dans laquelle les lois sont pensées et faites pour stigmatiser les pauvres, les sans-papiers, les shiteux, les manifestants, les chômeurs, les putes, les voleurs. Une justice qui se montre bien laxiste avec les délits de cette classe qui bien souvent vote ces mêmes lois de manière laxiste concernant leurs histoires d’abus de biens sociaux, de fraude fiscale, de corruption, de trafic d’influence, d’abus de position dominante (une position dominante peut-elle être autre chose qu’un abus ?), de délits d’initiés, de prises illégales d’intérêt etc. On ne dit plus l’absurdité de ne pouvoir être représenté que par des partis politiques qui ne représentent plus rien que ce soit en terme d’idée ou d’adhérents. Ou bien des syndicats qui ont le même soucis de perte de domination idéologique et de perte de pouvoir qu’ils défendent grâce à des discours et des services d’ordre fascisants exerçant une violence répressive main dans la main avec les services d’ordre de l’Etat à coup de dénonciation, gazage et matraquage.
VIOLENCE
On ne compte plus le traitement médiatique qui nous est fait où l’information n’en est plus, où on nous prépare à être du « temps de cerveaux disponible », où on nous dit comment manger, voter, vivre mais surtout ne pas penser, ne pas s’émanciper, ne pas chercher du sens puisqu’on vous dit qu’il n’y en a pas. Qui est-ce qui le dit ? C’est L’Etat, Hersant, Lagardère, Drahi, Lucas, Amaury, Weil, Bertelsmann, Dassault, Niel, Bolloré, Pinault, Arnaud, Tapie, Bouygues. Ces gens qui contrôlent les médias en dépit de toute idée de démocratie, qui les utilisent pour leurs intérêts propres et idéologiques dans lesquels « le mouvement continue d’images, de sons et jingle entretiennent notre léthargie et notre passivité. » Des médias qui font violences aux informations, aux faits, au journalisme, à la vérité et aux mots. Des médias qui divisent et sépare bons et mauvais manifestants qui font le jeu et la propagande de la violence institutionnelle et répressive de l’Etat. Oui, nous sommes tous des casseurs.
VIOLENCE
On ne compte plus la violence qui est faite aux mots et à leur sens. Que sont devenus les mots justice, égalité, liberté et commun ? Pourquoi ne peut-on plus appeler fascisme ce qui l’est ? Aujourd’hui et depuis trop longtemps maintenant, on ne censure plus, on sensure. On confisque le sens. Que ce soit dans les médias, dans les textes et les discours tout nous conforme à la servilité et au mensonge grâce a l’habileté des senseurs, des matraques et des systèmes de surveillance. Prenons par exemple le mot violence. La violence c’est l’abus de la force. De quel côté se trouve la force aujourd’hui ? De qui vient-elle cette violence alors ? On remarque qu’il est dangereux de leur en laisser le monopole et la légitimité, même s’il ne s’agit pas d’en faire n’importe quoi et de lui donner du sens en se réappropriant le vocabulaire insurrectionnel afin de rétablir un rapport de force équitable. Arrêtons de penser que seule la violence des manifestants est néfaste, elle n’est qu’une réponse aux manipulations lexicales. La violence aujourd’hui elle est en face de nous, en opposition à nos êtres et le temps des réponses pacifistes a été dépassé surtout quand ces réponses se désolidarisent de tout autre forme d’action, ça ne fait que le jeu du pouvoir. Nous faisons du bruit parce que nous sommes, tout simplement. La réponse c’est d’arrêter les divisions et de passer à l’acte.
VIOLENCE
Dédramatisons ce vocabulaire et réapproprions nous le. Eradiquons la peur d’aller en force là où il faut aller. Arrêtons d’attendre. Arrêtons de gémir de manière permanente. L’Etat et le Capitalisme agonisent, d’où la démonstration et le spectacle de forces fascistes extraordinaires qu’ils mettent en place pour nous remettre en cadre. Nous avons déjà souffert suffisamment à notre condition et à notre commun. Il est temps de rompre avec le confort, l’habitude et le quotidien, on s’en fout de tout ça. Débordons. Nous avons suffisamment d’étincelles depuis bien longtemps, il ne tient qu’a nous d’en faire un feu qui se propage, une « révolution poétique », une insurrection. Ne soyons plus une position. Soyons du sens, soyons un élan, soyons un mouvement.