Suites et fin provisoire ce 4 avril sur la page facebook de Teresa Maffeis
Nous avons accompagné la petite famille à la préfecture où nous fûmes accueillis par un gros comité d'accueil policier. Seuls Cedric et l'avocat ont pu rentrer. Demande d'asile enregistrée et placement en hébergement.
le récit de la journée du 3 avril (illustré de quelques photos) par Teresa Maffeis sur sa page facebook
Le juge ordonne, la police embarque.
Ce lundi 3 avril, nous sommes allés à Breil sur Roya chercher la famille pour laquelle le juge du Tribunal administratif avait condamné le préfet du 06 à recevoir la demande d’asile dans les 3 jours. L’ordonnance en poche, nous sommes montés dans le train « confiants. Et ce fut le début d'une journée infernale. La police mobile a fait arrêter le train pendant 1h30 en gare de Sospel sans se préoccuper des passagers du train, sous prétexte qu'il n'avaient aucune information. Une voyageuse leur a pourtant dit "tout le monde le sait, car c'était relaté dans Nice Matin ce matin". Un jeune homme qui avait rendez vous pour un entretien d’embauche était inquiet. Une longue série d’échanges téléphoniques, nos avocats, le cabinet du préfet, la direction de la police... Pour enfin apprendre que sur instruction de François-Xavier LAUCH, sous-préfet, directeur de Cabinet, la famille devait être embarquée pour "vérification d’identité" à la PAF Menton, où s’était produite l’interpellation qui avait été contestée et fut l'objet de l’ordonnance qui condamnait le préfet. Sûrs de notre bon droit à agir, nous refusons tous de descendre. La famille a été embarquée dans une camionnette de la police et nous avons suivi. Après 3 heures d’attente, nous avons pu ramener à la famille en sécurité, avec promesse faite en préfecture que demain matin leur demande serait examinée. Nous y serons dès 8h30. Pendant ces 3 heures, un va-et-vient incessant de fourgons qui ramenaient des réfugiés, et des jeunes derrière des grillages qui attendaient... Insupportable !!!
Nouvelle évolution :
sur nicematin.com - par G.L. le 3 avril
VIDEO. Une famille de migrants érythréens interpellée dans le train en compagnie de Cédric Herrou
La situation est ubuesque.
Vendredi, la justice a condamné le préfet des Alpes-Maritimes à accepter le dépôt de demande d'asile d'une famille de migrants Érythréens. Demande qui avait été refusée mi mars.
Saisi, le tribunal administratif a ordonné au préfet de l'accepter dans les trois jours.
Le couple a donc, ce lundi matin, pris le train depuis la vallée de la Roya pour se rendre en préfecture des Alpes-Maritimes à Nice. Il était accompagné de Cédric Herrou, le agriculteur emblématique de Breil-sur-Roya.
Coup de théâtre, la famille a été interpellée en gare de Sospel vers 10 heures et sont actuellement dans les locaux de la Police aux frontières à Menton.
Le train devait repartir à 9h03 de Sospel, il a été bloqué pendant plus d'une heure avec tous ses passagers.
L'avocat de la famille de migrants, Me Zia Ouloumi, qui les attendait à Nice, s'est dit consterné par cette situation kafkaïenne. "L'ordonnance de jugement a été montrée aux policiers à Sospel, mais malgré cela on les retient pour un contrôle d'identité!"
En raison de cette intervention, le train a été arrêté pendant près d'une heure en gare de Sospel.
Billet complété le 3 avril par un texte de Cédric Herrou sur sa page facebook :
Cher Monsieur le Prefet Georges-François Leclerc,
Il y a quelques mois, l’historien Yvan Gastaut, qui chronique dans Nice Matin, s’est vu discrédité par l'une de vos tribune dans ce même journal.
Vous avez jugé sa comparaison "absurde et injurieuse", vous avez dénoncé une attaque infondée contre les services de l’État.
Yvan Gastaut avait assimilé l’action de ceux qui soutiennent les migrants dans la vallée de la Roya à celle des Justes durant la Seconde Guerre mondiale...bref peut etre un peu exagéré je vous l'accorde...mais pas si loin du souvenir amer que nos aïeux ont emporté, pour la plupart, dans leurs tombes...paix à leurs âmes...
Et vous n'avez pas hésité à incriminer nos actions, nous simples concitoyens de la Vallée de la Roya, répondant au non respect de la loi par vos services
Je vous rappelle que nous avons subi, garde à vue, perquisitions et procès à venir...un détail pour vous, un traumatisme pour d'autres...
Vous nous avez insultés de délinquants...ok....
Je voulais simplement vous faire part de mon entière satisfaction de l'ordonnance du Tribunal Administratif de Nice vous accusant "d'atteinte grave au droit d'asile".
Monsieur le préfet,j'ai le plaisir de vous annoncer qu'à ce jour le délinquant c'est vous !
http://france3-regions.francetvinfo.fr - par AFP - le 01/04/2017
Le tribunal administratif de Nice, saisi du cas d'une famille érythréenne empêchée de demander l'asile en France, a tranché vendredi 31 mars en faveur de ces migrants, estimant que le préfet des Alpes-Maritimes avait porté une "atteinte grave au droit d'asile".
"En refusant de délivrer aux intéressés un dossier permettant l'enregistrement de leur demande d'asile, alors qu'ils se trouvent sur le territoire français et qu'ils ont pris contact avec les services de police et de gendarmerie pour y procéder, le préfet des Alpes-Maritimes a porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit d'asile", a statué le juge Didier Sabroux, saisi en référé liberté.
Le juge a donné "trois jours ouvrés" au préfet "compte tenu de la vulnérabilité des requérants" pour enregistrer la demande du couple, Daniel T. et son épouse enceinte Salam K., arrivés en février en France avec leur fils de 4 ans après un périple entamé en septembre 2015 via l'Ethiopie, le Soudan, la Libye, puis la Sicile gagnée par la mer et enfin, Vintimille.
Hébergés chez Cédric Herrou, le plus connu des militants de l'association d'aide aux migrants de la vallée franco-italienne de la Roya, Roya Citoyenne, ils sont épaulés par deux de ses avocats. Ces derniers les avaient accompagnés déposer leur demande d'asile à la gendarmerie de Breil-sur-Roya le 16 mars, mais le couple avait trouvé porte close. Escortés par la police à Menton, ils avaient été refoulés au bout de trois heures vers l'Italie après que leurs empreintes digitales étaient apparues dans le fichier européen Eurodac.
"Si nous vous avons saisi aujourd'hui, c'est qu'il y a une accumulation de ces refus d'entrée et que vous êtes le seul garant de ces droits fondamentaux", a plaidé à l'audience une avocate des requérants, Me Mireille Damiano. "Le préfet dit 'nous les avons renvoyés vers le pays légalement compétent pour traiter leur demande d'asile' mais les pièces ne sont pas dans le dossier. L'acceptation par les Italiens doit être écrite et vous ne l'avez pas!", a de son côté dénoncé son confrère Me Zia Ouloumi.
"Il ne ressort d'aucune des pièces du dossier que le préfet des Alpes-Maritimes a mis en oeuvre une procédure de réadmission en Italie après la prise des empreintes des intéressés et la vérification de leur présence dans le fichier Eurodac, comme il auraIt dû le faire s'il estimait que l'Italie était le pays responsable de l'examen de leur demande d'asile", indique l'ordonnance.
"Qu'est-ce qui les empêche d'aller à la préfecture ?", s'était enquis le juge à l'audience. "La vallée est bouclée", a répondu Me Mireille Damiano: "On ne peut pas ressortir sans passer par l'Italie, ou par les points de passage frontière que sont la gare de Breil et le barrage routier de Sospel", où la police interpelle et refoule les étrangers en situation irrégulière, ainsi que ceux qui les transportent bénévolement.
La préfecture des Alpes-Maritimes n'était pas représentée à l'audience.