REPORTERRE, par Grégoire Souchay - 31 mai 2017
Dimanche 28 mai, le porte-parole de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a mis en cause la responsabilité de Bernard Cazeneuve, ex-ministre de l’Intérieur, dans la mort de Rémi Fraisse. Reporterre fait le point sur l’enquête et les responsabilités judiciaires et politiques.
- Où en est l’enquête judiciaire
- Quels sont les recours des parties civiles ?
- Pourquoi mettre en cause les juges elles-mêmes ?
- Pourquoi Jean-Luc Mélenchon a-t-il pointé la responsabilité de Bernard Cazeneuve ?
- Rémy Fraisse a-t-il été assassiné ?
- L'affaire Fraisse est-elle close ?
- Et dans le Tarn, que devient le barrage de Silvens ?
... Bernard Cazeneuve était ministre de l’Intérieur au moment du drame. Une conclusion de la grande enquête menée par Reporterre sur la mort de Rémi Fraisse était que la responsabilité du ministère de l’Intérieur et de Matignon était engagée. Le drame de Sivens est avant tout lié au déploiement d’opérations de « rétablissement de l’ordre », dans un contexte civil avec l’usage d’armes de guerre, comme la grenade offensive F1 qui a tué Rémi Fraisse. L’arme, dont l’utilisation a été ultérieurement suspendue par Bernard Cazeneuve, est interdite depuis le 11 mai dernier. Mais il est faux de dire qu’on ignorait auparavant sa dangerosité, puisque c’était déjà ce type de grenade qui avait tué Vital Michalon, à Creys-Malville, en 1977. Nous avions mis en évidence autres éléments de responsabilité, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a confirmé dans son rapport sur le maintien de l’ordre publié en décembre 2016.
... Ce n’est pas pour autant que le terme d’assassinat, même s’il peut être mal choisi, n’a pas de sens politique. Dans les manifestations de réaction à la mort de Rémi Fraisse, comme dans celles, plus récentes, suivant la mort d’Adama Traoré ou dans le cortège de tête contre la loi Travail, le mot d’ordre « d’assassin » est revenu régulièrement, scandé et en slogan. Pour les manifestants, c’est une manière de remettre au premier plan les responsabilités politiques dans l’organisation du maintien de l’ordre et de considérer que l’usage de la violence par les forces de l’ordre n’était, à ce moment-là, pas légitime. Dans cette logique, il ne s’agit pas d’un « accident », si l’on considère les moyens déployés en maintien de l’ordre sur place pendant des semaines, qui faisaient craindre à des militants que « tout cela va finir par un mort ».