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Billet de blog 7 décembre 2022

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Palais Royal 350 jeunes y campaient pour demander une mise à l’abri d’urgence.

Une opération de "mise à l’abri" a eu lieu ce matin. Non pas depuis la place du Palais Royal, mais depuis l’ancien campement d’Ivry. - Rappel 96% des jeunes suivis par Les Midis du Mie ont été reconnus mineurs.

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Mise à jour le 8 décembre 2022

Voir aussi ce témoignage dans le club : " Mineurs isolés à Paris : "C’est le moment d’agir, aidez-nous à quitter cette merde !"

Cela faisait depuis juin 2022 que des mineurs exilés isolés survivaient sous le pont Nelson Mandela, sur la rive droite des quais de Seine de la ville d’Ivry. En six mois, plus de 400 jeunes se sont retrouvés là-bas, faute d’autre solution. Ce matin, ils ont enfin été pris en charge, non sans peines et non sans luttes. Retour sur ces derniers jours de survie et de mobilisation.

Les Midis du MIE - le 7 décembre 2022

PLACE DU PALAIS ROYAL

ET IVRY LIBERTÉ DÉMANTELÉS

Hier soir, nous avons appris qu’une opération de mise à l’abri aurait lieu ce matin. Non pas depuis la place du Palais Royal mais depuis l’ancien campement d’Ivry. Cela était non négociable et nous avons pris la décision en inter assos d’accepter, d’informer les jeunes et de nous organiser pour qu’aucun ne reste dehors.

Le rendez-vous était à 5h30 place du palais royal. « Debout les garçons, on y va là on prend ses affaires pour aller prendre les bus…»

Aberrant de devoir retourner sur un campement qui n’existe plus depuis vendredi. Probablement que cette mise en lumière sur la prestigieuse place parisienne a accéléré les choses.

Cette mise en lumière a fait venir les médias, plein de personnes sont arrivées les bras chargés de choses à donner.

Les jeunes n’étaient plus invisibles sous les ponts, entourés, soutenus et ça, ça change tout pour eux. On ne comprend pas que les institutions soient restées silencieuses aussi longtemps d’autant plus avec des conditions climatiques si critiques. Mais ils ont été très courageux. Alors hier soir, à l’annonce de la nouvelle, il y a eu des cris de soulagements de la fin du cauchemar et des applaudissements comme s’ils venaient de gagner une victoire !

Cela n’en reste pas moins hallucinant d’avoir à se féliciter d’avoir gagné le droit de ne plus dormir dehors et pas moins hallucinant de devoir retourner sur les lieux de leur enfer…

Il était surement trop compliqué pour l’image du gouvernement de venir devant le conseil d’Etat.

On a déménagé à plus de 300 dès 5h30 du matin et encore une fois, ces jeunes au courage exemplaire se sont mis en file indienne avec l’espoir de quitter pour de bon l’enfer de la rue.

Ils sont montés dans les bus vers des destinations inconnues…

Nous avions fait et transmis une liste pour préciser des situations particulières, étions là pour aider pour une répartition intelligente: jeunes scolarisés à Paris, malades devant rester proches de leurs soins hospitaliers… Cette liste n’a servi à rien. Objectif remplir les bus le plus vite possible sans rien demander ni chercher à savoir !

Les jeunes sont arrivés dans des centres d’accueil d’examen de situations (caes) pour demandeurs d’asiles aux quatre coins de la très grande Ile-de-France, un gymnase à Ivry…

Ce n’est pas, une fois encore des solutions adaptées à ces mineurs !

Disons qu’ils sont au chaud et que le combat continue…

Nous allons donc suivre de très près l’après.

Restons aux côtés de ces jeunes que nous accompagnons dans leurs démarches et dont nous prenons soins.

Palais Royal et le campement de « liberté » n’existent plus. 

Merci infiniment à toutes et tous pour votre soutien et votre générosité.

Dès demain, nous reprenons nos distributions, rencontrerons de nouveaux jeunes à la rue, et avons toujours grandement besoin de vous.

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Les Midis du MIE - le 2 décembre 2022

EN COURS - PLACE DU PALAIS ROYAL

Au côté d’associations, plus de 300 adolescents à la rue s’installent pacifiquement sous tentes devant le Conseil d’État

Vendredi 2 décembre 2022

Depuis six mois, des centaines d’adolescents étrangers survivent sous les ponts à Ivry-sur-Seine, à la périphérie de Paris. Puisque cette crise humanitaire rencontre le silence des autorités en se tenant à Ivry-sur-Seine, associations et jeunes décident de se déplacer devant le Conseil d’État afin de visibiliser cette situation et accéder à des hébergements d’urgence en Ile-de-France. Depuis le 10 juin dernier, où de premiers jeunes se sont retrouvés entre les berges de Seine et une départementale, faute de mieux, le campement n’a cessé de s’étendre. À chaque refus prononcé par les Départements quant à leur minorité, ces jeunes sont remis à la rue. Tous pourtant ont entamé une procédure de recours devant le juge des enfants. Les associations ont transmis le 15 novembre à la préfecture d’Ile-de-France une liste de près de 500 jeunes en situation d’errance.

Depuis six mois, des associations, la mairie d’Ivry-sur-Seine et de nombreux députés ont alerté par courrier les préfectures du val de Marne et d’Ile-de-France. Une manifestation a eu lieu le 9 novembre devant la préfecture du Val de Marne. Depuis des mois, nos associations demandent à échanger avec Charlotte Caubel, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, ce qu’elle a toujours refusé jusqu’à maintenant. Aucune solution concrète n’a été avancée en tentant la voie du dialogue avec les autorités publiques.

Les associations Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde et la Croix-Rouge, ont alerté à plusieurs reprises l’Agence régionale de santé quant à la détresse psychique et physique des jeunes, faisant état d’une situation alarmante. Les pathologies identifiées sont la conséquence directe de la vie à la rue, de la précarité et des mauvaises conditions d’hygiène. Il est impossible de soigner ces jeunes, sans intervenir sur leur environnement.

Les températures proches de 0°C de ces derniers jours viennent aggraver la situation. Certains jeunes n’ont ni chaussures fermées, ni manteaux. La présence de cinq toilettes de chantier et l’installation il y a deux semaines de 6 robinets d’eau ne respectent même pas, à moins d’1km de Paris, les normes sanitaires du Haut Commissariat aux Réfugiés, permettant un minimum de dignité.

Parmi les jeunes ayant survécu sur ce campement , au moins 116 ont finalement été reconnus mineurs et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Ces 116 jeunes ont passé plusieurs semaines ou mois dans des conditions terribles, avant que l’erreur faite lors de leur évaluation ne soit finalement reconnue. Pour tous les autres, les procédures sont en cours et l’État continue d’abandonner consciemment des enfants à la rue, sans aucune ressource. Dans le même temps, une enquête de la commission des droits de l’enfants de l’ONU a été ouverte concernant le traitement par la France des mineurs non accompagnés.

Associations et jeunes, n’ont plus d’autres moyens que de manifester pacifiquement cette détresse afin d’accéder à des solutions d’hébergement et un accompagnement adapté. Parallèlement et dans le but de mettre définitivement fin à ces situations, associations et députés demandent à nouveaux la reconnaissance de la présomption de minorité telle qu’édictée dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

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Les Midis du MIE - le 1 décembre 2022

96%

DES JEUNES SUIVIS PAR LES MIDIS DU MIE

RECONNUS MINEURS

Ces chiffres interrogent les départements sur le pourquoi des centaines d’adolescents mineurs survivent dans des conditions indignes dans le campement de « Liberté » ?

*Voir tableau joint

Du 1 septembre 2021 à fin novembre 2022, Les Midis du MIE, ont accompagné 230 mineurs isolés dans leur reconnaissance de minorité devant un juge des enfants, principalement du 75, 93 et 94.

- 115 jeunes ont été audiencés, en première instance pour la grande majorité ou en appel ; 100, soit 96% ont été placés à L’ASE, ce qui veut dire qu’ils ont été reconnus mineur. 5 ont été rejetés, au bout de leur procédure.

- 115 sont encore en attente d’une audience, dont un nombre important sont sur le campement de Liberté.

En France, les départements (avec de grandes disparités) évaluent mineurs environ 20% des jeunes qui se présentent et environ 50% d’entre-deux sont finalement reconnus mineurs après leur recours (1 à 18 mois) ; mais avec un accompagnement adapté, nous atteignons des résultats beaucoup plus important : 96% pour Les Midis du MIE.

Car mineurs, ils le sont pour la plupart, et arrivent à le prouver, avec l’aide d’une association pour faire venir leurs papiers du pays d’origine, effectuer les démarches consulaires, obtenir des attestations … Malheureusement, les associations sont débordées et les bénévoles pas assez nombreux, et une part de ceux rejetés n’ont pas eu accès à ce soutien. Quelle injustice !

Au-delà de l’inhumanité engendrée par ces évaluations départementales à charge (en partie pour se soustraire au coût afférent), des périls encourus par la société en terme d’hygiène et de sécurité avec des mineurs de 14 à 17 ans confrontés à tous les dangers de la rue, le calcul économique paraît erroné, puisque ces mêmes départements, sont obligés, suite à une décision de justice, de finalement les prendre en charge. Quel gâchis !

Depuis six mois dans le campement insalubre de « Liberté », à Ivry sur Seine, coincé entre une autoroute et la Seine, loin des regards, s’entassent des adolescents dans l’extrême précarité, la faim, le froid, les maladies ... Et cela, en pleine connaissance de cause des départements, notamment de la ville de Paris … ce sont eux qui les ont rejetés à la rue.

Les Midis du MIE demandent une prise en charge inconditionnelle des mineurs isolés, dès leur arrivée en France, le temps qu’ils puissent faire valoir leurs droits.

Une mise à l’abri immédiate des jeunes du campement d’Ivry sur Seine. Ils y sont en très grand danger, survivent entre les rats et la galle. Chaque jour nous redoutons l’annonce d’un drame. Ça a assez duré !

Il y a urgence vitale à les protéger !

URGENCE ABSOLUE D’UNE MISE A L’ABRI DU CAMPEMENT D’IVRY

DU RESPECT DE LA PRÉSOMPTION DE MINORITÉ !

96% !

Illustration 1
© Les Midis du Mie

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