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Billet de blog 8 février 2023

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« Sommes-nous perdus ? » « Non, Jaineba... nous allons juste mourir... »

Texte de Lorenzo Rossomandi - cf. Méditerranée centrale : le nouveau décret des autorités italiennes entrave les efforts de sauvetage en mer et entraînera davantage de morts - (communiqué de presse de Médecin Sans Frontière)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

«Moustpha, ho freddo!»

«Anch’io Jaineba»

«Moriremo?»

«Temo di sì»

«Sta entrando ancora acqua, vero?»

«Sì, Jaineba…»

«Il piccolo dorme. Sento le braccia che mi dolgono»

«Se vuoi lo tengo un po’ io in braccio»

«Non ancora… se deve succedere voglio andarmene abbracciata a lui»

«Ti voglio bene, Jaineba»

«Moustpha! Lo senti anche tu?»

«Un battello! Sì…sì… Siiiii. Siamo salvi»

«Voglio pregare, voglio ringraziare Dio!»

«No! Gridiamo insieme! Gridate tutti. Siamo più di cento. Facciamoci sentire!»

«Ci hanno visto! Stanno arrivando! Siamo salvi!»

«Salve a voi. Purtroppo non possiamo procedere al vostro salvataggio».

«Cosa sta dicendo, Moustpha? Non capisco la sua lingua»

«Dicono che non ci possono prendere a bordo, Jaineba…

Ehi, capitano!…Non potete lasciarci qui! Moriremo!»

«Ci dispiace, dobbiamo farlo. Abbiamo appena terminato un salvataggio e stiamo facendo rotta verso il porto assegnatoci»

«Prendete almeno i bambini. Salvate i nostri figli!»

«Siamo spiacenti, ma non ci è consentito dalle leggi italiane che prevedono di non poter effettuare più di un salvataggio alla volta»

«Fa freddo, capitano, abbiamo già due nostri fratelli morti a bordo e questo gommone sta imbarcando acqua. Affonderemo entro mezz’ora!»

«Abbiamo lanciato un SOS e una nave della guardia costiera italiana sta facendo rotta verso di voi. Arriverà tra due ore circa»

«Tra due ore saremo già morti tutti! Perché ci fate questo? Cosa ci guadagnate?»

«Il nostro governo è convinto che così facendo faremo ridurre le partenze e salveremo molte vite».

«…non le nostre!»

«Già! …non le vostre… vi auguro buona fortuna…»

«No! Capitano! No! Fermi! Moriremo! Ehi, ehi…ehiiiiii…»

«Moustpha, ho freddo!»

«Anch’io Jaineba»

«Siamo perduti?»

«No, Jaineba… “perduti" sono già quelli che hanno fatto questa legge disumana e chi la rispetta…

Noi moriremo e basta…»

© Lorenzo Rossomandi

-_-_-_-_-_-

«Moustpha, j’ai froid ! »

« Moi aussi, Jaineba »

« Allons-nous mourir ? »

« Je crains que oui »

« Il y a encore de l’eau qui entre, non ? »

« Oui, Jaineba... »

« Le petit dort. Mes bras me font mal »

« Si tu veux, je le tiens un peu »

« Pas encore... si cela doit arriver, je veux partir enlacée à lui »

« Je t’aime, Jaineba »

«Moustpha! Tu le sens aussi ? »

« Un bateau ! Oui... oui... Ouiiiii. Nous sommes sauvés »

« Je veux prier, je veux remercier Dieu ! »

« Non ! Crions ensemble ! Criez tous. Nous sommes plus de cent. Faisons-nous entendre !»

« Ils nous ont vus ! Ils arrivent ! Nous sommes sauvés »

« Bonjour à vous. Malheureusement, nous ne pouvons pas procéder à votre sauvetage ».

« Que dit-il, Moustpha ? Je ne comprends pas sa langue »

« Ils disent qu’ils ne peuvent pas nous prendre à bord, Jaineba...

Eh, Capitaine... Vous ne pouvez pas nous laisser ici ! On va mourir. »

« Nous sommes désolés, nous devons le faire. Nous venons de terminer un sauvetage et nous faisons route vers le port qui nous est assigné »

« Prenez au moins les enfants. Sauvez nos enfants ! »

« C'est affligeant, mais nous ne sommes pas autorisés par les lois italiennes qui prévoient qu'on ne peut effectuer plus d’un sauvetage à la fois »

« Il fait froid, capitaine, nous avons déjà deux de nos frères morts à bord et ce bateau est en train de prendre l’eau. Nous coulerons dans une demi-heure ! »

« Nous avons lancé un SOS et un bateau des Gardes-côtes italiens fait route vers vous. Il arrivera dans environ deux heures »

« Dans deux heures, nous serons tous morts ! Pourquoi faites-vous cela ? Qu’est-ce que vous y gagnez ? »

« Notre gouvernement est convaincu que ce faisant, nous réduirons les départs et sauverons de nombreuses vies ».

« ... Pas les nôtres »

« Oui ! ... pas les vôtres... je vous souhaite bonne chance... »

« Non ! Capitaine ! Non ! Stop ! Nous allons mourir ! Hé, hé... ehiiiiii... »

«Moustpha, j’ai froid ! » « Moi aussi, Jaineba »

« Sommes-nous perdus ? »

« Non, Jaineba... "perdus" le sont ceux qui ont fait cette loi inhumaine et qui la respectent... Nous, nous allons juste mourir... »

-_-_-_-_-_-

Médecins Sans Frontières, 5 janvier 2023

Méditerranée centrale :

le nouveau décret des autorités italiennes

entrave les efforts de sauvetage en mer

et entraînera davantage de morts

Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres organisations civiles engagées dans des activités de recherche et de sauvetage (SAR) en Méditerranée centrale, expriment leurs plus vives inquiétudes concernant l'énième tentative d'un gouvernement européen d'entraver l'assistance aux personnes en détresse en mer. Un nouveau décret-loi, signé par le président italien le 2 janvier 2023, réduira les capacités de sauvetage en mer et rendra ainsi la Méditerranée centrale, l'une des routes migratoires les plus meurtrières au monde, encore plus dangereuse.

.../... 

Entre autres règles, le gouvernement italien demande désormais aux navires de secours civils de se rendre immédiatement en Italie après chaque sauvetage. Cela retardera les autres opérations de sauvetage, les navires effectuant généralement plusieurs sauvetages d’affilée. Le fait d'ordonner aux ONG de recherche et de sauvetage de se rendre immédiatement dans un port, alors que d'autres personnes sont en détresse en mer, va à l'encontre de l'obligation du capitaine de porter immédiatement assistance aux personnes en détresse, telle qu'elle est inscrite dans la CNUDM.

Cet élément du décret est aggravé par la récente politique du gouvernement italien consistant à désigner plus fréquemment des ports de débarquement plus éloignés, qui peuvent se trouver jusqu'à quatre jours de navigation de la position des navires.

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