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Avis aux voisins européens qui passez par Nice ...si vous avez la peau foncée

Parti de Milan, à destination de l'Espagne avec FlixBus, on refuse à Nice qu'il poursuive son voyage faute de passeport : un jeune homme Italien de 24 ans (mais né au Chili et à la peau foncée) a été renvoyé en Italie car on a exigé à Nice lors d'une correspondance qu'il présente un passeport alors que selon les accords de Schengen sa carte d'identité suffisait.

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globalist.it - 8 juin 2018

 Le jeune homme a été adopté tout petit dans une famille lombarde, il a une carte d'identité italienne mais nonobstant les règles de Schengen il a été arrêté en France.

Italien mais né au Chili et à la peau sombre renvoyé à Nice

 Cette lettre a été publiée il y a quelques jours dans (le journal en ligne) Varese News. Elle raconte l’odyssée de Luis Enrique, 24 ans, citoyen italien résidant avec sa famille à Varese qui a du renoncer à rejoindre son nouveau poste de travail en Espagne en autobus, en traversant la France, parce que un décret* du préfet de Nice demande la présentation d’un passeport pour les voyageurs en transit. Luis Enrique était en possession d’une carte d’identité comme prévu par le traité de Schengen. Mais cela n’a pas suffit. Le jeune homme est né au Chili, mais a été adopté tout petit par une famille de Varese dans laquelle il vit avec son frère Manuel. L’auteur de la lettre est Vito Fucilli, père du jeune homme. Une lettre qui fait réfléchir parce que sur la base de la couleur de la peau, de traits physiques, les règles cessent d’être ce qu’elles sont et deviennent des vexations.

Monsieur le Directeur

Je veux vous raconter ce qu’à vécu mon fils Luis Enrique de 24 ans qui, devant se rendre à Barcelone pour son travail, a décidé de réserver le voyage avec l’entreprise Flixbus. Après avoir embarqué à Milan avec le billet en état de validité et muni de ses papiers d’identités il est arrivé à Nice dans la soirée, où les passagers étaient attendus pour changer de bus. Quand Luis Enrique est monté, le chauffeur a exigé avec le billet de voir le passeport. À ce moment là mon fils a montré sa carte d’identité délivrée par la commune de Varese, la même qu’il avait présenté au moment de l’embarquement (à Milan), mais le chauffeur lui a dit que ce n’était pas suffisant car le préfet de Nice avait fait un décret imposant aux personnes en transit dans la ville de présenter un passeport.

Afin de mieux comprendre ce qui se passait nous avons d’abord appelé le numéro vert du ministère des affaires étrangères, sans résultat, e immédiatement après le consulat (d’Italie) à Nice qui a répondu un peu gêné seulement au terme de nombreuses tentatives, en confirmant l’existence de ce décret.

De ce fait mon fils a du renoncer à poursuivre son voyage et rentrer Italie. Une fois à la maison, il est reparti en avion pour Barcelone avec la carte d’identité, la même refusée à Nice, sans aucun problèmes.

 Je précise que Luis Enrique, ainsi que son frère Manuel, est chilien et a été adopté tout petit. Il a étudié, a grandi à Varese et a la nationalité italienne. Mon sentiment est qu’il a été l’objet d’une discrimination ou peu s’en faut par l’application volontairement rigide de ce décret. Je fais cette supposition parce que quand bien même le traité de Schengen, qui autorise la libre circulation des personnes des états de la communauté européenne, aurait été suspendu par certains pays de l’Union, mon fils était en possession de documents d’identité valides délivrés par l’État italien qui entre autre est un des fondateurs de l’Union Européenne. Et aussi : le chauffeur qui a fait le « check-in » à Milan, est-il possible qu’il ignorait ce qui se serait ensuite passé à Nice ? Aussi depuis quand un décret prévaut sur un traité européen ?

L’entreprise de voyage à qui nous avons demandé le remboursement du billet et des frais encourus pour rentrer en Italie a répondu négativement, alléguant que «  le passager est l’unique responsable du respect de toutes les lois et règlements relatives aux papiers d’identité et aux identifications nécessaires au passage de la frontière, ainsi qu’au norme en matière de visas, valeurs, douanières et sanitaires. Flixbus ne peut être en rien tenu responsable pour des désagréments consécutifs à un manque de respect de ces lois et règlement par le passager » .

Qui remboursera mon fils des dépenses supportée mais surtout qui lui remboursera de sa dignité de citoyen italien non reconnue par les français ?

* S’agissant tel que présenté dans l'article d'une décision administrative,  j'ai traduit le terme "ordinanza" par celui de décret, le terme ordonnance en France correspondant à des décisions judiciaires.

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